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lundi 19 mars 2007

Tourisme et Bildung

Je sais que c'est censé s'opposer chez l'homo viator, le tourisme étant à l'éducation ce qu'un blog est à un vrai travail ou à un livre, mais je ne peux m'empêcher de croire qu'en théorie ce genre d'Université Flottante (via amygdala) pourrait être fascinante. Ce serait la pointe extrême de l'idée d'insularité du campus - mais en inversant l'ascétisme monacal en pur "divertissement" embarqué. Ils ont une histoire déjà ancienne avec leur "Faculté des Sept Mers". La croisière/cursus actuelle (semestre de printemps) va du Brésil vers l'Inde, celle de juin-août va longer la côte ouest de l'Amérique latine (les tarifs d'inscription sont entre 15 000 et 25 000 dollars - à ce prix-là, on peut sans doute financer un semestre dans une bien meilleure université et une croisière normale, mais sans doute pas les deux en même temps). Oui, ils embauchent.

Mmh, je vois bien aussi une série télé dans un tel contexte de Campus itinérant, un mélange des Enfants du Capitaine Grant/Deux ans de vacances, de Love Boat et de Undeclared ou Felicity (avec peut-être même des côtés Lost tournant au Lord of the Flies/Battle Royale si vous voulez vraiment).

Il nous avait prévenus sur les "forces de l'esprit"

La Force Tranquille revient. Et il est pas content. Surtout contre Jospin, semble-t-il.

Booo. Who you gonna call?


Add. Oh, et tout le monde a vu au moins le QG uhémpiste (par exemple chez Krysztoff ou chez Rorschach (Hibou)) ?

Bayrycentre

  • Sur le blog Deux Profs de ZEP, un élève demande au prof d'éducation civique de définir ce qu'est le Centre :
    - Alors en gros le centre c’est ni la Gauche ni la Droite.

    - Euh…

    - Enfin c’est ce que dit François Bayrou.

    - Qui ça ?

    - François Bayrou, le monsieur du centre, de l’UDF.

    - Ludé quoi ?

    - L’UDF comme Union pour la Démocratie Française, le parti de Gilles de Robien notre ministre.

    - Comme Sarko ?

    - Euh… Oui mais non… parce que, enfin, c’est compliqué la politique…

    - Mais alors le centre c’est comme Sarkozy ?

    - Ben non, Sarkozy c’est l’UMP, la droite, alors que le centre, il gouverne avec la droite mais parfois il veut être de gauche. Et puis les élections c’est compliqué parce qu’on dit des choses et que parfois… euh

    - Vas-y, en fait vous savez pas !».

  • Dans la pséphologie américaine, on parle de l'effet Bradley (ou effet Wilder) pour désigner le fait qu'un candidat noir peut avoir un meilleur score dans les sondages qu'en réalité parce que de nombreux répondants n'osent pas avouer qu'ils n'ont pas envie de voter pour lui. De même en politique britannique, on a pu parler en 92 du Facteur du Tory Timide qui niait qu'il voterait conservateur alors qu'il se ravise dans l'isoloir.

    Il existe de même en France un problème de sous-évaluation du vote Le Pen. Un sondeur disait (sans doute en simplifiant) qu'en gros, on avait tendance à multiplier à présent par 1,7 les données brutes en faveur de Le Pen. Jean-François Kahn a prétendu qu'il pouvait très bien être au contraire surévalué dans les mesures actuelles mais si c'est le cas il serait pour la première fois en déclin aux présidentielles. Le Pen serait autour de 13-14% - via Sondages 2007, 14% selon l'Ifop et CSA, 13,5% selon LH2 (ah, ces décimales ridicules alors qu'ils empêchent de mettre les marges d'erreur comme dans les sondages américains), 13% selon Ipsos, 12% selon la Sofres. Le Pen a eu 14,38% aux élections présidentielles de 1988, 15% en 1995 et 16,86% au premier tour de 2002.

    Il y a eu à l'inverse un effet des Verts à une époque. Les électeurs indécis ou peu politisés annonçaient souvent le vote écologiste par défaut alors qu'ils n'avaient pas encore déterminé leur vote - de toute évidence, à en juger par les 0,5% de Voynet, cet effet, s'il a existé dans les années 90, s'est dissipé.

    Il est possible - même si ce n'est qu'une hypothèse sans aucune confirmation scientifique - qu'il y ait aussi un "effet Bayrou" du même type aujourd'hui. Notre τρίτος ἄνθρωπος a eu 6,84% des voix en 2002 et il semble que le vote démocrate-chrétien pro-européen soit souvent, même avant la désintégration de l'UDF post-giscardienne aux alentours de 8%. Si Bayrou est vraiment au score annoncé de 20% (voire 24% au plus haut), ce serait un triplement étonnant, passer d'environ 2 millions de Français à 6 millions. Il est vrai que le contexte particulier peut réhausser notre nouveau Démosthène entre une majorité anxiogène et une opposition qui n'entraîne pas d'enthousiasme. S'il y a bien un effet Bayrou purement statistique et non pas une vraie vague profonde pour la Troisième Force du Ni-Ni, c'est peut-être que ce vote serait une sorte d'inverse du vote Le Pen. Le Pen tente de rassurer et dit qu'il est centre-droit, alors qu'il est vraiment un vote radical à l'extrême. Bayrou prétend "révolutionner le système" (c'est-à-dire toute vie politique qui ne met pas M. Bayrou au centre de ce système) alors qu'il incarne un petit parti conforme aux principaux choix des deux partis principaux de gouvernement. Il est donc un vote qui n'inquiète personne, mais qui peut prendre une apparence de révolution ("contre le Système"). Ce mélange d'apparence de marginalité sans anxiété pourrait expliquer une survalorisation dans les sondages. Un indécis exprime ainsi son mécontentement contre les deux partis de gouvernement sans pouvoir être taxé de "vote protestataire" - à part chez quelques éditorialistes ridicules qui prétendent que le centrisme imaginaire est un "totalitarisme" qui va nier toute vie parlementaire.

  • Un des paradoxes bien connus sur les sondages est que les gens disent (d'après des sondages sur les sondages) que cela ne les influence pas eux mais qu'ils croient que cela a une énorme influence sur les autres. Ce doit être une sorte d'effet du type "Lac Wobegon".

    Je ne comprends pas ceux qui nient toute importance aux sondages en répétant toujours les mêmes arguments, qu'on peut fabriquer l'opinion, que c'est n'importe quoi, qu'une modification très légère des questions obtient des réponses totalement différentes, etc.

    Le fait qu'il y ait parfois des sondages idiots (ainsi ces confusions entre "popularité", "évaluation de l'éligibilité aux yeux des autres" et "éligibilité") ou des écarts larges entre les "mouvements" dans les divers instituts n'empêche pas qu'il y ait des fourchettes qu'on prend plus au sérieux qu'on ne le prétend. Certes, si vous êtes très militant, doctrinaire ou membre d'un parti très minoritaire, ces sondages n'ont aucune importance sur votre vote. Mais quel électeur qui préfère un choix entre les partis de gouvernement et qui est un peu stratégique pourrait prétendre que cela ne peut l'influencer et que cela n'agit que sur ceux qui seraient moins "éclairés" ?

    Imaginons par exemple que Bayrou soit à 30% dans les sondages et Royal à 15%, ceteris paribus. Qui pourrait prétendre que ces estimations n'auraient pas d'influences politiques réelles et que cela ne devrait pas en avoir ? Imaginons que Sarkozy écrase Royal dans les sondages de 2e tour avec un écart vraiment très large au-delà de toute marge d'erreur, disons à 60-40 - ce qui a peu de chances d'arriver - ne serait-il pas légitime pour le vote anti-Sarkozy de recalculer alors ses priorités de premier tour ? On en est très loin et je ne pense pas qu'une montée de Bayrou puisse encore justifier un vote purement stratégique pour le second tour, mais cela n'exclut pas la possibilité que ces sondages deviennent de vrais instruments.

    Le problème est alors le risque de "spirale spéculative" ou de bulle (qui peuvent d'ailleurs aussi être des spirales descendantes). Dans le cas de Bayrou, c'est en partie parce que les sondages ont pu le prendre au sérieux qu'ils sont devenus des prophéties s'auto-renforçant pendant un moment (d'où d'ailleurs l'importance de ces vaticinations, comme y insistait Jules le mois dernier). De même, Royal dispose d'un capital du vote anti-Sarkozy qu'elle a intérêt à ne pas perdre ou elle risquerait de dévisser d'autant plus vite. Il suffirait qu'elle ne soit plus une bonne candidate du second tour pour qu'elle s'effondre au premier.

    Il y a d'autres paradoxes avec ce vote centriste. D'après un sondage curieux, il y aurait une majorité absolue des sondés qui souhaiterait qu'il soit au second tour, mais il n'y a pas de majorité absolue qui souhaite d'emblée qu'il gagne. Il est pourtant aujourd'hui plutôt probable qu'il gagnerait dans les deux cas de figures (Bayrou-Royal ou Bayrou-Sarkozy) s'il passait au second tour. En fait certains non-bayrouistes doivent dire qu'ils "souhaiteraient" qu'il soit là seulement parce qu'ils ne souhaitent pas l'un(e) des autres candidats principaux, sans voir la conséquence de ce qu'ils disent désirer. A l'inverse, il y a aussi conformément au paradoxe d'Arrow relevé sur éconoclaste plus de chance que Sarkozy et Royal l'emportent en fait sur Bayrou même si Bayrou l'emportait sur chacun d'eux séparément.

  • Les objections sur son impossibilité future à gouverner ne sont pas de bons arguments et sonnent plus comme de l'intimidation. Tout le monde sait qu'il finirait par revenir à une alliance avec une partie de l'UMP et donc qu'il n'y aurait pas d'instabilité. C'est un peu comme Borloo qui prétend qu'il ne donnera pas son soutien à Sarkozy tant que celui-ci n'aura pas donné des garanties, mais qui avoue en même temps qu'il ne voterait pour personne d'autre. Mais on n'aurait pas une Troisième Force, seulement une révolution de palais - certes impressionnante et surprenante - à l'intérieur de la droite, les orléanistes (voir Rolin sur cette généalogie à temps long) et démocrates-chrétiens renversant la domination bonapartiste qui vaut depuis la période 1986-88 (sauf si on compte en partie Balladur ?). Ce changement de rapports de force à l'intérieur des droites ne suffirait à réfuter pour autant la (Pseudo)loi de Duverger (selon laquelle la majoritaire à deux tours va favoriser mécaniquement le Bipartisme), contrairement à tous les voeux de Marianne.

  • Je ne sais si le nouveau Démosthène écrit lui-même ses discours - le Canard enchaîné disait que ses multiples Nègres pour "son" Henri IV n'ont pas touché d'intérêts et qu'il en tira un investissement équestre - mais cet article qu'il signa en 2004 contre Maurice Druon est très bien.

    La défense de la laïcité devrait plus me plaire sur le fond mais j'ai du mal à croire sur parole celui qui voulut aggraver les dispositions de la loi Falloux il y a douze ans, contraignant le camp laïc qui demandait sa suppression depuis au moins 1960 (loi Debré) à venir au contraire à sa défense.

    Il y a ce lien curieux qui circule, le Programme de Bayrou. Je ne sais pas comment ils s'y sont pris...

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