Le fameux rapport qu'on présente à tort comme torride "Contexte de la sexualité en France" de l'Inserm-Ined (qui a un but avant tout de prévention et participe à un programme sur la Chlamydia) se trouve résumé en 27 pages sur le site de INED (.pdf), avec notamment quelques considérations sur la méthode et la fiabilité qui répondent aux questions sceptiques qu'on peut lire dans toutes les dépêches. Il a déjà été beaucoup évoqué par la presse, par exemple dans Libération, Marianne. Comme les résultats avaient relativement peu changé chez les hommes, on a surtout insisté sur de légers changements chez les femmes, par exemple sur la précocité du premier rapport.
En un demi-siècle, l’âge médian des hommes au premier rapport sexuel s’est
abaissé d’un an et demi (de 18,8 ans pour les générations âgées aujourd’hui de 65 à 69 ans, à
17,2 ans pour les plus jeunes), alors que celui des femmes, initialement beaucoup plus élevé
(20,6 ans), a chuté de trois ans (17,6 ans pour les femmes âgées de 18 ou 19 ans).
Il y avait d'ailleurs déjà eu une étude dans Populations et sociétés (.pdf) pour comparer les données internationales. Ils distinguent trois modèles :
1) les sociétés où les hommes peuvent avoir quelques relations pré-maritales mais où la première relation pour les femmes est plus précoce, assez tôt dès la puberté et doit coïncider avec un mariage avec un homme plus âgé (modèle représenté ici par certains pays africains),
2) les sociétés où les hommes ont des relations pré-maritales précoces mais où la première relation pour les femmes doit coïncider avec le mariage, plus tard (sociétés méditerranéennes, catholiques latines et d'Amérique du sud) et
3) des sociétés plus "égalitaires" pour l'âge, soit pour retarder toute relation pré-maritale (certaines sociétés asiatiques et la Pologne) soit pour les tolérer mais avec égalité entre les sexes (sociétés d'Europe du nord - l'Islande est à une égalité parfaite à 16,6 ans et les femmes commenceraient même à y être plus précoces).
La lutte contre le mariage précoce est en train de modifier le premier type et parmi les pays du second type, la France est l'un de ceux qui passe plus clairement dans le troisième, les taux étant désormais assez proches de l'Europe du nord mais aussi des Etats-Unis.
La France, un pays latin
qui s’est rapproché de l'Europe du Nord
En France, les hommes et les femmes des générations
ayant autour de 50 ans en 2000 (nées entre 1944 et 1953)
ont eu leur premier rapport sexuel en moyenne à
17,9 ans et 18,9 ans respectivement. L’enquête la plus
récente dont on dispose, le Baromètre santé jeunes de
1998, montre que les âges à l’initiation sexuelle sont devenus
identiques, 17,4 ans pour les garçons et 17,6 ans
pour les filles, dans les générations nées vers 1980.
Dans celles qui ont commencé leur vie sexuelle vers
1950, les comportements en France étaient proches de
ceux des pays latins (grand écart entre les âges des
hommes et des femmes à l’initiation sexuelle) ; on peut
dire qu’ils se sont rapprochés aujourd’hui de ceux des
habitants de l’Europe du Nord.
Un autre rapprochement dans l'égalité serait la hausse (de déclarations) de rapports homosexuels féminins, passés en une douzaine d'années d'une moyenne de 2,6% des femmes à 4%. Le taux de rapports lesbiens est même supérieur au taux masculin dans la classe d'âge des 18-24 ans : 5,7% des femmes et 3,8% des hommes. [En passant, l'homosexualité exclusive a l'air très rare sans aucune expérience hétérosexuelle, 0,3%]. Il y a aussi de considérables variations sociales :
Les pourcentages enregistrés dans l’agglomération parisienne atteignent
leur maximum chez les femmes de 40-49 ans (8,1%) et chez les hommes de 35-39 ans (6,6%),
et plus encore chez les Franciliens de ces âges qui déclarent un niveau d’étude supérieur à Bac
+2 (11,4% et 14,6% respectivement), ce qui traduit en partie les parcours sociaux particuliers
que doivent emprunter les personnes homo-bisexuelles pour vivre dans des environnements
plus tolérants.
Add. : Ca n'a rien à voir mais il y a d'autres différenciations dont je ne sais si on pourrait les faire entrer dans les théories du type EQ-SQ : le phallocentrisme du regard masculin.