Phersu

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lundi 25 décembre 2006

Phersu Personne de l'année

Si. Entre autres.

Bon, je nomine ce choix comme la Démagogie la plus Grotesque du Siècle du Time depuis leurs choix ridicules en 1990 (George H. Bush), 2000 (George Bush) et 2004 (George Bush - pour comparer les trois seuls autres humains à avoir été nommés deux fois sont Staline, 39 et 42, Gorbachev, 87 et 89, et Clinton, 92 et 98).

Mais ils avaient déjà fait pire : nommer comme Personne de l'Année le Soldat Américain en 2003 [on peut être plus indulgent pour les whistleblowers en 2002 qui n'étaient pas aussi génériques ou chauvins], la Terre (!) en 1988, l'ordinateur en 1982, les femmes américaines en 1975, la classe moyenne en 1969, la jeunesse en 1966, les scientifiques américains en 1960 et le G.I. en 1950.

Je nomme donc officiellement le Lecteur/trice de ce Blog comme Personne Intergalactique de l'Eon.

Add. : Oh, j'ignorais encore le gadget du miroir sur la couverture. Est-ce une sorte de happening ou de kamikaze du Quatrième Pouvoir ?

mercredi 13 décembre 2006

Cincinnatus au Chili

Bien que je sois souvent écoeuré par l'indulgence d'une partie des Français (Depardieu, Danielle Mitterrand, la plupart des gens du Monde diplomatique) pour la dictature totalitaire de Castro, j'ai du mal à imaginer que cela puisse pour autant servir à justifier en quelque façon la dictature brutale de Pinochet (qui finalement se prononce bien à la française, tout comme Ross Perot que les journalistes français américanisaient à tort en 1992) comme le tente le Washington Post.

Voir l'analyse d'Uggabugga, Greenwald, Yglesias. Oh, et surtout la fin de l'éditorial qui dit que Jeanne Kirkpatrick avait raison de soutenir les dictatures de droite contre les dictatures "de gauche". On parle d'une personne qui avait déclaré que les Bonnes Soeurs violées et tuées par des escadrons de la mort du Salvador l'avaient bien cherché.

dimanche 10 décembre 2006

Very Insignificant People

  • Il y a quelque chose dans cette couverture de Paris Match qui dépasse leur habituelle pommade obséquieuse pour devenir presque involontairement ironique si une telle chose était possible. Cela devient narquois à force d'en rajouter dans la flagornerie servile.

    Choisi par la Providence pour Nous Guider
    UN DESTIN EN MARCHE
    SARKOZY PREND SON ENVOL (je vous jure que sic)
    Le ministre de l’Intérieur s’est officiellement lancé dans la bataille pour l’Elysée.
    Match a suivi les premiers jours de campagne du candidat

    Ils avaient certes beaucoup à se faire pardonner en n'ayant fait que renvoyer leur rédacteur en chef pour lui plaire.

  • Didier Jacob a beau faire, même en se forçant, il n'arrive pas à écrire aussi mal que la vraie Angot.

  • On descend encore plus bas dans l'insignifiance. Même en dehors du racisme sous-jacent et de la bêtise, cet anti-natalisme narcissique montre une époque de provocation infantile : "faire des enfants est aussi un crime contre l’humanité". Oui, et respirer aussi, péché trop impuni. J'espère que le nihilisme plus argumenté de Benatar permet de dépasser cet égoïsme tranquille.
  • vendredi 8 décembre 2006

    Gravitas

    Via Unfogged (sans doute l'un des blogs académiques les plus divers, plus drôle que Bois tordu en tout cas - ok, à part Kieran), ce légendage dans les commentaires sur Bush à l'ONU :

    Pfffff....
    "Pfff... Hey, M'sieur le Secrétaire Général, ça va me servir à quoi dans la vraie vie, ça ?"

    [il faut peut être avoir été prof pour trouver ça amusant]

    Le fait qu'il y ait l'infâme Sam le Pirate derrière rend le truc encore plus grandiose.

    [Voir aussi les légendages chez Norbizness]

    mardi 5 décembre 2006

    Autoscepticisme

    Nous savons tous que nous avons des croyances fausses. Normalement nous ne savons pas lesquelles parce que si nous le savions, nous n'y croirions plus (en fait, contrairement à cette conception de la rationalité épistémique et au paradoxe de Moore, je crois que lorsque je dis "je" dans un quelconque credo, je ne dois guère renvoyer qu'à un faisceau instable ou une assemblée d'émotions ou dispositions et donc qu'en un sens je peux savoir qu'une croyance est fausse et quand même continuer en majorité à y croire, mais peu importe ce cas de théorie humienne du moi]. Puisque le Bandarlog énumère quelques propositions qui lui semblent les moins fiables, les moins vraisemblables parmi celles auxquelles il donne son adhésion, on peut y jouer aussi - si ce n'est que les miennes seront plus anecdotiques et moins profondes.

    Les nominés parmi mes croyances qui ont le plus de chance d'être fausses en ce moment, dans un ordre d'invraisemblance décroissant :

    1 Je crois de manière complètement absurde que nous sommes dans une sorte de "roman". Je crois donc souvent qu'il va y avoir une "conclusion", une "morale" et que le sens va se révéler dans une sorte de scène finale de reconnaissance où les méchants seront soit punis soit réhabilités. C'est absolument débile mais je ne peux m'empêcher de colorer mes perceptions des événements avec ce genre de narrativité, de cadre moralisant infantile, et en cela, comme dirait Nietzsche, je reste un dévot superstitieux du XIXe siècle, qui croit encore même en un Progrès moral, voire un Règne des Fins.

    2 Je crois que Royal va être élue Présidente. Je n'ai pas beaucoup d'arguments rationnels si ce n'est une induction sur le fait que N.S. pourrait être associé au régime en place malgré tout son discours ambigu sur la "rupture". Je n'ai aucune croyance ferme sur les scénarii du second tour, même si je crois globalement au scénario plus attendu.

    3 Je crois que toute chose égale par ailleurs une victoire de Royal aura plus de conséquences positives. Il est assez possible qu'elle montre un manque de diplomatie inquiétant en politique étrangère et finalement une absence de réformes en dehors de quelques gadgets comme des comités citoyens. Il est possible aussi que la rupture de N.S. - si du moins elle avait lieu, voir croyance 4 - eût quelques effets positifs en mettant fin à cette amertume d'une partie de ce pays qui croient que cette rupture n'a que trop tardé. Il y a une partie de moi qui souhaite presque cette victoire de N.S. rien que pour pouvoir se débarasser de l'idée que ces "réformes" fussent si utiles qu'ils le croient.

    4 Je crois que N.S. serait en fait juste Chirac bis. Même s'il s'est positionné comme un homme idéologique depuis 2002, je ne crois pas à quelque cohérence que ce soit et donc je pense qu'une fois arrivé au pouvoir il abandonnerait toute proposition qui risquerait de l'écarter du pouvoir par la suite. Il y a bien un argument qui va contre cela, le fait qu'il ait dit que le gouvernement sera sans doute très impopulaire après une rupture des premiers mois. Cela laisse penser qu'il veut sincèrement appliquer cette "rupture" et qu'elle n'est donc pas seulement un argument de campagne. Il y a aussi un argument assez fort qu'il est en fait sincère dans son inféodation aux intérêts du Medef, mais je crois que sa réforme de l'impôt sur les successions donnera toutes les garanties pour la bourgeoisie qu'il est là pour défendre leurs intérêts.

    samedi 2 décembre 2006

    De la difficulté de commenter un écrivain farceur



    Les éditions de la Pléiade ont de multiples avantages, en particulier celui, sans égal dans un appartement parisien, de rassembler *beaucoup* d'heures de lecture dans un volume très réduit.

    Peut-être parce qu'elles rassemblent souvent des textes difficiles à trouver,  peut-être parce que les textes anciens et les textes lointains se sont multipliés, peut-être par hasard, les pages des Pléiades se sont couvertes (assez récemment me semble-t-il ?) de notes, qu'il faut aller chercher en fin de volume. Parfois, elles sont indispensables, parfois passionnantes, des fois on ferait mieux de les ignorer (mais c'est comme les sous-titres au cinéma : c'est difficile, l'appel de note nourrit la curiosité). Des fois, les notes soulignent cruellement la difficulté du commentaire moderne :

    Le Rivage des Syrtes, première phrase :

    "J'appartiens à l'une des plus vieilles familles d'Orsenna[1]."

    début de la note [1], p. 1365

    "Le nom d'Orsenna a été longuement analysé par Michel Murat dans le cadre de l'interprétation anagrammatique à laquelle il soumet l'ensemble du texte. On trouvera ces développements, qui ne sauraient être résumés ici, dans son article "Le système des noms propres dans Le Rivage des Syrtes" (Travaux de linguistique et de littérature, Strasbourg, 1979, t. XII, vol. 2, p. 159-202) ainsi que dans la première partie de sa thèse, Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq, t. I, Le Roman des noms propres (Corti, 1983). Dans une lettre à l'auteur (t. II, p. 260), Julien Gracq a rendu hommage à ce système interprétatif "tout à fait ingénieux et dense", en lui opposant toutefois, non sans malice, la simplicité de sa propre explication : "Orsenna vient du roi étrusque Porsenna , dont j'ai fait sauteur le P initial qui me déplaisait."

    (je grasse, j'hypertexte, et j'abuse jusqu'à corriger la typographie aux marges, car je suis effroyablement snob en matière de typographie)

    La route de l'érudition est droite, mais la pente du commentaire est forte... (ou vice-versa ; c'est une image). Pierre Jourde a écrit une fiction sur ce thème (hilarante et malheureusement passée à peu près inaperçue, je crois ; n'existe pas en Pléiade, je serai curieuse de lire les notes le jour où ça paraîtra).

    Memo to self : ne jamais parler aux auteurs, surtout ceux dont on aime le travail ; ne travailler que sur des auteurs morts depuis TRÈS longtemps. Oh, et ajouter à la liste de courses : Le Rivage des Syrtes, chez José Corti.
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