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mercredi 29 novembre 2006

Le MCS du jour

MCS, c'est un peu comme le slogan des Pringles, on n'arrive pas à s'arrêter, tant le feuilleton est entretenu.

L'archicube David F. (L'89 disait Baptiste dans les commentaires) a un article dans le Canard enchaîné d'aujourd'hui (dernière page cette fois) "Ethique nerveuse" (après le plus bonapartiste "La hussarde sur le toit d'Ulm" ou je ne sais plus quoi). Il rappelle que la Directrice MCS est sous "tutelle" du Conseil d'administration après la réunion du lundi 20 novembre qui a dû être houleuse (voir le compte-rendu expurgé à la demande de l'intéressée) et qui a conduit à de nombreuses commissions ad hoc pour encadrer ces négociations (commission des finances pour éviter la mise sous tutelle sous Bercy, commission de suivi des partenariats institutionnels, groupe de travail sur le contrat quadriennal 2006-2009, commission de suivi du diplôme de l’ENS et groupe de travail sur le financement des bibliothèques).

Robien, le ministre de l'Education, aurait invité MCS le mercredi 22 novembre dernier et lui laisserait jusqu'à la rentrée de janvier pour rétablir sinon la confiance des dix Directeurs de départements littéraires au moins le calme.

Mais la partie la plus étrange à la fin de l'article du Canard est l'allusion à des procès en cours qui n'ose pas se faire complètement ouvertement, comme une sourde menace.

On se gardera d'en écrire plus, car cette grande spécialiste d'éthique n'hésite jamais à menancer d'un procès en diffamation ses détracteurs, surtout s'ils s'en tiennent à la stricte vérité. Ainsi à propos de sa nomination par l'Elysée en novembre 2005, elle a intimidé les profs qui osaient répéter qu'elle avait été classée deuxième par le conseil consultatif chargé d'évaluer les candidatures à la direction. Pourtant, les faits sont là : lors de la séance du 25 octobre 2005, sur les 17 présents, la candidature de MCS a recueilli 10 voix, contre 11 à son concurrent Gabriel Ruget, le directeur sortant. Et pire, elle a écopé de 5 votes de défiance, contre 2 seulement envers Ruget.

Il n'est peut-être pas si grave qu'elle reste pour son quinquennat complet (2005-2010) si elle s'en tenait à des actes de représentation et de (comme on dit désormais) "levées de fonds" (fund-raising). Mais qui sait si l'entourage de Mme Royal compte assez de lobbies normaliens (contrairement à la Cour de Fabius) pour transmettre ces questions après mai 2007 ? Et dispose-t-elle vraiment de soutiens auprès des DSKistes ?

De l'insoutenable inconvénient d'être né

Et après cela, on va dire que c'est moi qui suis pessimiste.

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mardi 28 novembre 2006

Manchot-impérialisme

Notre plan diabolique de conquête de la planète par les manchots (aptenodytes totalitarius) continuait silencieusement avec l'aide de nos oiseaux à Hollywood, et même la complicité des conservateurs qui croyaient contre toute évidence que notre édition expurgée de la Marche de l'Empereur était une parabole anti-évolutionniste.

Mais hélas, ça y est notre complot est dévoilé par les observateurs si perspicaces de RedState (via) sur le film Happy Feet :

inhuman (or at least, anti-human) environmental propaganda wrapped in the veneer of a kids' movie is not the best way to spend a Saturday afternoon with the family.

Oui, ce dessin animé est vraiment du Leni Riefenstahl antarctique, la Barbarie à bec inhumain.

samedi 25 novembre 2006

Land-Art

Un grand échec de marketing Zorglubien en Zorglangue. On ignore si les ventes ont augmenté chez les dyslexiques. La compagnie KFC a en ce moment une campagne française qui semble vanter une clientèle avant tout suédoise, ce qui est un signe spectaculaire de déni de leurs origines sudistes et des analogies sociologiques que cela semble avoir dans les franchises françaises - voir en revanche leur page de recrutement plus cyniquement réaliste dans la répartition des communautés au poste de direction et dans les emplois "polyvalents".
KFC a voulu aussi plaire sur Google Earth, par une mosaïque géante avec des milliers de briques dans le Névada, dans une genre Kim Jong Il (voir aussi leur publicité chinoise où la maostalgie réaliste-socialiste semble encore être un argument de vente, et le Norman Rockwell chez les Rednecks).


Et puisqu'on parle d'apophénies dans le genre de l'Idole de Cydonia, il y a un vrai paysage qui semble être une Gaïa ou une autochtone semant à tout vent, quelque part entre la Province d'Alberta et le Saskatchewan : Le visage canadien (via).

mercredi 22 novembre 2006

mcs (suite-suite)

On va un peu arrêter de parler de trucs qui n'intéressent que peu de gens mais juste pour être un peu complet, il y a eu à nouveau un article dans le Canard enchaîné sur la Directrice de l'ENS. L'article mentionne que la motion de défiance des enseignants a eu le score de 57 voix sur 70. La Direction aurait été mise sous la tutelle du conseiller d'État Jean-Claude Mallet, le président du conseil d'administration qui dit devoir "l'encadrer" jusqu'à la Présidentielle. L'opération des élèves portant des masques blancs était étrange comme il n'y a pas de "Vermummungsverbot".

Je ne vais recopier qu'une douzaine de lignes de la page 2, ce qui est, je crois, le maximum légal (est-ce une légende urbaine ?) :

Une cascade de démissions avait déjà salué, en novembre 2005, la nomination de Canto-Sperber, due à un efficace coup de piston de la conseillère élyséenne Blandine Kriegel, passant outre l'avis de la Comission ad hoc. Ainsi s'étaient retirés les présidents du conseil d'administration et du conseil scientifique. Reconnaissante, MCS s'était dépêchée de renvoyer l'ascenseur en nommant la présidence de la Fondation de l'ENS Alexandre Adler. Lequel n'est autre que le mari, à la ville, de son "amie de 30 ans", Blandine Kriegel, la conseillère de l'Elysée".

Elle a encore des soutiens comme les Départements scientifiques qui ont l'air de peu se soucier de sa politique, et son Directeur adjoint Jean-Charles Darmon - dont elle aurait dit qu'il était son "erreur de casting", ce qui doit bien exprimer sa capacité à bruler les ponts avec ses rares alliés.

Le problème actuel n'est plus vraiment l'imposition de frais d'inscription pour les lecteurs de la Bibliothèque - même s'ils sont trop élevés - mais aussi le fait qu'elle accepte (ce qu'elle n'est pas obligée de faire) de rendre public au moins une version censurée du rapport de l'Inspection des finances.

Toutes les universités et institutions assimilées peuvent fonctionner dans une certaine opacité mais sans exiger la transparence totale, il serait bon que cette administration qui semble dépassée fasse un peu plus attention. La Direction actuelle semble avoir une étrange conception de ses privilèges s'il est vrai, comme le dit l'une des nombreuses rumeurs, qu'elle s'est attribué non pas un appartement de fonction - ce qui serait son droit même si son prédécesseur s'en était passé - mais deux, un rue d'Ulm, l'autre boulevard Jourdan, et qu'elle fait rénover ces appartements au moment où elle refuse des crédits plus urgents à la Bibliothèque.

lundi 20 novembre 2006

Doxa tou chronou

J'ai du mal à interpréter cette nouvelle de Dan Simmons d'avril dernier.

Si vous avez la flemme de le lire, pour résumer sans trop spoiler la chute (ultra-prévisible), le Narrateur est un libéral normal (il dit qu'il a voté pour Kerry, qu'il n'aime pas Bush et la Guerre en Irak, que tout le monde en est lassé) qui reçoit la visite d'un Voyageur Temporel. Celui-ci lui explique en gros que toutes les théories les plus extrêmes, plus oriana-fallaciesque ou little-green-footballsesque que Néo-Cons, ont été confirmées dans un Futur Proche et qu'il y a une Guerre de civilisation non pas seulement contre des formes de théocratie particulière mais contre toute la religion en question.

Simmons a un style sans intérêt mais un dialogisme intéressant où le Narrateur trouve les théories ridicules ("Of all the time travelers in all the gin joints in all the world, I get this racist, xenophobic, right-wing asshole") pour arriver finalement au malaise de leur confirmation (y compris les éléments les plus bizarres comme l'idée que la Guerre Globale contre la Terreur aurait commencé avec le Palestinien - Chrétien maronite au fait - Sirhan Sirhan).

Mais ensuite il ajoute une Bibliographie assez pompeuse dans un style qui rappellerait les moments les plus pédants de Michael Crichton ou de Victor Davis Hanson ("Thucydide prouve qu'il faut soutenir la suspension des droits à Guantanamo"). Et la Bibliographie mentionne comme une autorité le thème de l'Eurabie, While Europe Slept: How Radical Islam Is Destroying the West from Within de Bruce Bawer (ex-libéral devenu après le 11/09 une sorte de Pim Fortuyn américain républicain).

D'où j'imagine l'argument du fin Jim Henley et de Farrell, selon lesquels la nouvelle doit bien être prise au premier degré, comme un manifeste et non pas seulement un paradoxe ou une parodie.

Mais d'un autre côté ce message de Simmons a l'air de remettre en cause au moins en partie l'idée que ce serait autre chose qu'un jeu de contrefactuels et d'hypothèses à ne pas prendre trop au sérieux. Il y cite favorablement David Brooks (l'éditorialiste républicain qui prétend toujours être "au dessus des partis" alors qu'il défend généralement avec un peu plus de mauvaise foi les mêmes arguments que les autres conservateurs), ce qui est un symptome classique de Républicain honteux. Et c'est en cela que Simmons, malgré toute sa lourdeur didactique réussit quand même ici à être un peu ambigu - même si on voulait analyser une intention unilatérale de propagande dans la nouvelle.

Je n'imagine pas un Pournelle jouer sur de tels registres décalés (de même que je crains que si Poul Anderson vivait encore, il écrirait des articles pour soutenir Bush comme presque tous les pseudo-libertariens).

A part cela ça n'a rien à voir, mais je suis tombé par hasard sur la première idée de voyage dans le temps régressif (alors que je supposais qu'il n'y en avait pas avant la spatialisation du temps au XIXe siècle) : le De divina omnipotentia de Pietro Damiani (Pierre Damien) au XIe siècle, où il dit que même aujourd'hui Dieu pourrait faire que Rome ne soit pas fondée s'il le voulait. C'est le premier paradoxe temporel que je connaisse dans la réversibilité du passé (même s'il n'y a pas de "voyage" puisque Dieu est en dehors du temps), bien avant H.G. Wells (et si on néglige les paradoxes de la scientia media où Dieu peut aussi connaître les possibles qu'il n'actualisera pas). En ce cas, l'éternité est donc déjà un concept qui aurait pu faire surgir ces paradoxes avant l'idée d'une quatrième dimension.

Add. : Cela dit, il existe bien pire encore que ce machin de Simmons : l'ignoble Orson Scott Card, dont le dernier roman est l'épopée de héros des Etats républicains luttant contre des gauchistes qui ont pris le pouvoir aux USA après l'assassinat du Président (voir aussi SadlyNo et Lemieux). Il y explique que les undergrads de Princeton sont trop à gauche, ce qui est une des choses les plus amusantes qu'on puisse lire (qu'aurait-il dit dans une fac vraiment plus à gauche comme Berkeley ou Brown ?).

vendredi 17 novembre 2006

Les institutions meurent aussi (?)



Quelques informations récentes sur l'affaire de l'Ecole normale supérieure.

Réunie à l'appel de ses représentants élus au CA et au CS, l'AG des enseignants, chercheurs et personnels des bibliothèques a réuni une centaine de personnes (j'ai compté 90 présents, il y a eu des allées et venues). Il y avait 70 votants (ceux ayant un droit de vote en CA/CS, compris certains d'autres collèges, mais pas beaucoup --  pour comparer, les mails envoyés par la direction aux enseignants littéraires ont un peu moins de 90 destinataires) :

- L'AG demande l'annulation des décisions prises au CA du 16 octobre (afin qu'un débat se déroule, plutôt que pour contester sur le fond ces décisions) : 1 abstention, 69 pour

- Soutien aux directeurs des départements, directeurs des études démissionnaires, collectif des personnels des bibliothèques et représentants élus : 1 abstention, 1 contre, 68 pour

- Motion de défiance à l'égard de la Directrice de l'ENS : 5 contre, 8 abst, 57 pour
Ces 13 abst/contre étant très majoritairement dus à une opposition sur la formulation : certains voulaient "direction" et non "directrice" pour ne pas personnaliser les débats, les autres préférant voter explicitement contre la Directrice afin que celle-ci ne puisse trouver d'échappatoire en se déchargeant sur les directeurs adjoints (habituels boucs émissaires).

Au cours de la réunion, une lecture de lettre hallucinante a confirmé que pendant la crise, les affaires continuent : il y était question de convoquer une commission de spécialistes afin d'examiner un seul dossier de candidature à un poste mystérieux dont personne n'avait entendu parler ; pour ceux qui ne sont pas du milieu (il y en a encore à ce niveau de la note ?), toutes les nominations universitaires doivent passer devant une commission de spécialistes : personne ne peut être nommé, on ne peut qu'être élu.

Pas d'apaisement en vue, donc. Au contraire : au fur et à mesure que les langues se délient, chaque jour apporte son lot de nouveaux abîmes.

À suivre donc : on n'en est pas encore au Seuil de Campbell. Cette affaire est passionnante, quoiqu'épuisante, à vivre de l'intérieur. En particulier par les tâtonnements de ceux qui participent à ce mouvement à l'intérieur de l'Ecole : c'est vraiment le collectif des bras cassés -- ce qui n'est pas forcément le cas de ceux, plus à l'extérieur, que n'occupe qu'une seule question. Aucun réflexe, aucune expérience d'une telle mobilisation ; pas non plus de mystérieux réseau dormant. Même les nombreux contacts noués ces jours-ci, notamment du côté des ministères, ne sont jamais que des contacts individuels, fondés sur le hasard des liens personnels (mais peut-être n'en sont-ils que plus efficaces ?). On ne s'amuse pas : un tel mouvement est non seulement inédit, mais grave.

Étape suivante (sur l'air des lampions) : les scientifiques avec nous !

La Guerre des Cadres

Une des choses qui me fait le plus rire dans la figure tutélaire de Ségolène Royal en nouvelle Marianne et Passionaria du PS est à quel point elle pourrait correspondre à certaines intuitions de la "théorie" dite des "cadres (il y a une traduction canonique de "Framing" ?) de George Lakoff, qui voit la Gauche contemporaine sous une figure "féminine" et "maternelle" (en caricaturant une simplification d'un schéma, comme on le corrigera plus bas).

Or (ceci est une tentative de faire croire qu'il y a une transition), il y a pas mal de polémiques amusantes à ce sujet en ce moment.

Lakoff, qui a 66 ans, fut au départ un linguiste, un étudiant rebelle de Chomsky qui participa contre le modèle dominant de Grammaire transformationnelle au mouvement de la "Sémantique générative", dans ce qu'on a appelé la Guerre des Linguistiques.

Puis il est passé de ce programme de sémantique [qui ne me semble pas vraiment l'avoir emporté] à des thèses plus générales sur la psychologie cognitive (ou "linguistique "cognitive", assez différente du programme dominant dans le cognitivisme computationnel classique) et le rôle de nos métaphores et de notre corps propre dans notre langage et dans nos représentations.

Récemment, il a écrit sur le rôle des "cadres" (Frames) du point de vue politique, étudiant comment des cadres généraux implicites joueraient un rôle central dans nos évaluations et nos débats.

Le modèle simple auquel il était arrivé était que l'opposition droite-gauche recoupait désormais un modèle "familial" simple, le "Père Strict" contre "le Parent Protecteur" (en fait "Nurturant", pas facile à traduire, "nourissante et formatrice", la nurture étant la culture, l'éducation et pas seulement le Soin). Lakoff est un liberal modéré (contrairement à l'anarcho-syndicaliste Chomsky) et il dit vouloir aider la gauche en "vendant" ses idées dans des cadres optimaux. Il participe même à une Fondation qui cherche à affuter ces cadres pour le Parti démocrate.

Toute critique de cette théorie peut s'appuyer sur les nombreuses notes de Mixing Memory, un des meilleurs blogs de psychologie cognitive qui est souvent revenu sur les problèmes des cadres et des "métaphores conceptuelles".

Récemment, le linguiste innéiste Steven Pinker (qui est sur certains points un hyper-chomskyen, même s'il est encore plus attaché à un programme naturaliste et une explication évolutionniste que les Chomskyens orthodoxes) a écrit une recension très critique contre les idées de recadrage des métaphores.

Il ironise sur l'image même du "Parent Protecteur" :

The metaphors in our language imply that the nurturing parent should be a mother, beginning with "nurture" itself, which comes from the same root as "to nurse." Just think of the difference in meaning between "to mother a child" and "to father a child"! The value that we sanctify next to apple pie is motherhood, not parenthood, and dictionaries list "caring" as one of the senses of "maternal" but not of "parental," to say nothing of "paternalistic," which means something else altogether. But it would be embarrassing if progressivism seemed to endorse the stereotype that women are more suited to nurturing children than men are, even if that is, by Lakoff's own logic, a "metaphor we live by." So political correctness trumps linguistics, and the counterpart to the strict father is an androgynous "nurturant parent."

Pinker n'a pas lu Chris, qui répondait déjà à cet argument et expliquait que le modèle incluait bien les deux parents - dans notre contexte français Ségolène et le référent-père Flanby.

Contrairement à la rumeur (qui vient de sa croisade en faveur de formes fortes de l'innéisme et donc de l'idée de Nature humaine), Pinker n'est pas un conservateur et il rappelle que s'il attaque Lakoff c'est en tant que Démocrate (certes modéré) qui se défie de ses analyses. Il renverse même toute l'analyse du cadrage en disant que ce sont les cadres mêmes de Lakoff qui deviendraient des cadres conservateurs et des cadeaux dont les Libéraux devraient se défier :

There is no shortage of things to criticize in the current administration. Corrupt, mendacious, incompetent, autocratic, reckless, hostile to science, and pathologically shortsighted, the Bush government has disenchanted even many conservatives. But it is not clear what is to be gained by analyzing these vices as the desired outcome of some coherent political philosophy, especially if it entails the implausible buffoon sketched by Lakoff. Nor does it seem profitable for the Democrats to brand themselves as the party that loves lawyers, taxes, and government regulation on principle, and that does not believe in free markets or individual discipline. Lakoff's faith in the power of euphemism to make these positions palatable to American voters is not justified by current cognitive science or brain science. I would not advise any politician to abandon traditional reason and logic for Lakoff's "higher rationality."

La réponse de Lakoff est encore plus dure et utilise la même technique d'inversion d'accusation, accusant Pinker d'être resté prisonnier d'un mécanisme du XVIIe siècle (alors que c'est la cible constante de Pinker), qu'il est justement victime d'anciens "cadres" périmés. Lakoff rappelle qu'il n'est pas un relativiste défendant une simple forme utilitaire de sophistique. Il ne cherche pas des euphémismes politiquement corrects mais des cadres plus adéquats pour mieux exprimer un même fond idéologique (encore une fois, cette explication se trouvait déjà chez Chris parmi les erreurs d'interprétation).

Le linguiste Geoffrey Nunberg - qui vient d'ailleurs de publier Talking Right: How Conservatives Turned Liberalism into a Tax-Raising, Latte-Drinking, Sushi-Eating, Volvo-Driving, New York Times-Reading, Body-Piercing, Hollywood-Loving, Left-Wing Freak Show est revenu plusieurs fois sur Lakoff.

Il racontait comment la droite attaque le Démocrate Lakoff comme un gauchiste chomskyen, par simple association biographique, alors que les Chomskyens et les Lakoffiens ne cessent de se taper dessus.

Mais surtout, Nunberg a un long article sur TNR (donc le même magazine démocrate modéré que Pinker) qui analyse à la fois la polémique entre Pinker et Lakoff et qui reforme de manière plus précise les critiques contre la théorie du cadrage de Lakoff .

[Pour défendre Lakoff pour une fois, Nunberg exagère en disant que l'affaire n'avait rien à voir avec toute une autre polémique récente sur les déterminismes sexuels, celle qui avait fait démissionner Monique Canto-Sperber un Directeur d'une célèbre institution universitaire, puisque c'est Pinker qui avait déjà attaqué Lakoff sur ce sujet. ]

Nunberg dit que les deux modèles du Père Strict et du Parent Protecteur sont une sorte d'idéal-type psychologique qui rapproche plus Lakoff du réductionnisme de Pinker qu'il ne le croit. Le problème dans les deux cas serait de ne pas tenir compte du fait qu'il y a des déterminismes sociaux qui ne dépendent pas uniquement de ces deux "pôles" psychologiques censés être présents en chacun de nous.

Un tel modèle "familial" risque de faire oublier des déterminations économiques, ce qui est justement ce qu'espèrent certains Conservateurs qui agitent le concept fumeux de "Guerre des Valeurs", nouvel épisode d'un Kuturkampf entre ascèse puritaine (les prétendues "valeurs familiales") contre casuistique, ou augustinisme versus un pélagianisme archétypal de la gauche.

Over the last few decades, the right has managed to reconfigure the polarities of American politics so that economic divisions are trumped by the bogus cultural distinctions of the "red-blue" divide, and in the process "liberal" and "conservative" have been redefined as opposing social styles or personality types, rather than as contrasting philosophies of government. Indeed, listening to the talk shows on Fox News, you might have the impression that the two sides are really distinct political genders. As it happens, that picture of an America riven into two distinct nations--"more divided than at any time since the Civil War," as people sometimes say--has no empirical reality for the mass of ordinary Americans, as researchers as politically diverse as Alan Wolfe and Morris Fiorina have shown at some length. But once you start thinking of liberals and conservatives as distinct kinds of people, divided by deep moral differences that grow out of their early family experience, then it's easy to fall into the hyper-moralizing rhetoric of political polarization.

[Attention, ici, on repasse à n'importe quoi sans rapport. ]

Et cela, en passant, est encore un problème récurrent chez ceux qui veulent justement critiquer certains excès libéraux-libertaires (c'est-à-dire "mai 68" dans les références françaises) mais finissent par ne plus parler que de ces éléments moraux ou la crise de la culture.

De même, le cadrage de Ségolène Royal peut gêner lorsqu'elle défend par exemple les centres encadrés par l'amée pour délinquants, par sa fonction de mère ("Je ferai(s) au pays ce que j'aurais fait pour mes enfants", variante certes nettement plus rassurante que la privatisation berlusconienne "Je ferai au pays ce que j'aurais fait avec mon empire kleptocratique").

Ce n'est peut-être qu'une simple dérive, mais cela revient à négliger que depuis à peu près les Politiques d'Aristote il y a 2300 ans on distingue en démocratie la sphère domestique de l'espace public du citoyen. Je ne dis pas que ce "paternalisme" (ou plutôt "matriarchisme") aille très loin ou qu'il fasse trop lire dans ces quelques fragments (il y aurait pour le coup du sexisme à prendre trop au sérieux cet essentialisme ségoliste). Il peut même être parfois efficace dans le message de "Protection sociale" dans notre crise du modèle européen mais il risque d'enfermer aussi dans l'oubli des autres domaines politiques.

Par ailleurs, Nicolas [en] d' AΨι a des commentaires plus sérieux sur les conceptions politiques de Royal sur "l'égalité réelle".

Le Parti Ségoliste

[contrainte : aucun jeu de mot sur "royal" dans le titre. Si. C'est possible.]

Finalement les sondages étaient à peu près corrects, ça nous change - si ce n'est sur le fait que DSK, 20,8%, ne dominait pas très clairement Fabius, 18,6%, soit 4000 voix sur 178 000 votants).

Ségolène Royal sera donc la candidate du PS, et elle n'est pas plus à droite que ne l'était Jacques Delors qui faillit être le candidat en 1995.

Avec un succès aussi élevé, il n'y a guère de possibilité de lipietzisation, de remplacement au cas où elle s'avérerait décevante. On ne peut donc même plus espérer, par exemple, de Flanby en vicaire providentiel (je ne parle même pas de Jospin). Elle a été majoritaire, au moins relativement, partout, sauf en Seine Maritime (et Mayotte) où Fabius fait 61%. L'unité du PS est donc assez facile à rétablir (même si Mélenchon a semblé prêt à quitter le parti).

Il y a plusieurs raisons de se satisfaire de ce choix :

  • Alain Duhamel est ridicule.

  • heu... ah, si, Duhamel est vraiment ridicule.

Mme Royal a quelques défauts comme le fait d'être une oratrice peu inspirée, Guillermo y a insisté (même si je crains que cet exemple puisse se retrouver chez les autres candidats, en fait chez tous y compris un phraseur comme Villepin). Mais elle peut faire du Judo avec ses faiblesses et les retourner parfois contre son adversaire. Il serait ironique que celle dont Sarkozy ne cachait pas qu'elle était celle qu'il espérait affronter soit en fait plus difficile à battre que des hommes plus expérimentés mais créant moins de "désir" qu'elle. De plus, comme le disait Chirac selon le Canard, le contexte l'aide, elle peut gagner, et elle pourra bien plus facilement incarner la rupture que M. Sarkozy, membre du gouvernement depuis 5 ans.

Certes, la prédiction pessimiste de Todd est sérieuse :

Pour moi, Ségolène Royal peut faire perdre la gauche. Parce qu'elle a un discours très à droite. (...) Or beaucoup d'électeurs se sont décrochés des idéologies traditionnelles. Les ouvriers sont allés au Front national, dans la foulée de l'effondrement du Parti communiste, de l'encadrement catholique. Les deux grands partis qui semblaient avoir survécu étaient le parti gaulliste - sentiment national, tempérament égalitaire hérité de la Révolution française - et puis la tradition socialiste. Nicolas Sarkozy est décroché de la tradition de droite française. Il n'est pas gaulliste. (...) Si vous prenez Ségolène Royal, c'est la symétrie. Prenez les jurys populaires. Elle se libère du logiciel républicain. Elle n'est plus socialiste, et l'on se demande par moments si elle est de gauche. Cela accentue le flottement d'une partie énorme du corps électoral.

S. Royal peut attirer les électeurs centristes au second tour contre Nicolas Sarkozy mais peut-elle suffisamment rassembler à gauche au premier ? La gauche a un réflexe de culpabilisation depuis 2002 [et il est déjà probable que quel que soit le résultat du premier tour on entendra pendant la soirée électorale "on n'a pas tiré les leçons du 21 avril" à la fois des Fabiusiens en embuscade et de la majorité "hollandiste" du Parti] mais il y aura quand même plusieurs candidatures de la gauche radicale et ce qui reste de "l'écologie politique". Une analyse paradoxale serait qu'ils jugent peut-être S.R. moins dangereuse pour eux qu'un social-démocrate plus orthodoxe et qu'ils pourraient donc la soutenir du bout des lèvres au nom des désistements "républicains", même si elle a plus insisté dans la continuité de sa carrière sur la corde "anti-libertaire" que le courant "anti-libéral".

mercredi 15 novembre 2006

MC-S, suite

La Bibliothèque de l'ENS a fermé l'emprunt des ouvrages et le personnel s'est mis en grève du zèle. Le Commissaire de la nouvelle exposition sur l'Affaire Dreyfus a démissionné à son tour, en refusant d'assister à l'inauguration aujourd'hui de l'exposition.

Tous les directeurs des Départements littéraires et la Directrice de la Bibliothèque ont publié le communiqué de presse suivant :

Les dix Directeurs des départements et bibliothèques littéraires de l’Ecole normale supérieure (Paris) ont adressé une lettre de démission collective à la Directrice de l’établissement (ci-dessous), Mme Canto-Sperber, le lundi 13 novembre.

Les signataires de cette démission entendent marquer leur désaccord profond avec les méthodes de gouvernement de Mme Canto-Sperber. Il s’agit d’une décision, grave et tout à fait inédite, des enseignants-chercheurs responsables de toutes les unités de formation et de recherche qui composent la partie « Lettres » de l’ENS, dont Mme Canto-Sperber affirmait, lors de sa nomination, qu’elle se donnait pour mission de lui redonner tout son lustre.

En réalité, depuis son entrée en fonction il y a un an, la Directrice de l’ENS, a certes obtenu un effort financier important de la part du Ministère de tutelle permettant à l’établissement de répondre à certains des défis de politique scientifique auxquels il est confronté, mais elle a aussi multiplié les initiatives et les décisions personnelles.

Les directeurs des départements et bibliothèques littéraires sont amenés à constater en outre que toutes ces décisions ont été prises sans concertation préalable, et souvent sans connaissance approfondie des dossiers.

Le malaise patent dans les départements et les services, dû à ce gouvernement chaotique, s’est aggravé au cours de ces dernières semaines : décision de tarifs élevés pour les lecteurs de la bibliothèque, contre l’avis du comité mandaté pour examiner cette question ; modalités d’application du nouveau diplôme ENS allant à l’encontre des engagements pris par le passé à l’égard des élèves ; mise en échec de négociations entreprises de longue date et visant au rapprochement des concours littéraires des ENS de Paris et de Lyon et à l’amélioration générale des classes préparatoires littéraires (« hypokhâgnes » et « khâgnes ») ; désaveu public des professeurs expressément mandatés pour cette négociation, sans que ceux-ci puissent s’exprimer, etc. Plus généralement, les départements littéraires ne sont pas tenus informés des décisions les concernant. En revanche, chaque département a subi des interventions discrétionnaires dans le détail de sa politique scientifique et internationale, dans le choix des Commissions de spécialistes (pour le recrutement de nouveaux enseignants) ou leur fonctionnement. Les directeurs de département ne sont pas consultés sur les orientations financières, dont certaines sont opaques. Les signataires de cette démission collective, à laquelle se sont associés d’autres responsables de l’ENS, estiment qu’ils ne peuvent plus travailler dans un climat de confiance et que la Directrice porte la responsabilité de ces graves dysfonctionnements.

Même le Canard enchaîné évoque l'affaire :

La hussarde de l'Elysée à Normale Sup'

Tempête jamais vue à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm : les dix directeurs de l'Ecole ont démissionné en bloc, le 13 novembre, pour protester contre leur patronne, Monique Canto-Sperber, que Chirac avait bombardée à la direction voilà tout juste un an. Ils l'accusent, dans une lettre commune, de mentir publiquement et de prendre seule des décisions "mal préparées, inconséquentes ou dommageables". Ses méthodes "autocratiques" sont également dénoncées par les élèves.

Mais c'est le projet d'instaurer des droits payants à la bibliothèque qui a fait déborder le vase. Il a été adopté par un vote que la directrice s'est félicité d' "emporter à la hussarde" à une voix de majorité, lors d'un conseil d'administration très houleux, le 16 octobre.

En fait la nomination de cette ambitieuse prof de philo de 52 ans avait été imposée il y a un an par une seule personne : non pas Chirac, mais sa conseillère à l'Elysée, Blandine Kriegel. Cette autre spécialiste de philosophie politique avait carrément mis sa démission dans la balance face aux nombreuses réticences exprimées au sein du gouvernement.

Une insurrection des profs et des élèves en moins d'un an, c'est un vrai boulot de pro. Il faut dire que Chirac a toujours eu du flair pour nommer qui il fallait où il fallait : Ferry à l'Education, Douste au Quai d'Orsay...

Je ne pensais vraiment pas (pour le peu que j'en aie entendu) que le facteur Kriegel ait été si déterminant, même s'il est déjà intéressant. Kriegel, compagne d'Adler, a eu un parcours particulier, du Chevénementisme anti-européen à un Chiraquisme qui semblait assez traditionnel dans son conservatisme. MC-S est censée être une sociale-libérale proche de Bockel, voire DSK. A l'époque, le Directeur Ruget avait surtout souffert du désastre budgétaire de la fin de son quinquennat, et MC-S a donc plus bénéficié de l'effet "Tout Sauf Ruget" que de Kriegel.

Enfin, le vrai coupable pour Ferry est Raffarin plus que Chirac, qui ne semble pas l'avoir apprécié. En revanche, oui, Douste, c'est vraiment de sa faute.

Plusieurs rumeurs courent. L'une est que MC-S ne se retirera pas. L'autre est que Matignon cherche une solution à l'amiable, comme une "promotion" pour la convaincre de partir, avec quelque fromage comme le grotesque Conseil d'analyse de la société de Luc Ferry. Le dernier Directeur de l'ENS qui a démissionné était l'helléniste Robert Flacelière (mandat de 1963 à 1971). L'Ecole avait été occupée par quelques gauchistes en 1970, l'Ecole avait été fermée pendant quelques temps et le Président de l'époque, Georges Pompidou, avait alors nommé un nouveau directeur, l'archéologue Jean Bousquet (deux quinquennats pleins de 1971 à 1981, depuis lors tous les Directeurs ont duré 10 ans sauf Georges Poitou, mort en fin 89, et Gabriel Ruget, non renouvelé en 2005).

Ce qui m'étonne le plus chez MC-S est son incompressible envie d'en faire trop, comme le faisait remarquer Contrebande. Elle prend la même année la Direction d'un établissement, avec des lourdeurs administratives qu'elle ne semblait pas savoir déléguer, un cours en plus à l'X où elle remplace Jean-Pierre Dupuy, et une émission radio hebdomadaire, dont j'imagine qu'elle représente quand même un peu de travail.

lundi 13 novembre 2006

MC-S et l'ENS

(oui, ça va faire un peu private joke picrocholine, tant pis)

La nouvelle Directrice de l'ENS de Paris, Monique Canto-Sperber (nommée l'an dernier après Gabriel Ruget), a proposé de supprimer le financement de la Bibliothèque littéraire (d'après ce blog, 1,3 millions d'euros par an) et de rendre l'accès payant pour les anciens élèves (100 euros par an, 200 pour les extérieurs, ce qui ne devrait donc représenter au mieux que 300 000 euros par an, que ne compensent pas les 400 000 euros du Ministère). Cela a déclenché une pétition contre cette modification (cf. aussi il y a 2 semaines).

Dans le domaine anecdotique, il y a aussi une nouvelle Guerre d'édition sur l'entrée MC-S de Wikipedia (voir la discussion entre les archicubes Gro-Tsen et "Nours" - qui ne semble pas vouloir admettre l'idée d'une neutralité encyclopédique dans la rédaction des articles).

Il y a aussi un blog rien que sur "l'affaire" des droits de la Bibliothèque, qui a de nombreux documents.

Le site du Conseil d'administration de l'ENS a une lettre des directeurs de département et la directrice de la Bibliothèque d'une violence assez inouïe :

Il nous est de plus en plus difficile de travailler sereinement dans les conditions actuelles, et de concilier le désenchantement et les doutes sur la politique et le fonctionnement de l’Ecole qui ont gagné, non seulement les signataires de cette lettre, mais l’ensemble des enseignants et de plus en plus d’élèves, avec les responsabilités élargies que vous avez bien voulu confier aux directeurs de département. Les grandes évolutions auxquelles nous sommes appelés à prendre part dans les structures, le fonctionnement, la vocation même de l’Ecole ne peuvent se réaliser que dans un climat de confiance mutuelle qui est très loin du désarroi qui règne actuellement. Nous sommes tout prêts à vous seconder, à accepter les tâches plus lourdes qu’entraînent pour nous et pour les directeurs des études les réformes en cours, diplômes, accroissement du nombre des étudiants, co-habilitations, attribution décentralisée aux départements d’une partie de la gestion, des formalités administratives, du recrutement des étudiants … Nous sommes convaincus que notre travail sert le bien de l’Ecole et de ses élèves et étudiants, et nous souhaitons vraiment collaborer avec la direction. Mais il s’avère de plus en plus difficile de le faire si nous avons l’impression que par ailleurs on ne nous juge dignes ni d’être réellement consultés sur les grandes décisions qui engagent l’avenir de l’Ecole ni même d’en être informés — sinon a posteriori, partiellement et de façon souvent inexacte. Nous ne sommes pas seulement, ni d’abord, des administrateurs et des exécutants, mais des enseignants-chercheurs et vos collègues, et nous nous permettons de penser que notre avis, et celui de nos collègues, sur l’avenir de l’Ecole et sur les choix qu’il dicte au jour le jour, peut avoir quelque prix.

Nous vous demandons donc instamment — et, à nouveau, avec toute la réserve que nous estimons propre à nos fonctions de directeurs mais aussi avec la fermeté qui s’y attache — de bien vouloir désormais tenir compte de nos avis et de ceux de nos collègues.

Nous n’ignorons pas que la situation financière de l’Ecole est difficile et que l’actuelle Direction est parvenue à obtenir des aides exceptionnelles pour contribuer à son redressement. Nous regrettons d’autant plus de voir, en cette période, l’Ecole perdre de son unité. Rarement les enseignants et les chercheurs de l’Ecole ont eu aussi peu le sentiment de participer à la vie de l’institution. Rarement le découragement dans les services et les départements a été aussi grand : chacun, à son niveau, a le sentiment que ses efforts au service de l’institution à laquelle il a l’honneur d’appartenir s’avèrent vains et que son expérience et sa compétence sont méprisées.

Add : Mais la situation vient encore d'évoluer avec la démission en masse de tous ces directeurs de Département aujourd'hui à 15h30 :

Les échanges que nous avons eus entre nous ainsi qu’avec nos collègues et les élèves de l’Ecole nous ont également permis d’accéder à une connaissance plus exacte de la situation et de prendre davantage la mesure des dysfonctionnements qui portent atteinte à l’institution. En cette période de transformations importantes, nous ne pouvons plus continuer à exécuter des décisions auxquelles nous n’avons pas été associés, auxquelles nous nous sommes opposés sans pouvoir être entendus ou qui, lorsqu'elles viennent à être connues, nous paraissent mal préparées, inconséquentes ou dommageables pour l'Ecole.

Ces considérations nous ont conduits à une décision dont nous mesurons le poids. Nous estimons ne plus disposer du minimum de confiance indispensable à l’exercice des responsabilités que nous avons assumées. En conséquence, nous vous demandons collectivement, Madame la Directrice, de nous décharger de nos fonctions de directeurs.

samedi 11 novembre 2006

La perpétuité réelle

Je ne comprends pas bien l'émoi sur la fameuse nouvelle vidéo sur Ségolène Royal (via Alain Lambert et Versac, voir aussi Libé, Le Monde). Au moins, elle est plus intéressante et récente que les propos de comptoir de Bourdieu sur le même DailyMotion il y a 7 ans.

La retranscription a certes des passages durs :

Moi j'ai fait une proposition - par ailleurs je ne vais pas encore la crier sur les toits parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes. Je pense qu'il faut un pacte, pendant la préparation du programme du PS, avec les organisations syndicales, pour que si on arrive aux responsabilités on soit immédiatement opérationnels.

"Je pense qu'un des nœuds de l'échec scolaire se joue au collège. C'est-à-dire que les enfants arrivent en 6e, 5e, et là s'ils décrochent, on sait déjà ceux qui n'iront pas jusqu'au baccalauréat ou ceux qui seront en situation de décrochage scolaire.

"Je pense qu'une des révolutions c'est de faire les 35 heures au collège. C'est à dire que les enseignants restent 35 heures au collège.

Et dans ce paquet global, il y a des cours, mais ils ne quittent pas le collège quand ils ont fini leurs cours, parce qu'on est dans un système où finalement les parents qui ont les moyens ou même ceux qui se saignent aux quatre veines, lorsque leurs enfants sont en difficulté, qu'est-ce qu'ils font? Ils donnent des cours de soutien scolaire individualisé. On est quand même dans un système absurde où aujourd'hui en France, on a maintenant des entreprises cotées en bourse, Acadomia etc., qui donnent droit à des déductions fiscales, et ceux qui donnent ces cours, ce sont les profs du secteur public!

Comment se fait il que des enseignants du secteur public aient le temps d'aller faire du soutien individualisé payant, et ils n'ont pas le temps de faire du soutien individualisé gratuit dans les établissements scolaires?

Il y aurait à la rigueur un problème sur la forme (les images volées et un ton donc particulièrement peu diplomate) ou la proximité du vote des militants le 16 novembre prochain (on présume que ce "Jules Ferry" soutient un des deux autres candidats, je m'attendais plutôt à un fabiusien mais une rumeur parle d'un strauss-kahnien, peut-être parce que DSK a des problèmes pour visionner les cassettes). Et Royal aurait certes le droit d'agiter des idées encore hypothétiques en petit comité pour les tester, comme elle semble le prétendre maintenant.

Mais cette idée des "35 heures réelles pour les enseignants" revient assez souvent pour qu'on puisse penser qu'elle y songe plus sérieusement que d'autres idées qu'elle avait proposées, comme la Légion étrangère pour mineurs délinquants (devenue ensuite camp plus proche d'un Peace Corps kennedyen).

D'abord sur le fond, elle s'était déjà exprimée sur le sujet assez souvent - j'en parlais déjà en février dernier, juste après l'époque où la vidéo a été tournée à Angers, ce qui doit bien montrer que tout le monde était déjà au courant. Les salles des profs et les réunions du SNES ne bruissent que de cela depuis un an (ok, on parle plus de la perte de "l'heure de première chaire", mais peu importe)...

Ségolène Royal ne peut pas perdre le vote enseignant puisqu'il y a déjà assez peu de chance qu'il représente son "coeur de cible" comme certains disent. Je ne sais s'il y a une part de vrai dans ce que prétend Alain Etchegoyen (personnage en qui je n'aurais pas une confiance excessive tant il doit vouloir se faire mousser), selon qui Royal, alors Ministre de l'enseignement scolaire du tyrannique Claude Allègre, voulait faire passer des inspections médicales à tous les enseignants pour repérer les pédophiles. On ignore par quel scientisme elle pouvait penser que l'inspection médicale pourrait repérer cela.

Montebourg, porte-parole de Royal et ennemi de "Flanby", vient de dire (dans un des pires exemples de damage control ou spin doctoring) que les propos de Royal envers les enseignants montraient qu'elle les respectait et ne cherchait pas à "les brosser dans le sens du poil" par "clientélisme".

Il n'y a donc pas à s'émouvoir ni qu'elle ait tenu ces propos ni qu'ils aient été ainsi transmis, puisqu'ils ne sont pas déformés et que le fameux "vaste complot" pourrait même paraître assez pathétique pour les deux autres candidats.

De toute façon, l'idée ne peut pas se faire et elle restera aussi théorique que le dividende universel de Mme Boutin (non que je veuille perfidement comparer les deux candidates potentielles qui ont nettement moins à voir que ne le prétendent quelques critiques de la gauche radicale). Il n'y aurait jamais assez de place dans les établissements et pas assez de chaises en salle des profs (sans parler d'ordinateurs tant qu'il n'y aura pas le WiFi dans tous les établissements). Les cours de soutien le soir, dans les salles, paraissent peut-être plus réalistes (je ne sais comment fonctionnerait la logistique de l'entretien) mais il faudrait encore que les élèves viennent à ces cours, ce qui alourdirait encore leur moyenne hebdomadaire.

Cela paraît un ballon d'essai assez confus et François Hollande l'a dit lui-même (via agoravox) :

Il y a des inégalités majeures" entre "ceux qui peuvent disposer d'un appui en dehors de l'école et ceux qui ne le peuvent pas. C'est pourquoi le PS, et c'est l'engagement que nous prendrons tous quel que soit le candidat désigné", veut "introduire un soutien scolaire gratuit, par forcément par les enseignants d'ailleurs". Il a cité la possibilité qu'il soit dispensé par "des étudiants, des personnels contractuels" et parlé d'"heures supplémentaires avec rémunérations spécifiques.

"Les enseignants effectuent souvent plus de 35 heures : entre le temps d’enseignement, de préparation des cours, de correction des copies, de rencontres avec les parents... Est-ce qu’il faudrait qu’ils soient au collège ? Aujourd’hui, il n’y a pas de possibilité pour les accueillir.

La seule chose dont on puisse s'étonner est que l'ancienne ministre ait été aussi mal conseillée sur ce sujet.

Surtout que si on voulait réaliser les 35 heures "réelles" en moyenne annuelle en tenant compte des vacances scolaires, j'imagine qu'il faudrait 50 heures de présence réelle hebdomadaire, ce qui commence à dépasser la limite européenne [je faisais de la provocation de bas étage, 39 suffiraient peut-être ?].
Versac propose plutôt des paiements en soutien scolaire encadré. Je continue à penser - comme le très justement haï Alllègre, je crois - , qu'on pourrait plutôt, dans l'intérêt des élèves plus jeunes, raccourcir les vacances d'été au lieu de parler sans cesse uniquement de la moyenne hebdomadaire.

Add. Je viens de recevoir cet email d'une liste de diffusion ségoléniste :

Désinformation et manipulation de dernière minute

Une vidéo circule. Coup bas de dernière minute, visiblement inspiré de la méthode largement employée en 2004 par Bush pour destabiliser Kerry. Le Web est une caisse de résonnance et celui qui lit le résumé du résumé du résumé n'ira peut être pas voir la réalité, ou la précision, ou le démenti....
Ce démenti, ces précisions d'abord les voici, par Ségolène elle-même vendredi au journal de France 3

Diable, DSK/Fabius en Karl Rove... Heu, d'accord, mais la différence entre une vidéo cachée authentique et le swiftboating de Kerry est que ce dernier était mensonger. A moins que Royal ne montre dans le démenti qu'elle était en train de répéter une pièce de théâtre ou bien qu'une imitatrice la remplaçait... La mauvaise foi après coup me semble plus dangereuse que le contenu original qu'elle nie de manière un peu confuse. Elle semble dire à la fois qu'elle a eu raison de lancer l'idée et qu'elle ne l'a jamais dit, puisque c'était avant l'achèvement du programme du PS.

vendredi 10 novembre 2006

Le 110e Congrès

  • Bon, ben, je m'associe avec retard au YEEEaaaHHH général sur le Congrès, le premier Santorum-Free depuis douze ans. Un Congrès sans Santorum (R-Gehenna), c'est déjà une transición democrática à soi tout seul [Motion : Phersu a le droit de sous-godwiniser avec le franquisme, adopté à l'unanimité, merci.].

  • Oui, je sais bien qu'après la défaite d'Ashcroft (battu par un mort) Bush l'avait nommé Attorney General et la simple idée d'un Santorum à la Cour suprême est la meilleure plaisanterie d'humour noir jamais réalisée.

    puisse Asclépios protéger Stevens et Kennedy pendant encore 800 jours [même un canard boîteux serait capable d'essayer de le nommer].

  • Via Bois tordu, l'anomalie de l'élection a l'air qu'il n'y en a pas (trop).

    Malgré le problème central du Gerrymandering (voir la vieille note que je ne retrouve plus dans les archives), il ne semble pas y avoir trop d'aberrations. Les Démocrates auraient eu 37 millions de voix (37,662,923 votes) et les Républicains 33 millions (33,668,227), ce qui donnerait environ 53% des voix aux Démocrates.

    Or la Chambre des représentants leur donne actuellement entre 230 (52.8%) et 240 sièges (55%).

    Certes, le political scientist (comment on dit en français ? ah, on dit pas) Andrew Gelman arrive à un calcul avec une légère distorsion (56% des voix, 53% des sièges).

  • Même au Sénat, ils auront 51% des sièges.

    Dans l'ancien Sénat du 109e Congrès, leurs 45 sièges représentaient 63 millions de voix (sur 161 millions d'habitants) alors que les 55 Sénateurs républicains représentaient seulement 58 millions de voix (sur 131 millions, cf. sur la flibuste et les dilemmes moraux du gerrymandering).

    Donc si je ne me trompe pas trop et sans vraiment compter les évolutions démographiques, il faudrait donc ajouter à la louche comme Etats "représentés" environ 26 millions d'habitants (ouais, sachant que ça ne marche pas parce qu'il y a 2 Sénateurs par Etat).

    Par ordre de population, les six sièges conquis sont la Pennsylvanie (12,3 millions), l'Ohio (11 millions), la Virginie (7,5 millions), Missouri (5,6 millions), Rhode Island (1 million, désormais tous les deux Sénateurs Démocrates) et le rural mais finalement démocrate Montana (900 000 - tous les deux démocrates !).

  • Joseph Isadore Lieberman (Isadore ?) réussit donc à gagner les élections facilement, après avoir perdu aux Primaires. Cela va peut-être donner des idées à Fabius ou DSK. Le Connecticut est en tout cas bien perdu pour les Républicains. Lieberman, candidat du parti "Connecticut For Narcissists Who Do Not Respect Primaries of Their Own Party", a fait plus de 50% des voix, le candidat officiel démocrate Lamont 40% et le Républicain 10%. Cela prouve bien entendu que les Républicains se sont mobilisés pour Lieberman mais comme il est toujours officiellement Démocrate, cela donne l'impression d'un parti démocratique ayant 90% des voix sur ses deux candidats...

  • L'indépendant Bernie Sanders (Vermont) serait le premier Sénateur socialiste (ouais, social-démocrate, comme il le précise) dans l'histoire des USA.

    Enfin, c'est ce qu'on répète, ce qui oublie un peu le Parti Travailliste Agraire du Minnesota, qui eut des Sénateurs dans les années 20 comme Shipstead (qui devint ensuite Républicain), le Suédois Johnson, Benson et Lundeen, avant de fusionner avec le Parti démocrate local après la Guerre.

  • Atrios a raison, on peut finalement presque regretter (pace M.Y.) un Républicain aussi décent que Chafee (RINO-RH) qui part en critiquant Bush et non ses adversaires.

    When you enact a divisive agenda, don’t talk to the other side, I don’t think that’s good for the country,” Chafee said. At least now, “I think the president is going to have to talk to the Democrats. I think that is going to be good for America.

    Oui, Chafee est tellement dégouté de son propre parti qu'il dit que sa défaite est finalement pour le bien du pays. Si ce n'est pas le comble de l'altruisme...

    Mais comme dit Billmon, s'il avait suivi Jeffords vers 2001, ou au moins en 2004 quand il a soutenu Kerry, il serait sans doute toujours Sénateur aujourd'hui !

  • La science l'aurait à nouveau emporté même au Kansas et Ohio.

  • Ne pas rater notre bien-aimé Stephen Colbert (enfin, moi, je le rate parce que je ne regarde mon ordi qu'au Bureau où je n'ai plus de son, mais ça a l'air marrant même silencieusement). Retranscription via Marsyas, que je remercie :

    Tomorrow, you're all going to wake up in a Brave New World, a world where the Constitution gets trampled by an army of terrorists clones created in a stem-research lab run by homosexual doctors who sterilized their instruments over burning American flags ! Where tax and spend democrats spend your hard earned money and use it to buy electric cars for National Public Radio and teach evolution to illegal immigrants ! »
    Et si vous croyez que Colbert exagère, c'est que vous n'avez jamais passé de temps sur Free Republic (CECI N'EST PAS UNE PARODIE] :

    Everybody get your Koran and Burqas. America’s end is near. Our government is now securely in the hands of Liberal TRAITORS and our borders will be ransacked. Our nation will be overrun with Mexicans and terrorists financed and trained by Chavez and possibly also Daniel Ortega. What a great time for America to lose the Global War on Terror. The patients are runing the Asylum! God SAVE US! The terrorists will be on CNN and FNC tomorrow celebrating in the streets with DEATH TO AMERICA chants shooting their AK47’s. They will be emboldened by this victory to swell their ranks and step up the slaughter of inocent Americans everywhere ESPECIALLY here in the next 6 months or so after we pull out or troops. It’s over, y’all. Go home, get on your knees, and pray to God for His mercy. Be especially prepared to meet Him soon.

    Il a oublié de mentionner l'avortement gay.

  • mardi 7 novembre 2006

    Tertiaires

    oops, un peu de retard. N'ayant plus de connexion Internet, j'ai parasité une soirée Midterm américaines (traitée exhaustivement chez Emmanuel, voir aussi sa synthèse du lendemain) mais j'ai suivi les choses avec moins d'attention en rafraichissant tout le temps les résultats du Sénat US.

    Le 3e et dernier débat des Primaires socialistes est sur la politique étrangère.

    Zapatera : Un autre monde est possible pour empêcher les tsunamis.

    Et quel est votre plan B ?

    Lolo : Mais ce n'est pas de ma faute, je n'étais pas au pouvoir, sinon on l'aurait fait. Cf. Notre Petit Livre Rose, pp. 86, alinéas 3, notes 1-2. Nous voulons un nouveau Traité et nous ferons voter le programme PS parréférendum.

    Zapatera : Je. Veux. Le. Talisman. de. François.Mitterrand. L'Europe. Ce. Vote. S'impose à Nous. Pourquoi ont-ils voté Non ? On ne fonctionne pas à 27 comme à -2 pays. Et ma priorité sera le conflit israélo-palestinien, et pas du tout parce que je n'avais rien à dire dessus cet été et que j'ai bien fait ma fiche cette fois-ci.

    Lolo : Je suis pour prendre l'Europe mais Par la Gauche.

    Alors, la Turquie, Ségo, en Europe, vous avez compris la question.

    Ségo : Et moi je veux l'Europe par la Preuve. Oui, ça ne veut rien dire. Les négociations avec la Turquie ont été commencées par la gauche, par le gouvernement de Lionel Jospin. L'avis du peuple français sera l'avis du peuple français. La Turquie est la Turquie. L'Europe est l'Europe.

    DSK : Moi, je suis pour l'Europe, de Brest à Betelgeuse.

    Lolo : Mais l'Europe de DSK, ce serait une Fédération à 50 pays ! Ca ne peut pas exister, une Fédération à 50 Etats ! On ne peut pas sauter à 3,80m, surtout pas Sarkozy d'ailleurs.

    Ségo : Lolo a raison, ce ne serait qu'un Marché commun, une Union à 50.

    DSK : Mais je ne parle que de Partenariats privilégiés, comme Lolo [et comme la CDU, et comme Bayrou].

    Ségo : Mais vous ne m'empêcherez pas de placer ma fiche sur le Proche-Orient.

    DSK : Je reprendrai la tradition de François Mitterrand et je rétablirai l'Ordre en Algérie.

    Est-ce qu'il faut empêcher l'Iran d'avoir le nucléaire militaire.

    Ségo : L'Iran a signé le TNP et donc n'a pas droit au nucléaire civil.

    Vous voulez dire militaire.

    Ségo : Heu... a fortiori, a priori et a posteriori, oui.

    DSK : Non, l'Iran a droit au nucléaire civil. Vous savez, ce n'est pas le même niveau d'enrichissement de l'uranium. Oui, j'ai des hyperliens Wikipedia quand je parle.

    Lolo : L'Iran a le droit de faire du nucléaire civil, c'est pour cela qu'ils ont signé le TNP. Ségo n'y connaît rien. Ce n'est pas le même uranium.

    Ségo : Oui, le niveau d'enrichissement n'est pas le même. Mais c'est une première étape. Et toc. Tant que le régime iranien n'a pas évolué, il ne faut pas permettre aux Iraniens de contrôler le processus.

    Lolo : Non, nous restons attachés au TNP, pour n'importe quel régime. Ils ont droit au nucléaire civil.

    Ségo : Oui, mais pas le contrôler.

    Lolo : Moi, je ne parlerai pas avec Jaruzelski [oui, là, les fiches d'Aubry se sont mélangées gratuitement].

    DSK : Je crains d'être d'accord avec Lolo.

    Lolo : Ne te retiens pas.

    DSK : Mais j'accepterais de discuter avec le régime, moi.

    Et l'Irak.

    Lolo : Nous avions eu raison à l'époque. A part quand Chirac insultait les nouveaux entrants comme les Polaks. Jamais Mélenchon ne ferait cela.

    Ségo : L'Irak peut s'en sortir.

    Grâce aux Américains ?

    Ségo : Non, grâce aux Irakiens. [Elle est dans une série de tautologies gaullistes]

    DSK : Mais on n'y est pas encore.

    La politique transatlantique

    DSK : On n'est pas les caniches suivistes, comme Blair.

    Lolo : Je préfère être l'ami du peuple américain et non le caniche de Bush. Cette expression, je l'ai utilisée quand M. Sarkozy a embrassé la babouche de Bush. Ah, ah, vous avez entendu la rime ? La politique de Bush est détestable mais les Américains sont nos amis.

    Ségo : Nous sommes les alliés de l'Amérique latine.

    La Défense ; vous réduirez le budget Défense ?

    Lolo : Il nous faut plus de drones et pas des Rafales. Il faut des Open Skies.

    Ségo : Je vais répondre à votre question. Il n'y aura pas de réduction du budget. Mais j'interdirai les mines anti-personnel, et les sifflets au Zénith.

    Le 2e porte-avions, on le fait ou pas. Le Barracuda ? [oulà, ça devient technique]

    Ségo : Il faut mutualiser les moyens. Et les gouvernails.

    (oooooooooh, je suis passé sur CNN)

    ...

    L'environnement.

    DSK : Moi je ferai le Pacte de l'Elysée.

    Fafa : Moi, je suis socialiste. Le marché échoue pour l'environnement. La France n'est pas un ectoplasme. Nous avons fait la CECA, il faut faire une CECA sans charbon. Ma Présidence sera socialiste et environnementale, grâce au type en deltaplane.

    Ségo : L'environnement est important. La crédibilité de Ma Parole s'appuie sur des Actes en tant qu'ancienne Ministre de l'environnement et Présidente de Région.

    3/4-mandat

    Pas exactement, Bush n'a plus que 55% de son deuxième mandat, plus que 804 jours.

    Toujours pas d'ordi mais j'en parasite un parce que j'ignorais que c'était le NaBloPoMo (Nullus Dies Sine Posting) !

    Karl Rove nous déçoit tous. Aucun coup de dernière minute à part Saddam dans le Couloir de la mort (son appel se terminera sans doute en novembre 2008...) et cette minable histoire de telemarketing automatique ("robocalls") harcelant prétendument de l'autre camp pour discréditer certains candidats démocrates (oui, maintenant on coule un candidat en faisant du telemarketing en sa faveur - Marshall explique plus en détails comment cela se passe : l'appel automatique revient tant qu'on n'a pas écouté le message jusqu'au bout et ce n'est qu'à la fin qu'on peut comprendre que c'est en fait un message négatif contre le candidat démocrate). Et dire qu'on pensait qu'il sortirait une Guerre nucléaire en Perse, la Corne d'abondance ou la Naissance virginale de George Walker.

    Et il y a certaines pub républicaines tellement sophistiquées qu'on pourrait croire que c'est de la propagande démocrate.

    tbogg a des prédictions, dont la défaite de Ford au Tennessee. Plus j'entends ce Démocrate ultra-conservateur du Tennessee Harold Ford , le playboy de bénitier, moins je suis sûr de voir la différence avec ce dingue républicain de Corker qui doit remplacer Frist. [Il y a peut-être une part de vrai dans cet édito ultra-conservateur, "nativiste" et anti-Bush qui se demande si des démocrates du sud ne sont pas plus fiables pour leur cause que les oligarques républicains]

    Corker est aussi connu comme un dénégateur de tout réchauffement du climat. Cela permet aussi de linker cette discussion sur la rumeur d'un périple chinois à travers un Arctique sans glace au XVe siècle, mais le récit a l'air à peu près aussi historique que la Terre Sauvage de Ka-Zar.

    En passant, pour certains lecteurs du Mizzouraïlle et pour redonner le contexte sur la video de Michael J. Fox, ils votent aujourd'hui aussi sur un Amendement pour interdire le Clonage et la recherche sur les cellules-souches [certains Catholiques protestent que l'amendement ne serait pas assez clair contre le clonage, alors que c'est le but affiché]. Le Mi-sous-Ra commence à être partagé entre Baptistes (22%) et Catholiques (20%) et ce sont surtout ces derniers qui ont ajouté au combat anti-choix la lutte pro-blastocyste, qui n'en est que l'extension logique. Mais comme le rappelait Adele Stan, on parle d'un Etat dont l'ancien Gouverneur voulait s'Oindre à l'Huile (de table) et dont certains Catholiques respectaient tant la Vie qu'ils proposaient aussi une loi pour justifier l'assassinat d'avorteurs.

    La situation est tellement nette au Missou-raaa que même la Secrétaire d'Etat démocrate aurait eu de menues difficultés pour y voter par procuration (comme le faisait remarquer le Courrier International de la semaine dernière, le vote par courrier ou vote anticipé est bien plus important qu'en France, près de 25% des électeurs le pratiqueraient, ce qui aurait un peu ruiné l'intérêt d'une nouvelle surprise de la Toussaint).

    Et certes, il ne faut pas oublier que les Démocrates ont des contraintes et de lourds handicaps, comme le rappelle Hertzberg :

    But, for reasons that have less to do with the wizardry of Karl Rove than with the structural biases of America’s electoral machinery, Democrats enter every race carrying a bag of sand. The Senate’s fifty-five Republicans represent fewer Americans than do its forty-five Democrats. On the House side, Democratic candidates have won a higher proportion of the average district vote than Republicans in four of the five biennial elections since 1994, but—thanks to a combination of gerrymandering and demo-graphics—Republicans remain in the majority. To win back the House, Democrats need something close to a landslide.

    samedi 4 novembre 2006

    Unplugged

    Je dois vous annoncer hélas une nouvelle interruption des programmes du blog sine die.

    Je vais donc rater - du moins ici - à la fois le 3e débat des primaires socialistes (questions internationales) et la grande victoire des Machines Diebold mardi soir.

    Choisissez la raison la plus plausible :

    • A : Je suis devenu Heideggerien et ai été convaincu que l'essence de la τεχνολογία est la metaphysica specialis ontothéologique qui participe à l'Arraisonnement (Gestell) et l'Oubli de l'Etre (Seyn) qui ne le traitait plus que comme simple objectité et disponibilité manipulable (Vorhandenheit).

    • B : J'ai été métamorphosé en chat, ce qui n'est pas pratique pour taper.

      Oui, je suis conscient que je résilie par cette image absolument adorable ma Carte de membre des Blogs Sans Chat.

    • C : Mon ordinateur est devenu "Intelligent" et ne me laisse plus écrire parce qu'il est trop occupé à conquérir la planète avec ses copains robots pas asimoviens pour deux sous et les machines Diebold.

    • C : J'ai distraitement et étourdiment oublié de payer des factures depuis août dernier et toutes mes lignes, y compris Free, viennent d'être coupées, et je veux bien faire des efforts mais de là à aller dans un cybercafé, faut pas exagérer.

    • D : La réponse D.

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