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mercredi 31 janvier 2007

Conseillers

Le Canard - qui révèle aujourd'hui une nouvelle affaire des RG peut-être plus sérieuse que l'affaire Bruno Rebelle ou que la recherche d'un scooter - m'avait étonné la semaine dernière en mentionnant qu'Emmanuelle Mignon, du Conseil d'Etat, une des conseillères du candidat de Neuilly-sur-Seine, était pour la privatisation totale de l'éducation nationale. Elle s'en était expliquée selon Marianne :

Le 7 septembre 2004, elle déclare au Monde : « J'ai toujours été conservatrice, j'aime l'ordre. Je crois à l'initiative individuelle, à l'effort personnel et, en matière économique, à la main invisible du marché. Par exemple, je suis pour une privatisation totale de l'Education nationale. » Des propos extrêmes qu'elle récuse aujourd'hui, en partie : « Sur l'éducation nationale, j'ai bêtement provoqué le journaliste et ça m'est retombé en boomerang. Je voulais dire que j'étais pour la libéralisation de la carte scolaire », veut-elle convaincre.

Soit, c'était il y a une éternité, 3 ans, juste une provocation en "off", juste de l'humour, et chacun sait que toute personne conservatrice dit toujours cela en petit comité ("J'te privatiserai tous ces parasites, moi, et y s'mettraient à bosser"). En l'occurrence, dans quelle dystopie hayekienne - du moins dans le monde industrialisé - aurait-on une telle privatisation totale depuis au moins un siècle ? Doit on rappeler que les Etats américains et le gouvernement fédéral financent des universités publiques et des organismes de recherche qui ont créé (certes, avec l'armée) cet Internet ? Même les républicains américains les plus réactionnaires ne demandent que de faire payer les écoles privées par des "chèques éducation" des contribuables du district pour appauvrir encore plus l'école publique sous le prétexte d'une saine concurrence.

Mais cette major de l'ENA (promotion René Char, 1995) assure qu'elle va se privatiser elle-même après 2007 en pantouflant, et son candidat fait aussi semblant de mélanger avec des mots de gaullisme social de Henri Guaino pour continuer sa double personnalité. Un exemple récent en est les méandres et dents de scie sur le Contrat unique.

mardi 30 janvier 2007

Interlude

Je lis trop Phonogram en ce moment et ces rituels d'Albionomancie - une des auto-adorations pour lesquelles Albion est particulièrement douée. Un peu de Britpopolatry: Ray Davies, Kinks'King, chante son Coucher de soleil sur Waterloo [version d'origine de 1967, peut-être plus réussie dans son contraste entre la mélancolie du contenu et le ton enjoué] avec Damon Albarn (de Blur/Gorillaz/TheGoodTheBad&TheQueen - il apparaît dans Phonogram #4/6 comme le Bodhisattva de la Britpop).
A la fin, ils entonnent Parklife de Blur.


Dirty old river, must you keep rolling
Flowing into the night
People so busy, makes me feel dizzy
Taxi light shines so bright
But I don't need no friends
As long as I gaze on Waterloo sunset
I am in paradise

Every day I look at the world from my window
But chilly, chilly is the evening time
Waterloo sunset's fine

Terry meets Julie, Waterloo Station
Every Friday night
But I am so lazy, don't want to wander
I stay at home at night
But I don't feel afraid
As long as I gaze on Waterloo sunset
I am in paradise

Every day I look at the world from my window
But chilly, chilly is the evening time
Waterloo sunset's fine

Millions of people swarming like flies 'round Waterloo underground
But Terry and Julie cross over the river
Where they feel safe and sound
And they don't need no friends
As long as they gaze on Waterloo sunset
They are in paradise

Waterloo sunset's fine

The Good The Bad & The Queen a justement ce qui pourrait apparaître comme une "suite" plus sombre, Kingdom of Doom ("Friday night in the Kingdom of Doom Ravens fly across the room (...) And when the sunset world begins Turning into the night I see everything in black and white").

dimanche 28 janvier 2007

Intentions de vote

Les sondages - tonner contre, ouh, c'est mal, ça fabrique l'opinion, ça se trompe, boo.

On est encore à 83 jours du premier tour mais les deux candidats principaux, quelles que soient les évolutions, ont des scores plus élevés que les deux candidats principaux de 2002. Cela traduit en partie l'effet du 21 avril 2002 et le fait qu'il y ait moins de candidats.

Je ne sais s'il est très utile de comparer différents instituts comme ils doivent se contaminer mutuellement dans leurs corrections.

2002

Je reprends la synthèse des sondages de l'époque par le CEVIPOF.

  • Si on fait la moyenne des sondages d'intentions de vote, Jacques Chirac avait en janvier 25,5% des intentions de vote, puis 23,7% en février et 23,8% en mars. Il eut finalement 19,88%, soit 4-5 points de moins.

  • Lionel Jospin avait une moyenne de 22,3% dans les sondages de janvier 2002, 22,1% en février, 21,3 en mars. Il eut en fait 16,18%, 5-6 points de moins.

  • Le Pen avait 9% en janvier 2002, 9,3% en février, 9,7% en mars. Il eut finalement 16.86%, soit 7-8 points de plus que les pronostics.

  • Les autres grands écarts furent notamment Bayrou à qui on prédisait seulement 3,9% et qui eut finalement 6,84% (+3), mais aussi Chevénement, on lui prêtait jusqu'à 10,7% en janvier et il n'eut que 5,3% (-5).

Sondages actuels

Chiffres via Sondages 2007.

Je ne cite que les résultats supérieurs à 5%, même s'il est possible que certains des candidats à 3-4% comme Besancenot ou Laguiller, voire Buffet et Voynet dépassent en fait ce seuil. De Villiers, qui avait atteint 4,7% en 1995, ne semble pas émerger d'une quasi-mégrétisation groupusculaire autour de 3%. Corinne Lepage (écologiste centre-droit - il pourrait y avoir aussi d'autres candidats de Génération écologie et du mouvement de Waechter), Dupont-Aignan (UMP souverainiste), Frédéric Nihous (Chasseurs), Jardry (CNI), Gérard Schivardi (Parti des travailleurs) vont aussi disperser plus le vote.

  • BVA : 33% pour Sarkozy, 27% pour Ségolène Royal, 13 pour Bayrou, 10 pour Le Pen, 7 pour Besancenot (hypothèse sans José Bové, 4 sinon).

  • CSA : 30% pour Sarkozy, 29% pour Royal, 9% pour Bayrou, 15% pour Le Pen. * sondage décalé d'une semaine.

  • Ifop : 32,5% pour Sarkozy, 28% pour Royal, 12,5% pour Bayrou, 11% pour Le Pen.

  • Ipsos : 32% pour Sarkozy, 29% pour Royal, 13% pour Bayrou, 11 pour Le Pen, 3,5% pour Besancenot et Buffet.

  • LH2 : pas trouvé de chiffres récents.

  • TNS-Sofres : 29% pour Sarkozy, 34% pour Royal, 9% pour Bayrou, 14% pour Le Pen. * Le sondage Sofres est décalé d'une semaine, avant la remontée de Sarkozy, mais cela n'explique pas l'écart sur Bayrou et Le Pen.

Les 5 études sont donc relativement homogènes et les deux candidats des partis de gouvernement principaux sont à peu près au même niveau si on s'amuse à faire la moyenne de ces chiffres arrondis (oui, je sais que cela n'a pas de signification, que c'est la tendance qui compte, etc) : 31,3% pour Sarkozy, 29,4% pour Royal, soit 60,7% pour les deux candidats (contre 47,8% pour Chirac et Jospin en janvier 2002 - ils eurent en réalité 36,06%). Bayrou a 11,3% (de 9 à 13) sur ces cinq études et Le Pen 12,2% (de 10 à 15).

Le léger effritement de Royal peut profiter à Bayrou mais aussi à Besancenot et Buffet. Pour l'instant, il faudrait que Royal perde au moins dix points et que Bayrou ou Le Pen en gagnent 5-10 pour avoir à nouveau le scénario de 1969/2002 avec l'élimination de la gauche au second tour.

samedi 27 janvier 2007

Oeuf poché

Pocher, c'est envelopper dans une poche, ou empocher (en anglais, to poach est devenu "braconage et contrebande"). Pocher un oeil est le cerner d'une sacoche (en anglais pouch) en pressant (cf. to poke en anglais), mais l'image de l'oeil poché doit déjà venir de l'oeuf, tel qu'il apparaît par exemple dès Rabelais (où ce n'est peut-être pas encore complètement catachrèse), Tiers-Livre, XX (et Quart Livre, XII). Panurge communique avec le sourd muet Nazdecabre en étirant sa paupière comme un véritable Balor et il dit "Il m'a presque pochié les oeilz au beurre noir", c'est-à-dire du beurre fondu, un peu bruni, avec du vinaigre pour teinter le bleu de l'hématome. Je ne sais si beaucoup de peuples comparent ainsi leurs coups et blessures à leur cuisine (mais à l'inverse les Anglais comparent certains légumes à ces yeux meurtris).

L'oeuf poché doit être saisi rapidement dans une eau frémissante, presque bouillante (le blanc solidifie à 62° et le jaune à 68°). Ill faut y faire glisser le blanc d'abord pour qu'il puisse se coaguler avant que l'or mollet ne se répande et il faut éviter les remous de trop d'ébullition pour conserver un peu de consistance et que le coeur se contienne (comme dirait l'autre, la comparaison stoïcienne de l'éthique et la physique avec le blanc et le jaune est un koan qui présuppose qu'elles s'écoulent l'une en l'autre). La louche "pocheuse" servait à maintenir un bel ovale dans l'éclosion de cette pochade.

Les intellectuels anglais, sans doute frappés par le triste sort de Humpty Dumpty, sont fascinés par cet oeuf quand ils parlent de la rationalité.

Ainsi Russell, History of Western Philosophy, Routledge, (1945/2000), XVII "Hume", p. 646 :

Il est important de découvrir s'il y a une réponse à Hume à l'intérieur du cadre d'une philosophie qui est entièrement ou principalement empirique. Sinon, il n'y aurait aucune différence intellectuelle entre le sain et l'insensé. Le fou (lunatic) qui croit qu'il est un oeuf poché devrait être condamné seulement sur le principe qu'il est dans une minorité. (...) Ce serait là un point de vue désespéré.

C'est aussi repris par l'adversaire anglican de Russell, C. S. Lewis dans un sens apologétique, Mere Christianity, p.40, contre l'idée rationaliste de Spinoza ou Rousseau qui ferait de Jésus un moraliste et non un fondateur de secte :

Un homme qui serait simplement homme et dirait la sorte de choses que disait Jésus ne serait pas un grand maître moral. Il serait soit un fou (lunatic) - au même niveau que l'homme qui dit qu'il est un oeuf poché - ou bien il serait le Diable lui-même.

Et plus récemment le métaphysicien néo-humien David Lewis reprend le défi russellien sur la rationalité. Il critique l'Haeccéitisme, la doctrine selon laquelle l'identité d'un individu pourrait être séparée de toutes ses propriétés qualitatives (un peu comme l'hostie de la transsubstantiation), On the Plurality of Worlds, p. 239-240 :

[Quelqu'un pourrait critiquer l'haecceitisme ainsi :] : "Si quelqu'un dit que j'aurais pu être un oeuf poché, je le réfute ainsi : Je n'aurais pas pu être un oeuf poché ! L'haeccéitisme extrême s'oppose à l'opinion commune sur ce qui est possible et c'est tout ce qu'il y a à en dire.
- Cela ne suffit pas. Quand vous insistez, avec quelque force que ce soit, que vous n'auriez pas pu être un oeuf poché, l'haeccéitiste extrême peut l'accorder. Pas sans équivoque, bien entendu. Après tout, il croit vraiment en des mondes possibles selon lesquels vous êtes un oeuf poché. Donc s'il parle sans aucune restriction, en n'ignorant aucune des possibilités qu'il pense qu'il y a, alors il doit dire que vous auriez pu être un oeuf poché. Mais il n'a pas à parler sans restrictions. Tous s'accordent sur le fait que très souvent nos modalités sont des quantifications restreintes à des mondes accessibles.

mercredi 24 janvier 2007

Pouvoir d'achat des enseignants

SM explique ce que la perte des 20% de pouvoir d'achat des enseignants du secondaire en 25 ans signifie.

Sur le même blog Econoclaste, il rappelle pourquoi les 35 h dans le secondaire ne se feront pas (François Hollande l'avait d'ailleurs clairement affirmé contre certaines interrogations de la candidate Mme Royal).

Il a un tableau très frappant des ordres de grandeur de salaires (exprimés en Dollars par la Parité de Pouvoir d'achat) des enseignants dans divers pays industrialisés - où on voit d'ailleurs que les profs polonais doivent vraiment avoir du mal à faire du tourisme dans le reste de l'Union avec leurs faibles rémunérations.

Sur les enseignants du secondaire au Luxembourg, c'est à peu près le même horaire annuel d'enseignements (642 heures au lieu de 614-639 en France 2004 selon l'OCDE) et aussi relativement peu de différences dans les exigences de présence dans l'établissement dans le contrat. En revanche, c'est 1080 heures d'enseignement aux Etats-Unis.

dimanche 21 janvier 2007

Promotion Willy Brandt

La promotion 2007-2009 de l'ENA dont on parlait aura donc le nom du Chancelier allemand social-démocrate et maire de Berlin Brandt, via :
"Après une longue nuit de débats, indique le communiqué, le choix s'est porté sur Willy Brandt avec 71 voix contre 49 pour Winston Churchill. Les deux autres demi-finalistes étaient Hannah Arendt et Jean-Jacques Rousseau".

"En choisissant pour la première fois un Allemand, les élèves ont voulu célébrer l'amitié franco-allemande, la résistance au nazisme et le combat pour la liberté pendant la Guerre froide".

"Au moment où l'Union européenne s'élargit, ajoute le texte, ils ont voulu rendre hommage à la main tendue par le Chancelier aux pays d'Europe centrale et orientale".

Au premier tour, avaient été notamment proposés "TGV Est européen", "liberté, égalité, choucroute" et "Zinedine Zidane".

Et toujours d'après les Informateurs que je parasite et plagie librement :

1/4 de finale : Brandt 26, Churchill 23, Arendt 18, Rousseau 19, Gandhi 15, La Fayette 13, Bolivar 5, Péguy 3

1/2 finale : Churchill 46, Brandt 41, Arendt 20, Rousseau 12

Finale : Brandt 71, Churchill 49

"Le report des voix Arendt et Rousseau sur Brandt a été quasiment parfait et le choix recouvrait en partie un clivage gauche-droite", précise un participant, l'UMP soutenant plutôt Churchill.

Mon pronostic laîcité/Péguy s'est donc complètement planté.

En passant, le classement du concours de sortie de la promotion 2002-2004 (Sédar-Senghor) a été annulé la semaine dernière par le Conseil d'Etat.

La Chaire en barbarie

Mais de quelle brute fasciste parle-t-on ici dans Libé ? :

Il monte des actions, fait le coup de poing dans les salles de cours de ses collègues (...) suspects de déviationnisme, menace physiquement ceux qui veulent quitter [sa milice groupusculaire].
[Il] est grand, costaud et n'a jamais eu peur de la baston.

(...)

[Il glisse] sans scrupule sur les morts du goulag ou de la Révolution culturelle au motif qu' «il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain». Il note que les mêmes qui s'indignent des «violences égalitaires» (comprendre : révolutionnaires) restent indifférents aux «violences inégalitaires» de l'ordre libéral. «Aujourd'hui, la démocratie n'est rien d'autre qu'un outil de propagande du capitalisme et chacun le sait bien. En sciences ou en art, la règle de la majorité ne fonctionne pas. Pourquoi l'appliquer en politique ?

Peut-être parce que la politique n'est ni une science ni une oeuvre artistique ?

On peut aussi critiquer sur certains points son ex-collègue Jacques Rancière mais quand on entend de telles inepties, cela conforte plutôt certaines de ses analyses sur la haine de la démocratie.

Et quand je lis à la fin de l'article que "lui au moins crée un système philosophique", on a le haut-le-coeur.

Ne pas renoncer à la systématicité philosophique n'interdit pas la lucidité, sans quoi on redonnerait raison au sens péjoratif de ce terme dans les années 60 (sens péjoratif qui vient sans doute de Condillac).

Et le mythe selon lequel il n'y a plus de système philosophique à part les vaticinations de cet abruti ne peut venir que de l'ignorance ou pire, de la mauvaise foi d'une vision du monde continentale biaisée et des oeillères où la philosophie se limite à un dialogue entre la brute en question et je ne sais quel psychanalyste. Pour ne prendre que quelques exemples, Putnam (qui eut certes une période mao) ou Pettit ont conçu des philosophies systématiques, sans pour autant violenter leurs collègues.

vendredi 19 janvier 2007

MBB vs MCS

Ca faisait longtemps. De toute évidence, les choses ne sont pas aussi apaisées que je le pensais.

Lettre ouverte dans le Monde, signée notamment par la sinologue Marianne Bastid-Bruguière (ancienne directrice adjointe de l'ENS en 1988-1993), ainsi que par dix professeurs au Collège de France comme Jacques Bouveresse, Roger Chartier, Philippe Descola, Christian Goudineau, Jean Mesnard, Daniel Roche, Pierre Rosanvallon (qui avait déjà démissionné avec Michel Zink du Conseil scientifique de l'ENS à l'arrivée de MCS en fin 2005), John Scheid, Jacques Pierre Toubert et Pierre-Etienne Will.

Monique Canto-Sperber doit partir

L'Ecole normale supérieure traverse une grave crise devenue publique depuis novembre. Cette crise s'est traduite par l'opposition résolue à la directrice (la philosophe Monique Canto-Sperber), dont les pratiques autoritaires, les déclarations à l'emporte-pièce, l'absence de projet scientifique et pédagogique et le refus de concertation ont été dénoncés. Les démissions de la totalité des directeurs de départements littéraires et d'une grande partie des directeurs des études de ces mêmes départements ainsi que celle de la directrice de la bibliothèque des lettres ont marqué de façon significative cette crise. Elles ont paralysé la vie administrative de l'Ecole littéraire, même si toutes les obligations pédagogiques et scientifiques des enseignants-chercheurs continuaient d'être parfaitement assumées.

Parce que nous avons été et continuons d'être associés au sort de cette institution d'exception, parce que nous entendons qu'elle puisse continuer à développer ses activités en France et à l'étranger avec aisance et liberté, nous souhaitons exprimer notre vive inquiétude.

Nous sommes persuadés que la crise n'est pas résolue. D'abord parce que la confiance est désormais brisée dans la communauté normalienne. Une grande partie des enseignants, des personnels et des élèves continue de nourrir les mêmes griefs contre la "gouvernance" de la directrice, même si cette dernière multiplie les déclarations d'apaisement et offre une chaîne de rétractations en gage de bonne volonté. Trop de questions restent en suspens : sur les pressions exercées par la direction pour orienter les créations et les nominations dans les postes d'enseignement et de recherche, sur le quasi-démantèlement ou la paralysie effective des éditions de l'école, sur l'avenir de la bibliothèque, etc.

Comme tous, nous reconnaissons l'action efficace et apaisante du président du conseil d'administration, qui s'est attaché à trouver des solutions de sortie de crise en proposant le contrôle de la direction par un maillage serré de commissions. Mais ce système mettant l'école sous tutelle ne risque-t-il pas de s'avérer ingérable à moyen terme ? La mission des enseignants-chercheurs de l'Ecole normale est-elle de siéger aussi souvent et aussi longtemps dans de telles instances ? Est-il souhaitable que les manquements de l'actuelle direction conduisent à mettre en place un système complexe et durable de direction dépendante ?

Notre inquiétude est d'autant plus grande que l'Ecole normale supérieure a besoin d'une direction incontestable, entièrement disponible pour mener à bien les dossiers concernant la politique extérieure de l'école, et à qui la confiance des enseignants et des élèves permet de procéder aux arbitrages indispensables sur les questions vitales qui se posent à l'école.

La résistance que rencontre l'actuelle direction ne résulte pas d'un simple mouvement d'humeur de la part des enseignants littéraires, des chercheurs et des personnels. Elle est encore moins la marque d'un archaïsme ou d'un repli frileux. Elle manifeste l'attachement des enseignants à l'institution et leur volonté de la voir évoluer dans la réflexion et la concertation. Dans ses structures et la définition de sa vocation, L'Ecole normale supérieure vit un moment crucial. Depuis plusieurs années, maintenant, la réflexion est engagée sur les mutations qu'elle a entreprises et qu'elle peut poursuivre sans remettre en question ce qui fait sa spécificité, les échanges d'idées et de projets fusent. Depuis plusieurs années, à l'intérieur et à l'extérieur de l'école, un dialogue intense est nourri. Tous ne partagent pas les mêmes espoirs, les mêmes craintes, mais tous - tous ceux qui espèrent et croient que la Rue d'Ulm pourra encore jouer un rôle dans la vie intellectuelle et scientifique de demain - sont conscients que seul le dialogue peut éclairer une direction responsable.

Or il n'est de dialogue que dans la confiance. Redonner confiance aux maîtres et aux savants de l'ENS, c'est redonner foi à ses élèves, à ses personnels, à ses collaborateurs, comme à ses nombreux amis, en France et dans le monde, qui ne veulent pas de son isolement. Bref, à tous ceux qui considèrent que la confiance est la première des garanties du bon travail dans un établissement qui a tant donné en échange de ce que lui a offert la République il y a plus de deux cents ans. C'est pourquoi, plutôt que de pérenniser un système de gouvernance né de la réponse transitoire à une crise grave, il conviendrait de placer à la tête de cette institution une direction incontestable, une direction compétente et reconnue au sein de l'institution.

Le retour de Numerobis

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Tout usager de la Bibliothèque nationale garde une affection secrète pour son architecte, le brillant Dominique Perrault (voir ses autres réalisations).

Hélas, une brève nous apprend que notre talentueux compatriote vient d'être renvoyé de son nouveau grand projet sur le Théâtre Mariinsky II à Saint-Petersbourg pour des "erreurs de débutant" dans son projet et une construction instable.

Le Saint Petersburg Times précise :

It appears that unfortunately [Dominique Perrault’s] bureau can win competitions, but they are unable to deliver the satisfactory documentation regarding their project,” Shvydkoi said.

The North-Western Directorate for the Construction, Reconstruction and Restoration of St. Petersburg, or NWDCRR, the representative of the Federal Agency for Culture and Cinematography, confirmed Thursday the contract was suspended as they are concerned Perrault’s firm will not be able to finish planning in time and that mistakes found in what appears to be the first official verdict from experts during the entire period of planning the theater, are too serious to fix quickly.

The criticism is of a serious nature. It concerns the building’s stability, its safety and the absence of coordination between different parts of the projects done by various subcontractors,” a source at the press office of the NWDCRR told the St. Petersburg Times in a telephone interview Thursday.

Sans vouloir dénoncer qui que ce soit, il serait aussi lié à des Tchétchènes.
Il a dit que le polonium-210, il savait d'où il venait et ça lui faisait rien.
Et il s'est réjoui de la mort de Pouchkine en février 1837.

jeudi 18 janvier 2007

Spiritualitude juste


Montebourg dérapage

Tout le monde connaît maintenant la petite bévue de l'arrogant Montebourg (oui, montebourde). On demande au Porte-parole de Royal quel serait le pire défaut de sa candidate et il avoue avec une vraie-fausse candeur "Ségolène Royal n'a qu'un seul défaut, c'est son compagnon", ce qui peut se lire en bien des sens. Il a présenté rapidement sa démission à Royal et il est seulement "suspendu". Le secrétaire-consort, qu'il a surnommé Flanby selon le Canard, a feint d'accepter ses excuses - quand Royal l'avait choisi comme Porte-parole, il avait affirmé que Montebourg n'était "qu'une baudruche gonflée de prétention et d’ambition". Le fils Thomas Hollande devait venir expliquer que papa aussi est important.

Tout cela n'a guère d'importance. La gaffe est certes plus sérieuse que des barbarismes en Chine mais moins que louer une justice expéditive en Chine.

C'est presque plus une question de rythme. Un humoriste réussit à s'en sortir avec n'importe quoi. Montebourg a au contraire un ton sentencieux et pontifiant, qui se prête plus à l'imprécation ou aux philippiques qu'à de la simple dérision. On voit qu'il croit que sa phrase va être couverte par des rires et s'effacer. L'énormité de l'attaque ad hominem fait son effet et il se met à se décomposer en prenant conscience qu'il n'a pas gagné un concours d'improvisation et qu'il doit expliquer que c'était de l'humour, signe que ce n'en était pas du très réussi.

Montebourg avait dit refuser d'aller à des émissions de divertissement comme celle d'Ardisson. Il avait sans doute d'autant plus raison qu'on le voit tomber dans de tels pièges dans un entretien-divertissement sur Canal +, qui est à peine différent de l'autre arène de démagogie (et on apprend qu'il ne voulait pas venir et était en remplacement d'Aurélie Filippeti). Ses effets de manche trouvent vite des limites dans la rhétorique télévisuelle et il rendrait presque Morano sympathique, si c'était possible. Il n'aurait peut-être pas tenté cette boutade devant un journaliste de presse écrite mais lâche son inconscient devant la télévision grand public, alors que les conséquences sont plus graves pour lui.

Et sans vouloir en surajouter dans le psychologisme vulgaire (c'est mal), il est difficile sur un petit écran étroit et dans tout ce contexte familialiste des triangles de divers candidats de ne pas réduire tout ce "mot d'esprit" à une jalousie personnelle exprimée directement, même si cela cache plutôt l'amertume des ralliés à la candidate face au Premier secrétaire et les conflits habituels entre l'appareil et l'Etat-major de campagne.

Les réactions de la blogosphère ont l'air de trouver plus déplacée la suspension que le dérapage, ce qui m'étonne. Certes, elle finira par le virer et non le suspendre. A la rigueur, c'est seulement la manière dont s'est exprimée depuis Royal pour justifier la "sanction" qui serait ridicule : "Quand le moment vient, je rétablis de l'ordre, de l'ordre juste. J'exerce mon autorité juste. J'ai mis un carton jaune. On peut faire preuve de spiritualité mais sans blesser et sans dénigrer". Elle rétablit de l'ordre juste ? Spiritualité pour "mot d'esprit" ?? Mais elle parle quelle langue ? Le lexique raréfié de campagne et les gimmicks de publicité doivent devenir des constructions figées ?

mercredi 17 janvier 2007

Le nom de promotion de l'ENA

Chaque promotion de l'Ecole nationale d'administration se choisit un "nom" par vote des nouveaux élèves (qui viennent d'entrer en janvier et que nous félicitons au passage, clap clap).

Ce peut être un Nom propre de personne (Hollande, Royal et Villepin sont de la promotion Voltaire, Wauquiez est de la promotion Nelson Mandela) ou, surtout au début, un concept ou une date (il y a eu France combattante pour la première promotion, Croix de Lorraine, Union française, Quarante-huit, Europe, France-Afrique, 18 juin, Guernica, Droits de l'homme, Solidarité, Liberté-Egalité-Fraternité, République). La dernière promotion (2006-2008) avait choisi Aristide Briand et avait publié ce communiqué :

Réunie en séminaire de rentrée, la promotion 2006-2008 de l‘Ecole Nationale d‘Administration a décidé, à la suite de six heures de débats et de votes, de se donner comme nom « Aristide Briand ». Ce nom l‘a emporté à l‘issue de sept tours de scrutin par 50 voix contre 35 pour « Erasme ». Ces deux noms se sont dégagés d‘une liste de 110 propositions dont notamment: « Nuit du 4 août 1789 », « Marie Curie », « Raymond Aron » ou « Winston Churchill ».

Par ce choix, la promotion 2006-2008 a entendu honorer l‘Œuvre du rapporteur de la loi de 1905 portant séparation des Eglises et de l‘Etat, de l‘inlassable promoteur de la paix, de la sécurité collective, du désarmement européen et de la réconciliation franco-allemande.

En exclu mondiale, via [les Agents Infiltrés à Strasbourg], voici la liste actuelle des noms proposés pour la nouvelle promotion "2009" (65 hommes et 28 femmes), qui éclaire peut-être en partie les références de nos futurs Rois-Philosophes (entre parenthèse le nombre de nominations si le nom est sur plusieurs listes) :

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mardi 16 janvier 2007

Sitcom et oumma

Le nouveau sitcom canadien de CBC Little Mosque on the Prairie a été critiqué comme trop "p.c." et gentillet, mais malgré le côté naïf sur l'Islam moderniste et la fraternité entre modérés de diverses religions avec le gentil Révérend Magee (Derek McGrath), il y a quelques scènes assez drôles ("Canadian Idol, I say all Idols must be smashed!" "Muslims are known for their sense of humor - no, that's a joke"). Ces scènes sont sans doute peu exportables, et jouent aussi sur des gags sur les relations entre les Provinces ou sur les chroniqueurs radio des Prairies ("Fred Tupper") - je redoute ce que sera la version française, plus complexée, plus victimaire et dénuée de distance.

L'histoire se passe dans un village imaginaire du Saskatchewan, "Mercy", dans les "Prairies" (les Musulmans y sont 0,2% du million d'habitants).

Yasir (Carlo Rota), homme d'affaires de toute évidence peu orthodoxe (et Tory), cherche un Imam pour sa communauté pour remplacer Baber Siddiqui, qui est un conservateur abruti qui fait des prêches contre Desperate Housewives. Yasir fait venir, en s'inspirant peut-être un peu de la Grande séduction, Amar Rashid (Zaib Shaikh), jeune ontarien imberbe et brillant ancien avocat qui a l'air plus moderniste que ses ouailles [En passant, cela fait penser à l'imam yeménite anti-voile dans A Stranger in Her Own City (voir aussi interview), le court-métrage de Khadija al-Salami sur Nejmia, jeune adolescente qui décide de ne pas porter le voile dans les rues de Sanaa.]

L'histoire est écrite par la canadienne Zarqa Nawaz (maison de production "FUN damentalist Films", elle est interviewée sur CNN), qui vit à Regina et a déjà réalisé d'autres films dans ce genre.

Version longue sur Daily Motion et extraits sur YouTube

Au fait, est-ce que Looking for Comedy in the Muslim World doit sortir en France ?

*

Mais au-delà de cette comédie un peu prévisible, l'Arabie salafiste continue d'apparaître comme une sorte d'autoparodie :

Will Saudis Ban the Letter ‘X'?

The letter "X" soon may be banned in Saudi Arabia because it resembles the mother of all banned religious symbols in the oil kingdom: the cross.

The new development came with the issuing of another mind-bending fatwa, or religious edict, by the infamous Commission for the Promotion of Virtue and Prevention of Vice — the group of senior Islamic clergy that reigns supreme on all legal, civil, and governance matters in the kingdom of Saudi Arabia.

The commission's damning of the letter "X" came in response to a Ministry of Trade query about whether it should grant trademark protection to a Saudi businessman for a new service carrying the English name "Explorer."

Vont-ils aussi interdire les symboles de multiplication et d'addition ?

Et il y a des enseignants arabes laïcs de la péninsule qui craignent aussi pour leur éducation :

This is 'Commentary on Monotheism by Sheikh Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab.' This is a ninth-grade book [équivalent de Classe de Troisième], printed in 1426-27 [2005-6]. It is a new book, which is in use now.

"What does it say? In Chapter 12, on page 100, which deals with photographers, it says: 'If a photographer takes a picture of a being with a soul created by Allah, he is committing a grave sin, and deserves a severe punishment. This is one of the acts that detract from the monotheism of the believer, because it is an imitation of God's creation, and a form of polytheism. Whoever takes such a photograph will be most severely tormented on Judgment Day. He will be tormented by his own creations. For every picture he has taken, a spirit will be sent to torment him in hell.'

"Such things are told to ninth-grade children, and you still tell me that there is a new political discourse? How should we deal with these students when they bring this ideology with them to university?

[La retranscription dit aussi quelque chose que j'ignorais : selon eux, la société saoudienne a en fait évolué vers encore plus de conservatisme social et religieux à partir de 1979 - la révolution républicaine chiite aurait donc influencé un durcissement de la monarchie sunnite salafiste pour éviter de se faire dépasser ?]

lundi 15 janvier 2007

Je trouverai un titre demain

Piers Steel a fait sa thèse de psychologie à l'Université du Minnesota sur la Nature et la Mesure de la Procrastination en 2002.

Il a un site consacré à son domaine d'étude, Procrastinus, avec un Test bien trop long pour un procrastinateur même occasionnel. Ils essayent de vous attirer à faire le Test interminable en promettant des conseils pour sortir de la procrastination, mais c'est assez décevant, toujours les mêmes trucs qui ne marchent pas trop - à part "Stimulus Control" qui m'explique à nouveau pourquoi je vais en Bibliothèque même quand je n'ai pas besoin de références.

Your score is 97 out of a possible 100

You rank in the top 10% in terms of procrastination. That is, when it comes to putting things off, you often do so even though you know you shouldn’t. Likely, you are much more free-spirited, adventurous, and spontaneous than most. Probably, your work doesn’t engage you as much as you would like or perhaps you are surrounded by many easily available and much more pleasant temptations. These temptations may initially seem rewarding, but in the longer-term, you see many of them as time-wasters. Though you are likely incredibly productive just before a deadline, you might not get all your work done and there is a lot of unwanted stress. You may want to reduce what procrastination you do commit. If so, here are three tips that have been shown to work:

Goal Setting

This is one of the most established ways of moving forward on your plans. Take any project you are presently procrastinating and break it down into individual steps. Each of these steps should have the following three aspects. First, they should be somewhat challenging though achievable for you. It is more satisfying to accomplish a challenge. Second, they should be proximal, that is you can achieve them fairly soon, preferable today or over the next few days. Third, they should be specific, that is you know exactly when you have accomplished them. If you can visualize in your mind what you should do, even better.

Stimulus Control

This method has also been well tested and is very successful. What you need is a single place that you do your work and nothing else. Essentially, you need an office, though many students have a favorite desk at a library. For stimulus control to work best, the office or desk should be free of any signs of temptation or easily available distractions that might pull you away (e.g., no games, no chit-chat, no web-surfing). If you need a break, that is fine, but make sure you have it someplace at least a few minutes distant, preferably outside of the building itself. If you are unwilling to take the time to get there, acknowledge that you likely don’t need the break.

Routines

Routines are difficult to get into but in the end, this is often our aim. Things are much easier to do when we get into a habit of them, whether it is work, exercise, or errands. If you schedule some of those tasks you are presently procrastinating upon so that they occur on a regular schedule, they become easier. Start your routine slowly, something to which you can easily commit. Eventually, like brushing your teeth, it will likely become something you just do, not taking much effort at all. At this point, you might add to your routine, again always keeping your overall level of effort at a moderate to low level. Importantly, when you fall off your routine, inevitable with sickness or the unexpected, get back on it as soon as possible. Your routine gets stronger every time your follow it. It also gets weaker every time you don’t.

Piers Steel vient de publier "The Nature of Procrastination: A Meta-Analytic and Theoretical Review of Quintessential Self-Regulatory Failure", Psychological Bulletin. 2007 Jan Vol 133(1) 65-94 :

Procrastination is a prevalent and pernicious form of self-regulatory failure that is not entirely understood. Hence, the relevant conceptual, theoretical, and empirical work is reviewed, drawing upon correlational, experimental, and qualitative findings. A meta-analysis of procrastination's possible causes and effects, based on 691 correlations, reveals that neuroticism, rebelliousness, and sensation seeking show only a weak connection. Strong and consistent predictors of procrastination were task aversiveness, task delay, self-efficacy, and impulsiveness, as well as conscientiousness and its facets of self-control, distractibility, organization, and achievement motivation. These effects prove consistent with temporal motivation theory, an integrative hybrid of expectancy theory and hyperbolic discounting. Continued research into procrastination should not be delayed, especially because its prevalence appears to be growing.

Oui, l'humour de la phrase finale est volontaire, mais c'est un dossier plus grave que des années de dédramatisation de cette pathologie sur PhD Comics pourraient faire penser, cf. CBC :

People who procrastinate, they tend to be less healthy, because they're putting off going to the doctor, going to the gym. They're less happy, and less wealthy. They have poor performance. (...)

His study found that in the past quarter-century, the average self-score for procrastination (using a one-to-five scale with one being no delaying) has increased by 39 per cent. (...)

Psychologist William Knaus, who has written several self-help books on fighting procrastination since 1977's «Overcoming Procrastination,» said he found it harder to wean chronic procrastinators from the habit of delaying than to wean alcoholics from booze.

Sur ce dernier point, j'ai des doutes sur Knaus - Piers Steel dit que les bouquins de self-help et pop psychology sont complètement à côté de la plaque scientiquement sur ce sujet - mais voir Procrastinators Anonymous ("Hi, I'm Phersu, and I'm a Procrastinator." ALL: "HI, Phersu").

Medical News :

Most self-help books have it completely wrong when they say perfectionism is at the root of procrastination.

Essentially, procrastinators have less confidence in themselves, less expectancy that they can actually complete a task," Steel says. "Perfectionism is not the culprit. In fact, perfectionists actually procrastinate less, but they worry about it more."

Other predictors of procrastination include: task aversiveness, impulsiveness, distractibility, and how much a person is motivated to achieve. Not all delays can be considered procrastination; the key is that a person must believe it would be better to start working on given tasks immediately, but still not start.

It's estimated that about 15-20 per cent of the general population are procrastinators. And the costs of procrastinating can add up well beyond poor work performance, especially for those who delay filing their taxes or planning their retirement.

Steel says motivational failures such as difficulty in sticking to diets and exercise regimes - frequently the focus of New Year's resolutions - are related to procrastination because impulsiveness is often at the root of the failure. "Temptations that are close at hand are difficult to resist. Addicts often relapse after returning from treatment facilities because drugs and alcohol become easily available and daily habits reassert themselves. Or we load up on bread in the restaurant before the meal is served. Or we check our email 10 times an hour instead of completing a project."

The good news is that willpower has an unusual capacity. "The old saying is true: 'Whether you believe you can or believe you can't, you're probably right'," Steel says. "And as you get better at self control, your expectancy about whether you can resist goes up and thus improves your ability to resist."

Steel has also come up with the E=MC2 of procrastination, a formula he's dubbed Temporal Motivational Theory, which takes into account factors such as the expectancy a person has of succeeding with a given task (E), the value of completing the task (V), the desirability of the task (Utility), its immediacy or availability (Γ) and the person's sensitivity to delay (D).

It looks like this and uses the Greek letter Γ : Utility = E x V/ΓD

It's still unclear why some people may be more prone to developing procrastination behaviour, but some evidence suggests it may be genetic.

La formule a-t-elle un intérêt ?

"My theory is that if your model of motivation remains level, it only spikes up right before deadline, like a shark's fin," Steel said.

Self-knowledge might include knowing that the goal is large and then breaking it down into easier, step-by-step tasks in order to succeed, he said, or removing temptations like TV or video games. But he said, most people don't have that much self-knowledge.

Experts in the field say that Steel has captured all the historical analysis on procrastination and has advanced thinking on the subject by adding new elements like a motivation of time. They believe that Steel's formula could lead to further research in the field and eventual methods of helping chronic procrastinators.

Oui, au lieu de copier-coller ces liens, j'ai du travail.

Oh, Bernard doit remplir ses impôts :

jeudi 11 janvier 2007

The urge to surge against the insurgents

Le discours de Bush d'hier où il "explique" (sans vraiment justifier) le surge (une remontée ? terme difficile à traduire qui a l'air d'évoquer une augmentation transitoire, cf. ce qu'en disait Édouard) ou "l'escalade" n'a pas vraiment soulevé l'enthousiasme - même le pompeux "Thucydide" d'opérette et ce flagorneur de Behindrocket le reconnaissent, ce qui est mauvais signe pour la Maison blanche.

Il y a déjà eu plus de soldats US en Irak dans le passé, et de nombreux critiques ont reproché au début à la doctrine Rumsfeld d'avoir toujours voulu mettre peu d'hommes en soutenant l'intérêt du lobby militaro-industriel plutôt que la viabilité à moyen terme de l'occupation.

Mais le contexte fait toute la différence.

Le gouvernement d'al-Maliki ne cache pas qu'il n'en voulait pas, de ces occupants supplémentaires. L'opinion américaine n'exige pas encore un retrait précipité mais elle est devenue si hostile à cette Vanity Pyrrhic "Victory" et l'absence de progrès (voir ce schéma des pertes US) que le simple fait de rajouter 21 500 sur les 132,000 paraît presque une provocation : "vous voulez poignarder dans le dos mon projet, je vais vous montrer que je sais être au dessus des sondages et être l'Autocrate le Décideur qui ajoute +16% au moment où même les Britanniques retirent 3000 hommes (-37%)".

De plus, sans trop vouloir tomber dans une contradiction du type argument du Chaudron (c'est trop, c'est trop tard et d'ailleurs c'est trop peu), ces 20 000 hommes sont nettement moins que les 32 000 qui auraient été prévus par le nouveau Général Petraeus.

Il y a certes quelques passages originaux pour du Bush, comme :

The situation in Iraq is unacceptable to the American people, and it is unacceptable to me. Our troops in Iraq have fought bravely. They have done everything we have asked them to do. Where mistakes have been made, the responsibility rests with me.

Chez un autre politicien, le fait de reconnaître ses responsabilités serait une rhétorique sans signification. "The buck stops here", etc. Mais chez un être qui n'a jamais eu à affronter quelque conséquence en sa vie, on a l'impression d'une première presque contre-nature, même si c'est encore voilé sous la forme passive.

It is clear that we need to change our strategy in Iraq.

So we won't. We'll just pretend.

Ou plutôt disons, comme Froomkin que c'est tout au plus une "inflexion tactique", et non un quelconque changement stratégique.

Jim Henley, William Arkin et Yglesias - pour une fois d'accord avec l'ultra-faucon Ledeen qui au contraire en salive d'avance - supposent que le passage suivant est plus qu'une menace vague contre l'Iran, mais Greg Djerejian (qui consacre un long commentaire au discours) n'y voit que flatus vocis et gesticulations verbales :

Succeeding in Iraq also requires defending its territorial integrity and stabilizing the region in the face of extremist challenge. This begins with addressing Iran and Syria. These two regimes are allowing terrorists and insurgents to use their territory to move in and out of Iraq. Iran is providing material support for attacks on American troops. We will disrupt the attacks on our forces. We will interrupt the flow of support from Iran and Syria. And we will seek out and destroy the networks providing advanced weaponry and training to our enemies in Iraq.

Drum se demande si ce passage signifie que les Américains vont s'attaquer aux milices chiites de Moqtada al-Sadr dans "Sadr City" :

In earlier operations, political and sectarian interference prevented Iraqi and American forces from going into neighborhoods that are home to those fueling the sectarian violence. This time, Iraqi and American forces will have a green light to enter these neighborhoods. And Prime Minister Maliki has pledged that political or sectarian interference will not be tolerated.

On peut en douter dans la mesure où l'exécution récente de Hussein montre encore que Sadr est devenu un pouvoir essentiel dans la majorité chiite.

L'historien Juan Cole dit au contraire que les Milices du Mahdi pourraient simplement se mettre un peu en veille en attendant que les Américains s'attaquent à leurs ennemis sunnites.

Le problème constant du discours bushiste est de persister encore aujourd'hui à dénier cette guerre civile en insistant encore sur le rôle "d'Al Qaeda" (ou plutôt d'un analogue de salafistes jordaniens), pourtant assez mineure par rapport aux Sunnites et anciens Baathistes, comme le rappelle aussi Eason Jordan dans sa longue exégèse.

Add. : Jon Stewart commente aussi le discours ("This is not a surge, it's a 15% tip").

Le scénario absurde évoqué par le nouveau correspondant Rob Riggle (qui remplace Cordry et est vraiment un ancien Major chez les Marines) qui consiste à soutenir à la fois les Chiites contre les Sunnites, les Kurdes contre les Chiites et les Turcs contre les Kurdes risque d'être assez proche des compromis réels. [Riggle avait proposé une meilleure solution.]

Keith Olbermann (youtube) a un de ses discours vibrants, qui énumère les innombrables mensonges passés de Bush. "Oceania has always been at war with East Asia."

mercredi 10 janvier 2007

C'est la mer allée

"Jipé" Vernant (4 janvier 1914-9 janvier 2007).

Cf. le portrait par Catinchi, Assouline (via Samantdi).

Entretien, décembre 2004 :

Rappelez-vous l'histoire de Tithon.

Eos, l'Aurore, était amoureuse de ce mortel à la beauté stupéfiante. Elle demanda alors à Zeus de le rendre immortel. Zeus accepta et gratifia Tithon de l'immortalité, réservée aux dieux. Mais l'imprudente Aurore avait oublié de demander également pour son amant le don de ne pas vieillir: Tithon ne mourut pas mais se dessécha au point qu'il devint une espèce d'épouvantable vieux débris et, finalement, se métamorphosa en cigale...

Les Grecs avaient donc bien senti que la mort est nécessaire pour donner sa valeur à la vie: les valeurs sont d'autant plus fortes qu'elles sont fragiles et c'est la fragilité d'une chose qui fait son prix. Si une œuvre d'art est bâtie pour l'éternité, alors elle n'a plus aucun intérêt, plus aucune valeur; elle ne prend son sens et sa valeur que si elle peut s'abîmer. A tout moment.

Quel est le sens de la vie? C'est ce que les Grecs m'ont appris. Nous sommes des êtres limités. Pourquoi sommes-nous là? Pour rien. Quel est le sens de tout cela? Il n'y en a pas. Mais c'est parce que la vie n'a aucun sens préexistant que nous pouvons, nous, lui en donner un. Telle est notre affaire, notre responsabilité. La vie n'a pas d'autre sens que celui que les hommes essaient de lui donner. Il n'y a pas de destin de l'humanité: c'est nous qui décidons du sens qu'aura eu notre vie. Et, pour les Grecs, c'est la mort qui venait donner un sens à l'existence. Sur ce point, je suis profondément grec. Reste que, pour moi, la mort est et sera toujours un scandale. Un scandale d'autant plus grand que les êtres humains sont précieux et fragiles, en raison même de leur singularité - cette singularité qui nous relie au reste de l'humanité et nous donne, précisément, notre valeur.

Cf. aussi un autre philosophe-helléniste, plus jeune que Vernant, Pierre Aubenque, Le problème de l’être chez Aristote, PUF, 1962, p. 456-484. Selon lui, la formule de la quiddité, du « ce que c’était que d’être » a en partie un sens « rétrospectif ». Antisthène disait que le discours révèle « ce qui était » et la pensée grecque a souvent dit depuis Solon (Hérodote, L'enquête, I, 32-33) qu’on ne pouvait pas savoir ou juger de la vie d’un homme avant qu’elle ne fût achevée (cf. Ethique à Nicomaque, I, 11, 1100 a 11). La quiddité est donc le regard crépusculaire de l’Oiseau de Minerve, comme le dira Hegel (Wesen ist was gewesen ist), pour la spéculation philosophique réflexive en général.
Aubenque, p. 469 :

C’est la mort de Socrate qui façonne l’essence de Socrate : celle du juste injustement condamné. C’est elle qui permet de dissocier ce qu’il y a de contingent dans l’existence historique de Socrate et ceux des accidents de sa vie qui accèdent à la dignité d’attributs essentiels de la socratéité. L’essence d’un homme, c’est la transfiguration d’une histoire en légende, d’une existence tragique, parce qu’imprévisible, en un destin achevé, transfiguration qui ne s’opère que par la mort. En termes plus abstraits, il n’est d’attribution essentielle dans le cas d’un homme (si du moins nous entendons par là une attribution propre, et non pas seulement générique) qu’à l’imparfait, c’est-à-dire portant sur un sujet qui n’est ce qu’il est que parce qu’il n’est plus.

Vernant aimait citer ces deux passages de son camarade Eluard (par exemple en exergue de Mythe et tragédie en Grèce ancienne - II) :

Le bonheur jaillit de mon cri

Pour la recherche la plus haute

Un cri dont le mien soit l'écho

Ein Gespenst geht um in Mesopotamien

Non, littéralement.

In a most bizarre stories ever heard, some people in Baghdad are claiming that they are seeing Saddam’s ghost in Baghdad public areas. Sources say, this may be a plot by the Baathists to keep Saddam ‘alive’ among the Sunni communities.

Some claim he is seen in restaurants, markets and so on.

It is possible many Saddam look-alikes are now more prominent and people are mistaking these look-alikes as possible Saddam.

Moi qui pensais que le seul côté positif de toute ce happy-snuffing où les Sadristes chiites humiliaient le condamné juste avant l'Aïd chiite (lire Belgravia Dispatch) était qu'au moins il n'y aurait pas trop de rumeur d'évasions surprises ou de retour de quelque самозванчество d'un Sosie ou de clones.

Austérité

Un de nos plus grands humoristes continue à explorer les limites du ridicule dans cet autoportrait dans le Sunday Times :

I’ll let you into a secret: I never, never eat at home. I know it’s odd, but I find the idea of eating at home repugnant.

I don’t cook, and my wife doesn’t cook either. The only time I would serve food at home would be if I had to meet someone as discreetly as possible. That happens once a year at most, and even then I don’t eat.

In Paris I’ll have lunch at the Café de Flore, near my home. I always have a salad and scrambled eggs with cheese. No wine. Even if I see people I know, I prefer to sit on my own.

Sounds a bit austere, doesn’t it?

But the Life of a Writer is a solitary one, and when I’m writing I don’t want to unplug.

The only break is for swimming. In the south of France it’s either at Cap d’Antibes or in the Colombe d’Or pool.

(...) I hate war — it scares and disgusts me, and it leaves me bitter and sad.

I get quite a bit of stick in France.

People write books against me.

I find these very boring and repetitive.

Sur le dernier point, il a raison : aucune polémique ou parodie ne pourrait atteindre son propre style.

Add. : Attention si vous avez un ironimètre trop fragile, cette diatribe du même aigrivain contre les petits carnets sans éditeurs :

C’est l’année des blogs justement, c’est-à-dire du nombrilisme planétaire. C’est l’année, cependant, où le nombre des ex-bloggers a rejoint celui des bloggers - preuve que le nombrilisme n’est peut-être pas, tout compte fait, un journalisme

Loué soit le Romanquêteur qui peut nous introduire à un vrai journalisme délivré de tout narcissisme !

lundi 8 janvier 2007

Un vrai journal rendu plus intéressant en plagiant la saison 5 d'une série que je n'aime pas vraiment

7.00 AM : 18 mois ont passé. Tout le monde croit que Phersu est mort à part l'ex président démocrate David Palmer - qui est assassiné - et Chloe O'Brian. Phersu a pris le pseudo de "Frank Flynn", parce qu'il aime bien les allitérations. Il se rend compte qu'il n'a plus de Chinois à la crême anglaise mais il a heureusement du Christstollen au marzipan. Le Président Charles Logan va signer un traité avec l'Ouzbekistan ou je ne sais pas quoi. Phersu part en se disant qu'il est en avance, ça tombe bien parce qu'il n'a pas encore commencé à écrire son cours et qu'il serait peut-être temps.

8.00 AM : Phersu reçoit sur son portable l'annonce de l'assassinat de Palmer. Il découvre aussi qu'un caténaire est tombé sur la voie de la ligne A et que le chemin est bloqué - sans doute un acte terroriste. On lui dit de sortir prendre une navette par bus et il met une demie-heure dans la cohue à remonter l'escalier dans la Gare de Noisy Mont d'Est. Des terroristes ouzbeks enlèvent un stock de potassium.

9.00 AM : Phersu se résigne à croire qu'il ne rentrera dans aucune des navettes de bus. Il redescend dans le RER en se demandant pourquoi il a été si docile depuis une heure qu'il attend. Les terroristes ouzbeks prennent des conducteurs de bus en otages.

10.00 AM : Phersu réussit à se faufiler en cachette dans une navette pour continuer sur la trajectoire. Il parvient enfin à destination après 3 heures de voyage. La femme du Président Charles Logan reçoit par erreur son appel de portable annonçant qu'il serait en retard et qu'il n'avait toujours pas eu le temps de préparer son cours.

11.00 AM : Phersu croise un élève qui lui fait part de sa joie devant l'annulation de son cours. Il ne lui avoue pas qu'il a sans doute été encore plus heureux que lui. La femme du Président Charles Logan découvre la fonction SMS et ça la fait rire. Elle est internée. Les terroristes ouzbeks se suicident au potassium.

12.00 PM : Phersu retrouve au CTU son ex Audrey et tente de lui expliquer pourquoi il n'a pas corrigé ses copies alors qu'il avait quand même quinze jours de vacances. C'est très émouvant.

13.00 PM : Le Président Charles Logan se dispute avec sa femme à cause des SMS. Phersu attend une heure son RER et il s'endort à l'intérieur.

Happy Birthday / Bon anniversaire

Sarah Polley le 12 septembre 2006 au Festival International du Film de Toronto.Sarah Polley !

On la voit ici pendant le Festival International du Film de Toronto, le 12 septembre 2006.

Elle y présentait le premier film qu'elle a réalisé, Away From Her (sortie en France le 4 avril 2007).

C'est une adaptation d'une nouvelle d'Alice Munro (la "Tchekhov de l'Ontario").

Fiona (Julie Christie qui jouait déjà avec Polley Inge Genefke dans La vida secreta de les paraules) est atteinte de la maladie d'Alzheimer et son mari, le narrateur, Grant (Gordon Pinsent) l'observe s'éloigner de lui insensiblement et se rapprocher d'un autre patient de la maison de repos, Aubrey (Michael Murphy), devenu complètement muet.

samedi 6 janvier 2007

Miscellanea

  • Argh, mauvais début d'année. Un de mes blogs favoris Whisky Bar by Billmon a arrêté son Blog et retiré les archives. Il nous reste les Wayback Archives et pour quelques temps ce Cache Google de sa dernière note.

    If nothing else, though, the Whiskey Bar archives prove to my satisfaction that it was possible, even for a nonspecialist (which is all I'll ever be in the fields of foreign policy or military affairs) to see at least an outline of the disaster as it started to unfold. What was lacking in the corporate media was not the opportunity, but rather the insight, the courage and the independence to say what needed to be said -- at a time when the both the powers that be and the paying audience were unwilling to listen.

  • Via boing boing, ce blog Indexed par Jessica Hagy, qui sait faire ressortir régulièrement toute la poésie de diagrammes et de coordonnées sur deux axes (comme cette représentation assez synthétique de toute ma vision du monde, hélas...).

  • Pauvre Roi Saül. Non seulement ce tyran plein d'hubris se fait remplacer par ce petit arrogant de David qui couche à la fois avec sa fille Michal et son fils Jonathan, mais en plus, le petit frondeur lui offre comme dot 200 prépuces de Philistins adultes, ce qui montre une patience un peu maniaque. Un truc étrange avec tout ce shibboleth est que les peuples de la région devaient sans doute pratiquer la circoncision aussi. Landover Baptist propose d'en faire un reality show mais il faudrait aussi trouver une région sans circoncision.

  • Via Fleshbot (less linked among the most popular), le court métrage de 5 minutes qui prétend être une bande annonce pour un remake du Caligula de 1979, avec Helen Mirren (qui jouait déjà dans l'original) en Empereur Tibère (??), Milla Jovovich en Julia Drusilla et Courtney Love en Gaius Germanicus Caligula... Voir aussi l'article du NYTimes.

  • Toute personne qui regarde la série 24 vote pour la torture.
    Si. Effacez vos DivX téléchargés illégalement. Tout de suite.

  • Dans cette interview, Grant Morrison se moque de la représentation actuelle de Batman en psychopathe et l'idée récente de ce cynique opportuniste de Frank Miller qui a annoncé un one-shot Batman vs Al Qaeda :

    I'd rather Batman embodied the best that secular humanism has to offer - a sour-faced, sexually-repressed, humorless, uptight, angry, and all-round grim 'n' gritty Batman would be more likely to join the Taliban surely?

    And while we're on that subject...Batman vs. Al Qaeda! It might as well be Bin Laden vs. King Kong! Or how about the sinister Al Qaeda mastermind up against a hungry Hannibal Lecter! For all the good it's likely to do. Cheering on a fictional character as he beats up fictionalized terrorists seems like a decadent indulgence when real terrorists are killing real people in the real world. I'd be so much more impressed if Frank Miller gave up all this graphic novel nonsense, joined the Army and, with a howl of undying hate, rushed headlong onto the front lines with the young soldiers who are actually risking life and limb 'vs' Al Qaeda.

  • Les Darwin Awards (site) sont un peu trop cruels dans leur humour et ils courent le risque de désensibiliser toute compassion dans une sorte de complaisance paradoxalement providentialiste ("Bien fait, ils l'ont bien mérité"). Qui plus, les histoires de ces décès et auto-castrations mélangent souvent des rumeurs apocryphes qui sont la plaie des Rubriques "Insolite" et "Oddly Enough".
    Mais il faut avouer que les gagnants de cette année ont pour une fois quelque chose de profondément touchant :
    The feet of Jason and Sara, both 21, were found protruding from a deflated, huge helium advertising balloon. Jason was a college student, and Sara attended community college, but apparently their education had glossed over the importance of oxygen.

    When one breathes helium, the lack of oxygen in the bloodstream causes a rapid loss of consciousness. Some euthanasia experts advocate the use of helium to painlessly end one's life. The pair pulled down the 8' balloon, and climbed inside.

    Their last words consisted of high-pitched, incoherent giggling as they slowly passed out and passed into the hereafter.

    J'ignorais complètement cela sur l'Hélium... C'est difficile à trouver ?

  • Dialecte poitevin ?

    D'après France Info et l'Express, Ségolène Royal, arrivée en Chine après un voyage sans doute fatigant, a déclaré :

    "un Chinois qui vient sur la Grande muraille conquiert la bravitude".
    Même si on corrige le lapsus - qui n'en a jamais fait ? -, c'est surtout la phrase toute entière qui fait penser qu'elle hérite au moins autant de Raffarin que de Mitterrand.

    Add. 1 :
    (via tomas dans les commentaires), la video :


    C'est plus saisissant avec le contexte. C'est un peu plus qu'un lapsus, elle n'a pas l'air de se reprendre...

    Ne pas manquer aussi le commentaire hyperlangitudinal de l'ineffable Jack Lang : "Le mot est beau, il exprime la plénitude d'un sentiment de bravoure", a-t-il dit, estimant que "l'inventivité sémantique fait partie de la capacité d'un candidat à parler une autre langue que la langue de bois". La novlangue des barbarismes comme seule rivale à la xyloglossie lisse...
    D'après Libé, elle s'est ainsi justifiée : « La Grande Muraille m'a inspirée, c'est de la poésie, de la philosophie». Le sublime a bon dos.

    Add. 2 Et puisqu'on parle de citations profondes, je ne sais pas à quoi pense exactement Henri Emmanuelli :

    "la France devient grâce à [Sarkozy] - et bien qu’étant la patrie de Descartes - le seul pays où l’on peut être à la fenêtre tout en se regardant passer dans la rue !"

    Il doit songer à la Seconde Méditation ("si par hasard je ne regardais d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes"). Pourtant, comme Emmanuelli parle du Moi narcissique et non du rôle du jugement dans la perception, il doit plutôt confondre Descartes avec Pascal qui critique ce dernier (et qui fut le premier à substantiver le mot "Moi") (Pensée Brunschvicg 323 / Lafuma 688 / Le Guern 582) :

    "Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ?"

    A moins qu'Emmanuelli veuille dire que N.S. est plus pascalien que cartésien ?

    mardi 2 janvier 2007

    What Would Borat Do?

    Oui, toujours une phase d'"agraphie" depuis décembre. Désolé.
    Ca va continuer à n'être que des liens pour quelques temps.

    Une des scènes les plus marquantes de Borat est celle avec les "pentecotistes" de l'UPCI (Missouri-Missisippi) et ce membre tente de répondre en manquant de manière particulièrement remarquable tout sens du ridicule.

    Avant This Week In God, il y avait l'émission God Stuff avec John Bloom (qui travaillait aussi pour The Door, magazine de satire religieuse). Le segment passait des extraits de Télévangélistes et il n'y a souvent même pas besoin de commentaires, comme dans ces scènes de "Guérison miraculeuse par la Foi". Ernest Angley a toujours du succès et prétend même guérir par vidéo. Celui avec la permanente qui prétend soigner tous les maux en soufflant et en frappant à coups de sa veste magique est le richissime Benny Hinn :

    Voir aussi ce segment sur le télévangéliste hurlant de Dallas Jonathan Bell (ancien coiffeur canadien qui a été accusé depuis de molestation sur des enfants), et ce segment sur Robert Tilton, une de ses cibles favorites parmi les plus cupides des télévangélistes (un peu décrédibilisé quand on prouva qu'il ne lisait pas les centaines de demandes de prières dont il acceptait seulement les sommes d'argent).

    lundi 1 janvier 2007

    One Too Many Mornings

    (Better title than "A Thousand Miles Behind").
    Lyrics

    With Dylan and the Man in Black:

    Oh, Happy New Year by the way.

    Theme original par Stephane Sulikowski modifie par Shinoli