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mercredi 18 avril 2007

Dessins et desseins

  • Via un courriel, l'itinéraire GoogleMap Paris-New York.
    29 jours et 7 heures de trajet (mais je ne sais pas trop quelle vitesse ils calculent pour la partie océanique).

  • La carte des attentats à Baghdad, qui révèle non seulement que les attentats frappent plus les zones chiites mais aussi que les zones mixtes diminuent et qu'on a de plus en plus des quartiers dominés par l'une des deux communautés.

  • Je suis tellement tétanisé par les élections présidentielles que je préfère ne pas en parler. Mais quand même, juste pour retrouver le lien plus tard : Nicolas Sarkozy dans 20 Minutes :
    Est-ce que vos propositions vont dans le sens d’une révolution fiscale à la Ronald Reagan ou structurelle à la Margaret Thatcher?

    Pourquoi choisir ?

    Allez, tu préfères ton papa ou ta maman ?

    Quand je propose de changer l’Education nationale, ce n’est pas la structure que je veux changer, c’est l’ambition pour l’école. Je veux une école de la transmission où les mots « exigence » et « excellence » reprennent un sens. Ce n’est ni fiscal, ni structurel. C’est simplement un projet de civilisation.
    Quand je propose la suppression des droits de succession, ce n’est pas pour des raisons fiscales, c’est pour des raisons de valeur : je crois au travail et à la famille.
    C'est en effet une vraie "revalorisation du travail" que de supprimer les droits de succession et d'aller vers une société rigidifiée des héritiers qui se sont donnés la peine de naître. Les plus Réploutocrates américains n'ont pas pu abolir l'impôt sur les successions, sans doute à cause du bolchévisme foncier de cette société. Il faut dire que certaines grandes fortunes prétendaient qu'il y aurait de l'Injustice dans une telle suppression.

    Mais Sarkozy et Parisot peuvent se rassurer, on peut douter qu'on aurait en France d'aussi mauvais sujets épris de redistribution qu'un Warren Buffett. (voir aussi Piketty).

    Dans les universités, chacun choisira sa filière, mais l’Etat n’est pas obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L’Etat financera davantage de places dans les filières qui proposent des emplois, que dans des filières où on a 5000 étudiants pour 250 places.

    Si je veux faire littérature ancienne, je devrais financer mes études ?

    Vous avez le droit de faire littérature ancienne

    Encore un effort, Monsieur, ce n'est pas encore tout à fait la Révolution culturelle.

    ... mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places.

    Il doit parler dans l'abstrait (ou bien penser à des sports études) car il se trompe au moins d'un facteur 100 pour les places, si on additionne CAPES et Agreg de Lettres classiques, et ce malgré les réductions récentes de 33-40% du nombre de places (et quels que soient les projets larvés de fusion des concours classique/moderne).

    On n'oserait pas croire que comme son successeur Jean-François Copé, il puisse avoir des problèmes dans les ordres de grandeur (message subliminal : mais qui était ministre du Budget quand la dette publique passa de 45% à 55% du PIB en deux ans ?).

    Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques.
    Le plaisir de la connaissance est formidable mais l’Etat doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes.

    Pas de doute : c'est un projet de "civilisation". Ou plutôt, comment s'en débarasser.

    Quand Charles Clarke avait dit à peu près la même chose, on avait parlé de "stalinisme" mais il faudrait peut-être être plus précis et parler de simple barbarie (voir aussi ses propos contre La Princesse de Clèves).

  • Les propos de Sarkozy sur l'innéité et les critiques qu'on entend le plus souvent sont également mal-fondées et dogmatiques. Le problème ne serait pas à la rigueur le contenu de telle ou telle thèse sur l'innéité de la propension à tel ou tel comportement, mais l'absence de tout argument ou de toute référence empirique des deux côtés. Bien que Sarkozy ait des motifs idéologiques, accuser le retour d'une nature essentialiste ne suffit pas à régler le problème. C'est une question empirique de psychologie encore controversée qui peut faire l'objet d'expériences et il faudrait que les Français arrêtent un peu de croire résoudre toute question par une troisième partie de dissertation sur le Libre-arbitre cartésien, le Caractère intelligible et la liberté inconditionnée du Pour-soi. De même, Sarkozy croit toujours prouver quelque chose par de simples affirmations et un appel à une sorte de bon sens irréfutable. Je cite de mémoire sa défense "Mais franchement, moi, ça me passerait pas par la tête de faire des trucs comme ça" - ce qui est tellement à côté de la plaque qu'il n'est même pas utile de le critiquer.

  • Un article sur la littérature "gallophobe" ou "déclinologue" comme on dirait ici. Même si l'auteur est controversé, les chiffres des comparaisons restent intéressants.

  • Ok, ok, c'est moi, Halle Berry.

  • lundi 2 avril 2007

    Call of Sokal'thulu

    Je me demandais si on pourrait trouver un vrai po-mo qui ressemblerait un jour au Générateur aléatoire d'articles po-mo. Même notre nerveux et brillant sophiste slovène serait presque trop sensé.

    Mais heureusement est venue cette prof d'University of Toronto (via Dawkins) avec des passages comme cet article sur l'enseignement de la philo :

    How student and teacher bodies, positions and perspectives interact is the nature of the classroom universe. Quantum feminisms are by definition relentlessly subjective, multiple and diverse, recognizing bodies as our interface and threshold with the world. As Gayatri Spivak says, embodied subjectivity is our place and situation in reality. Multiplicity, hybridity and complexity (and transdisciplinarity) are the tools that I use to enact changes in perspectives in the classroom. When these three elements blend in quantum feminisms, they render the virtual material, the material virtual and produce situated knowledges. Situated knowledges are Donna Haraway's call for a feminist "embodied objectivity" (189) that allows for a particular and specific embodiment where a limited perspective promises truer insights, she claims, than a god-like transcendence (190). Once situated, multiplicity, hybridity and complexity are also the three ruling tenets of quantum mechanics as well.

    Oui, on dirait vraiment le Générateur. Ca a l'air de dire qu'elle tient compte des points de vue en classe et qu'elle doit donner des hyperliens ?

    Lire aussi son résumé de thèse (non, pas la peine de me remercier). Oh, où est le petit ordinateur héroïque pour nous protéger de cela ? Non, ce n'est pas un Poisson d'avril...

    Add. : L'auteur (qui est en fait à University of Texas, et seulement en visite à Toronto) répond, en faisant remarquer qu'il est toujours facile hors-contexte de citer un texte académique. C'est vrai, c'est souvent trop facile et un jargon peut très bien se justifier s'il est précis. Mais le problème est de savoir s'il y a vraiment un contexte où ces métaphores accompliraient ici un acte de communication pertinent.

    mercredi 28 mars 2007

    José Bové donné gagnant face à Jacques Chirac


    ... au ministère de l'agriculture.

    En attendant le retour de Phersu, je meuble en signalant un projet amusant, lancé par ELLE. Il s'agit de former le futur gouvernement de François Bayrou -- on prend les meilleurs à gauche, les meilleurs à droite et même les meilleurs qui n'y connaissent rien, mais on les aime tant qu'on voudrait les voir plus souvent : et ça fait un gouvernement ! Elle est pas belle, la vie ?
    Le jeu dure déjà depuis un certain temps : il y avait huit candidats pour chaque poste au départ, et comme le jeu fonctionne sur le modèle de la Star'Ac (une élimination par semaine), il n'en reste plus que quatre. Ainsi, Jean-Pierre Pernaud ne sera pas ministre de l'économie, alors qu'il avait toutes les qualités requises.

    Je n'ai pas trouvé d'indication du nombre de votants ; mais si vous voulez peser sur le sort du monde, je vous signale qu'au ministère des affaires étrangères le classement est le suivant :
    1. Christine Ockrent  [Christine Ockrent??]
    2. Michel Rocard
    3. Jean-Marie Cavada
    4. Laurent Fabius, qui risque donc encore une fois l'élimination.
    Allez, une bonne action : votez Fabius, l'occasion ne s'en présentera peut-être plus très souvent.

    À l'attention toute particulière des profs et assimilés, le classement à l'Éducation nationale : Élisabeth Guigou (ce doit être dans le rôle de la femme politique de service, car elle n'a pas l'air de s'intéresser particulièrement à l'éducation) ; Alexandre Jardin [???] ; Claude Allègre ; Michel Onfray, qui risque donc lui aussi l'élimination.

    Il y a des choix pittoresques : Clémentine Autain est ministre de l'intérieur ; et des choix judicieux : Fadela Amara aux droits des femmes. Au ministère de l'économie et de l'emploi, le casting déjà curieux au départ est dans un état désespéré : il reste Carlos Ghosn, Michel-Edouard Leclerc, Laurence Parisot et Olivier Besancenot...

    samedi 24 mars 2007

    Spring Forward

    Pourquoi tous ces lapins sont-ils si aliénés au temps ?Oh, non, le Passage à l'Heure d'été cette nuit signifie une heure de moins pour finir ce que j'ai à faire.

    Désolé pour le retard, même pas le temps de bloguer les films en ce moment.

    mercredi 21 mars 2007

    Coulisses

    Wow, si vous avez aimé I *Heart* Huckabees (étrange comédie métaphysique où Isabelle Huppert jouait une déconstructionniste subvertissant le sens de l'existence et où Naomi Watts jouait une femme qui ne supporte plus sa perfection - on te comprend, Naomi), vous pourrez apprécier ces vidéos (autres sources) où l'auteur-réalisateur-producteur du film David O.Russell perd ses nerfs face à l'actrice Lily Tomlin qui lui demande de cesser de réécrire les scènes

    Je crois qu'on voit Dustin Hoffman fuir le conflit dans la première scène, mais ensuite il n'a pas plus de chance pour calmer Tomlin dans la seconde vidéo. Lily Tomlin réussit à être très positive sur Russell pendant la promotion du film.

    lundi 19 mars 2007

    Tourisme et Bildung

    Je sais que c'est censé s'opposer chez l'homo viator, le tourisme étant à l'éducation ce qu'un blog est à un vrai travail ou à un livre, mais je ne peux m'empêcher de croire qu'en théorie ce genre d'Université Flottante (via amygdala) pourrait être fascinante. Ce serait la pointe extrême de l'idée d'insularité du campus - mais en inversant l'ascétisme monacal en pur "divertissement" embarqué. Ils ont une histoire déjà ancienne avec leur "Faculté des Sept Mers". La croisière/cursus actuelle (semestre de printemps) va du Brésil vers l'Inde, celle de juin-août va longer la côte ouest de l'Amérique latine (les tarifs d'inscription sont entre 15 000 et 25 000 dollars - à ce prix-là, on peut sans doute financer un semestre dans une bien meilleure université et une croisière normale, mais sans doute pas les deux en même temps). Oui, ils embauchent.

    Mmh, je vois bien aussi une série télé dans un tel contexte de Campus itinérant, un mélange des Enfants du Capitaine Grant/Deux ans de vacances, de Love Boat et de Undeclared ou Felicity (avec peut-être même des côtés Lost tournant au Lord of the Flies/Battle Royale si vous voulez vraiment).

    Il nous avait prévenus sur les "forces de l'esprit"

    La Force Tranquille revient. Et il est pas content. Surtout contre Jospin, semble-t-il.

    Booo. Who you gonna call?


    Add. Oh, et tout le monde a vu au moins le QG uhémpiste (par exemple chez Krysztoff ou chez Rorschach (Hibou)) ?

    Bayrycentre

  • Sur le blog Deux Profs de ZEP, un élève demande au prof d'éducation civique de définir ce qu'est le Centre :
    - Alors en gros le centre c’est ni la Gauche ni la Droite.

    - Euh…

    - Enfin c’est ce que dit François Bayrou.

    - Qui ça ?

    - François Bayrou, le monsieur du centre, de l’UDF.

    - Ludé quoi ?

    - L’UDF comme Union pour la Démocratie Française, le parti de Gilles de Robien notre ministre.

    - Comme Sarko ?

    - Euh… Oui mais non… parce que, enfin, c’est compliqué la politique…

    - Mais alors le centre c’est comme Sarkozy ?

    - Ben non, Sarkozy c’est l’UMP, la droite, alors que le centre, il gouverne avec la droite mais parfois il veut être de gauche. Et puis les élections c’est compliqué parce qu’on dit des choses et que parfois… euh

    - Vas-y, en fait vous savez pas !».

  • Dans la pséphologie américaine, on parle de l'effet Bradley (ou effet Wilder) pour désigner le fait qu'un candidat noir peut avoir un meilleur score dans les sondages qu'en réalité parce que de nombreux répondants n'osent pas avouer qu'ils n'ont pas envie de voter pour lui. De même en politique britannique, on a pu parler en 92 du Facteur du Tory Timide qui niait qu'il voterait conservateur alors qu'il se ravise dans l'isoloir.

    Il existe de même en France un problème de sous-évaluation du vote Le Pen. Un sondeur disait (sans doute en simplifiant) qu'en gros, on avait tendance à multiplier à présent par 1,7 les données brutes en faveur de Le Pen. Jean-François Kahn a prétendu qu'il pouvait très bien être au contraire surévalué dans les mesures actuelles mais si c'est le cas il serait pour la première fois en déclin aux présidentielles. Le Pen serait autour de 13-14% - via Sondages 2007, 14% selon l'Ifop et CSA, 13,5% selon LH2 (ah, ces décimales ridicules alors qu'ils empêchent de mettre les marges d'erreur comme dans les sondages américains), 13% selon Ipsos, 12% selon la Sofres. Le Pen a eu 14,38% aux élections présidentielles de 1988, 15% en 1995 et 16,86% au premier tour de 2002.

    Il y a eu à l'inverse un effet des Verts à une époque. Les électeurs indécis ou peu politisés annonçaient souvent le vote écologiste par défaut alors qu'ils n'avaient pas encore déterminé leur vote - de toute évidence, à en juger par les 0,5% de Voynet, cet effet, s'il a existé dans les années 90, s'est dissipé.

    Il est possible - même si ce n'est qu'une hypothèse sans aucune confirmation scientifique - qu'il y ait aussi un "effet Bayrou" du même type aujourd'hui. Notre τρίτος ἄνθρωπος a eu 6,84% des voix en 2002 et il semble que le vote démocrate-chrétien pro-européen soit souvent, même avant la désintégration de l'UDF post-giscardienne aux alentours de 8%. Si Bayrou est vraiment au score annoncé de 20% (voire 24% au plus haut), ce serait un triplement étonnant, passer d'environ 2 millions de Français à 6 millions. Il est vrai que le contexte particulier peut réhausser notre nouveau Démosthène entre une majorité anxiogène et une opposition qui n'entraîne pas d'enthousiasme. S'il y a bien un effet Bayrou purement statistique et non pas une vraie vague profonde pour la Troisième Force du Ni-Ni, c'est peut-être que ce vote serait une sorte d'inverse du vote Le Pen. Le Pen tente de rassurer et dit qu'il est centre-droit, alors qu'il est vraiment un vote radical à l'extrême. Bayrou prétend "révolutionner le système" (c'est-à-dire toute vie politique qui ne met pas M. Bayrou au centre de ce système) alors qu'il incarne un petit parti conforme aux principaux choix des deux partis principaux de gouvernement. Il est donc un vote qui n'inquiète personne, mais qui peut prendre une apparence de révolution ("contre le Système"). Ce mélange d'apparence de marginalité sans anxiété pourrait expliquer une survalorisation dans les sondages. Un indécis exprime ainsi son mécontentement contre les deux partis de gouvernement sans pouvoir être taxé de "vote protestataire" - à part chez quelques éditorialistes ridicules qui prétendent que le centrisme imaginaire est un "totalitarisme" qui va nier toute vie parlementaire.

  • Un des paradoxes bien connus sur les sondages est que les gens disent (d'après des sondages sur les sondages) que cela ne les influence pas eux mais qu'ils croient que cela a une énorme influence sur les autres. Ce doit être une sorte d'effet du type "Lac Wobegon".

    Je ne comprends pas ceux qui nient toute importance aux sondages en répétant toujours les mêmes arguments, qu'on peut fabriquer l'opinion, que c'est n'importe quoi, qu'une modification très légère des questions obtient des réponses totalement différentes, etc.

    Le fait qu'il y ait parfois des sondages idiots (ainsi ces confusions entre "popularité", "évaluation de l'éligibilité aux yeux des autres" et "éligibilité") ou des écarts larges entre les "mouvements" dans les divers instituts n'empêche pas qu'il y ait des fourchettes qu'on prend plus au sérieux qu'on ne le prétend. Certes, si vous êtes très militant, doctrinaire ou membre d'un parti très minoritaire, ces sondages n'ont aucune importance sur votre vote. Mais quel électeur qui préfère un choix entre les partis de gouvernement et qui est un peu stratégique pourrait prétendre que cela ne peut l'influencer et que cela n'agit que sur ceux qui seraient moins "éclairés" ?

    Imaginons par exemple que Bayrou soit à 30% dans les sondages et Royal à 15%, ceteris paribus. Qui pourrait prétendre que ces estimations n'auraient pas d'influences politiques réelles et que cela ne devrait pas en avoir ? Imaginons que Sarkozy écrase Royal dans les sondages de 2e tour avec un écart vraiment très large au-delà de toute marge d'erreur, disons à 60-40 - ce qui a peu de chances d'arriver - ne serait-il pas légitime pour le vote anti-Sarkozy de recalculer alors ses priorités de premier tour ? On en est très loin et je ne pense pas qu'une montée de Bayrou puisse encore justifier un vote purement stratégique pour le second tour, mais cela n'exclut pas la possibilité que ces sondages deviennent de vrais instruments.

    Le problème est alors le risque de "spirale spéculative" ou de bulle (qui peuvent d'ailleurs aussi être des spirales descendantes). Dans le cas de Bayrou, c'est en partie parce que les sondages ont pu le prendre au sérieux qu'ils sont devenus des prophéties s'auto-renforçant pendant un moment (d'où d'ailleurs l'importance de ces vaticinations, comme y insistait Jules le mois dernier). De même, Royal dispose d'un capital du vote anti-Sarkozy qu'elle a intérêt à ne pas perdre ou elle risquerait de dévisser d'autant plus vite. Il suffirait qu'elle ne soit plus une bonne candidate du second tour pour qu'elle s'effondre au premier.

    Il y a d'autres paradoxes avec ce vote centriste. D'après un sondage curieux, il y aurait une majorité absolue des sondés qui souhaiterait qu'il soit au second tour, mais il n'y a pas de majorité absolue qui souhaite d'emblée qu'il gagne. Il est pourtant aujourd'hui plutôt probable qu'il gagnerait dans les deux cas de figures (Bayrou-Royal ou Bayrou-Sarkozy) s'il passait au second tour. En fait certains non-bayrouistes doivent dire qu'ils "souhaiteraient" qu'il soit là seulement parce qu'ils ne souhaitent pas l'un(e) des autres candidats principaux, sans voir la conséquence de ce qu'ils disent désirer. A l'inverse, il y a aussi conformément au paradoxe d'Arrow relevé sur éconoclaste plus de chance que Sarkozy et Royal l'emportent en fait sur Bayrou même si Bayrou l'emportait sur chacun d'eux séparément.

  • Les objections sur son impossibilité future à gouverner ne sont pas de bons arguments et sonnent plus comme de l'intimidation. Tout le monde sait qu'il finirait par revenir à une alliance avec une partie de l'UMP et donc qu'il n'y aurait pas d'instabilité. C'est un peu comme Borloo qui prétend qu'il ne donnera pas son soutien à Sarkozy tant que celui-ci n'aura pas donné des garanties, mais qui avoue en même temps qu'il ne voterait pour personne d'autre. Mais on n'aurait pas une Troisième Force, seulement une révolution de palais - certes impressionnante et surprenante - à l'intérieur de la droite, les orléanistes (voir Rolin sur cette généalogie à temps long) et démocrates-chrétiens renversant la domination bonapartiste qui vaut depuis la période 1986-88 (sauf si on compte en partie Balladur ?). Ce changement de rapports de force à l'intérieur des droites ne suffirait à réfuter pour autant la (Pseudo)loi de Duverger (selon laquelle la majoritaire à deux tours va favoriser mécaniquement le Bipartisme), contrairement à tous les voeux de Marianne.

  • Je ne sais si le nouveau Démosthène écrit lui-même ses discours - le Canard enchaîné disait que ses multiples Nègres pour "son" Henri IV n'ont pas touché d'intérêts et qu'il en tira un investissement équestre - mais cet article qu'il signa en 2004 contre Maurice Druon est très bien.

    La défense de la laïcité devrait plus me plaire sur le fond mais j'ai du mal à croire sur parole celui qui voulut aggraver les dispositions de la loi Falloux il y a douze ans, contraignant le camp laïc qui demandait sa suppression depuis au moins 1960 (loi Debré) à venir au contraire à sa défense.

    Il y a ce lien curieux qui circule, le Programme de Bayrou. Je ne sais pas comment ils s'y sont pris...

  • dimanche 18 mars 2007

    24 sucks even more than you think

    Qu'est-ce qui est arrivé dans ce pays ? Il y avait une époque où on pouvait avoir un dîner qui ne tourne pas autour d'une de vos séries télé préférés. Oui, West Wing est quand même au-dessus de L'homme du Picardie et la qualité est plutôt meilleure qu'il y a vingt ans (d'ailleurs, à part peut-être The Avengers, elles sont presque toutes insupportables à regarder aujourd'hui), mais heureusement Lemieux résume bien à quel point elles sont surévaluées :

    • Sex and the City: It was a critical darling and cultural icon. And it was also a show with C-grade broadcast sitcom writing and (Cynthia Nixon excepted) barely-adequate-to-horrible acting about exceptionally uninteresting characters learning fundamentally sexist lessons. In other words, the easiest choice on the list.
    • 24: The recent discussion about its right-wing politics obscures the real problems with the show, which is that it sucks, something that was quite evident before its politics became clear. In the immortal words of the Editors, "Here's the plot of "24": there's a bunch of terrorists, Kiefer stops them, oh wait no he didn't, but now he did really, and just in the nick of time! Because even the cruelest TV executive couldn't stretch this over more than 4 hours, the rest of the show has to be padded out with subplots, mainly involving his daughter getting kidnapped. Oh, Lord, can that girl get kidnapped. Most people can live a good long life without ever getting kidnapped; an unfortunate few do get kidnapped once; there are probably a few examples through history of people getting kidnapped two, or maybe even three, times. Kiefer's daughter gets kidnapped like seven times a day. She gets kidnapped from people who kidnapped her from kidnappers. If she makes it to dinner time without being kidnapped at least twice, that's a cause for celebration in the Kiefer household." And the fact that Keifer Sutherland can win a best actor Emmy tells you all you need to know about the value of those awards.

    Ca me fait penser que je n'avais pas lié dans la nouvelle présentation du New Yorker la vidéo sur l'usage de la Question chez Kiefer.

    samedi 17 mars 2007

    Twice Shy

    Her scarf à la Bardot,
    In suede flats for the walk,
    She came with me one evening
    For air and friendly talk.
    We crossed the quiet river,
    Took the embankment walk.

    Traffic holding its breath,
    Sky a tense diaphragm:
    Dusk hung like a backcloth
    That shook where a swan swam,
    Tremulous as a hawk
    Hanging deadly, calm.

    A vacuum of need
    Collapsed each hunting heart
    But tremulously we held
    As hawk and prey apart,
    Preserved classic decorum,
    Deployed our talk with art.

    Our Juvenilia
    Had taught us both to wait,
    Not to publish feeling
    And regret it all too late -
    Mushroom loves already
    Had puffed and burst in hate.

    So, chary and excited,
    As a thrush linked on a hawk,
    We thrilled to the March twilight
    With nervous childish talk:
    Still waters running deep
    Along the embankment walk.

    Seamus Heaney, Belfast, 1965.

    Précédente

    jeudi 15 mars 2007

    Willkommen in Liechtenstein

    Ici, c'est Vaduz oben am jungen Rhein, d'après cette cartographie de la francosphère. C'est le moment de fonder une Anstalt.

    Ca me mettrait en union douanière avec Koz dans le schéma... Mais Swissroll risque de m'envahir "par erreur".

    Philippe Bilger a le Grand-Duché, Guillermito a Andorre. Saint-Marin, le Vatican, Malte et le Rocher des trafiquants du casino n'ont pas l'air représentés.

    mercredi 14 mars 2007

    La nordisation

    Le fameux rapport qu'on présente à tort comme torride "Contexte de la sexualité en France" de l'Inserm-Ined (qui a un but avant tout de prévention et participe à un programme sur la Chlamydia) se trouve résumé en 27 pages sur le site de INED (.pdf), avec notamment quelques considérations sur la méthode et la fiabilité qui répondent aux questions sceptiques qu'on peut lire dans toutes les dépêches. Il a déjà été beaucoup évoqué par la presse, par exemple dans Libération, Marianne. Comme les résultats avaient relativement peu changé chez les hommes, on a surtout insisté sur de légers changements chez les femmes, par exemple sur la précocité du premier rapport.

    En un demi-siècle, l’âge médian des hommes au premier rapport sexuel s’est abaissé d’un an et demi (de 18,8 ans pour les générations âgées aujourd’hui de 65 à 69 ans, à 17,2 ans pour les plus jeunes), alors que celui des femmes, initialement beaucoup plus élevé (20,6 ans), a chuté de trois ans (17,6 ans pour les femmes âgées de 18 ou 19 ans).

    Il y avait d'ailleurs déjà eu une étude dans Populations et sociétés (.pdf) pour comparer les données internationales. Ils distinguent trois modèles :
    1) les sociétés où les hommes peuvent avoir quelques relations pré-maritales mais où la première relation pour les femmes est plus précoce, assez tôt dès la puberté et doit coïncider avec un mariage avec un homme plus âgé (modèle représenté ici par certains pays africains),
    2) les sociétés où les hommes ont des relations pré-maritales précoces mais où la première relation pour les femmes doit coïncider avec le mariage, plus tard (sociétés méditerranéennes, catholiques latines et d'Amérique du sud) et
    3) des sociétés plus "égalitaires" pour l'âge, soit pour retarder toute relation pré-maritale (certaines sociétés asiatiques et la Pologne) soit pour les tolérer mais avec égalité entre les sexes (sociétés d'Europe du nord - l'Islande est à une égalité parfaite à 16,6 ans et les femmes commenceraient même à y être plus précoces).

    La lutte contre le mariage précoce est en train de modifier le premier type et parmi les pays du second type, la France est l'un de ceux qui passe plus clairement dans le troisième, les taux étant désormais assez proches de l'Europe du nord mais aussi des Etats-Unis.

    La France, un pays latin qui s’est rapproché de l'Europe du Nord

    En France, les hommes et les femmes des générations ayant autour de 50 ans en 2000 (nées entre 1944 et 1953) ont eu leur premier rapport sexuel en moyenne à 17,9 ans et 18,9 ans respectivement. L’enquête la plus récente dont on dispose, le Baromètre santé jeunes de 1998, montre que les âges à l’initiation sexuelle sont devenus identiques, 17,4 ans pour les garçons et 17,6 ans pour les filles, dans les générations nées vers 1980. Dans celles qui ont commencé leur vie sexuelle vers 1950, les comportements en France étaient proches de ceux des pays latins (grand écart entre les âges des hommes et des femmes à l’initiation sexuelle) ; on peut dire qu’ils se sont rapprochés aujourd’hui de ceux des habitants de l’Europe du Nord.

    Un autre rapprochement dans l'égalité serait la hausse (de déclarations) de rapports homosexuels féminins, passés en une douzaine d'années d'une moyenne de 2,6% des femmes à 4%. Le taux de rapports lesbiens est même supérieur au taux masculin dans la classe d'âge des 18-24 ans : 5,7% des femmes et 3,8% des hommes. [En passant, l'homosexualité exclusive a l'air très rare sans aucune expérience hétérosexuelle, 0,3%]. Il y a aussi de considérables variations sociales :

    Les pourcentages enregistrés dans l’agglomération parisienne atteignent leur maximum chez les femmes de 40-49 ans (8,1%) et chez les hommes de 35-39 ans (6,6%), et plus encore chez les Franciliens de ces âges qui déclarent un niveau d’étude supérieur à Bac +2 (11,4% et 14,6% respectivement), ce qui traduit en partie les parcours sociaux particuliers que doivent emprunter les personnes homo-bisexuelles pour vivre dans des environnements plus tolérants.

    Add. : Ca n'a rien à voir mais il y a d'autres différenciations dont je ne sais si on pourrait les faire entrer dans les théories du type EQ-SQ : le phallocentrisme du regard masculin.

    Un cours de méthodologie, par Olivier Blanchard. Paraphrase et commentaire : Cardamome.


    Olivier Blanchard est professeur au MIT, une institution qui offre du savoir gratuit sur internet et des diplômes payants sur la Côte Est. Il a écrit des tas de livres dont un avec Daniel Cohen, de la PSE (on ne dit pas EEP, c'est vulgaire). Pour autant, il serait prématuré de dire qu'il dit tout haut ce que les strauss-kahniens pensent tout bas, hein.
    Il nous offre aujourd'hui, gratuitement aussi, un cours de méthodologie de la pensée politique. Accrochez-vous, c'est construit.

    Read next

    samedi 10 mars 2007

    Captain Terror Alert vs Professor Habeas Corpus

    Captain America n'utilise pas YouTube mais il apparaît souvent dessus, dans des costumes absolument ridicules.

    Dans son désir vain de rendre leur personnage de 1940 un peu "relevant" pour cette époque (un des termes les plus utilisés dans les comics depuis les années 70), Marvel Comics tente de faire croire qu'ils ont tué le (francophile - mais un peu idiot) Captain America - ce qui risque d'être vrai pour, disons, au moins un bon mois (quelqu'un a compté que c'est la dixième fois qu'il meurt en 66 ans). Au moins, comme dit Ari Emmanuel, ils lui ont épargné de l'envoyer à l'hopital Walter Reed.

    Sur leur site, ils ont un sketch de l'émission de Stephen Colbert - qui est entré dans le complexe graphico-industriel depuis que son Tek Jansen est vraiment adapté chez ONI. Colbert propose que l'Attorney General Alberto Gonzales devienne le Captain Terror Alert. Il passe aussi un extrait de Fox News qui dit qu'on "n'a pas le droit de tuer Captain America quand le pays est en guerre", ce qui dépasse toute parodie qu'on pourrait faire de cette chaîne.

    Même le New York Times feint de participer à l'opération commerciale - après tout, comme dit Mike Sterling, il y a toujours des Américains qui croient que DC Comics a vraiment tué Superman en 1993.

    Le gimmick marche bien à court terme - le numéro s'est arraché, il est d'ailleurs assez bien fait dans ce qu'il prétend faire, et j'en ai acheté un pour payer l'université à mes enfants dans 25 ans - mais ensuite le bilan est globalement négatif dès la résurrection et dès que les lecteurs se rendent compte qu'ils étaient finalement plus attachés au personnage quand il était mort que dans sa n-ième réincarnation en Classic Coke.

    Et puisqu'on parle de comics, cette semaine paraît aussi une vraie bande-dessinée qui n'est pas décidée que par des trucs de PR, Age of Bronze #25, où Hélène dit à Ménélas en ambassade à Ilion qu'elle a suivi Paris volontairement (je ne veux pas spoiler, mais ça fait quand même 3000 ans qu'on connaît l'histoire). Cela m'a plus bouleversé que tout décès pseudochristique de Steve Rogers.

    mercredi 7 mars 2007

    Μολών Λαβέ - "Bring it on"

    Via Thers, la Muse du viril Victor Davis "Thucydide aurait voulu que vous envahissiez l'Iran MAINTENANT" Hanson chante les armes et les lois des 300 :

    Ultimately the film takes a moral stance, Herodotean in nature: there is a difference, an unapologetic difference between free citizens who fight for eleutheria [freedom fries] and imperial subjects who give obeisance. We are not left with the usual postmodern quandary 'who are the good guys' in a battle in which the lust for violence plagues both sides. In the end, the defending Spartans are better, not perfect, just better than the invading Persians, and that proves good enough in the end. And to suggest that [un]ambiguously these days has perhaps become a revolutionary thing in itself.

    Oui, il y a tellement de films "post-modernes" qui idéalisent les terroristes et les Nazis en ce moment qu'il est héroïque de faire un déluge de testostérone pour défendre la "liberté" (i.e. : le totalitarisme laconien d'une société qui génocidait ses Hilotes) contre des Impérialistes.

    Mais l'ennui avec un cryptostraussien comme VDH est qu'il veut probablement dire le contraire de ce qu'il semble dire, en faisant signe de manière subversive par ce Harkonnen-Achéménide vers un autre Roi des Rois, ou en soutien à un autre Iranien exalté, qui sait.

    Et puisque la référence épique d'Hollywood semble toujours être Tolkiennique, les Spartiates ont quelque chose de khazad, discuss.

    Add. (3/16) :

    Zut, maintenant, je suis d'accord avec cet article de VDH contre l'immonde D'Souza. Devrais-je consulter un médecin ?

    Oh, et le conservateur Stuttaford (via Gary Farber) pose une bonne question :

    The movie fails to address the central paradox of Thermopylae: the fact that freedom's most effective defenders cared so little for individual liberty themselves. Of course, in our age of Guantanamo and Jack Bauer, that's a question that still resonates. If Mr. Snyder has chosen to dodge it, he's not the only one.

    L'Iran aussi veut exploiter 300.

    Par ailleurs, rien que pour mes amis frankmilleromaniaques, cette critique très réjouissante de 300, bien qu'un peu injuste peut-être. Oui, bien sûr que je vais le voir quand même.

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