Scott Horton avait montré comment l'administration Bush intimidait ses adversaires en les menaçant de révéler leur vie privée. Depuis quelque temps, la cible préférée de la blogosphère conservatrice (cela tourne à l'obsession) est l'avocat Glenn Greenwald. Son blog Unclaimed Territory est consacré essentiellement à dénoncer certaines actions illégales de l'Administration comme l'affaire Plame et les écoutes de citoyens sans mandat.
Je crois que l'obsession conservatrice ne vient pas seulement du fait que Greenwald soit devenu célèbre par son best-seller contre Bush, ou le fait qu'il ait même pu avoir des effets juridiques réels quand il rendit publique une contradiction dans la défense de l'Administration dans l'affaire des écoutes.
Non, ils ne harcèlent pas autant un Liberal comme Marshall par exemple. Il y a certes une haine énorme contre le succès de Markos Moulitsas et certains sont obsédés par un éditorialiste comme l'économiste Paul Krugman. Il est vrai que Greenwald écrit généralement bien mieux que la moyenne, et avec de longues diatribes enflammées et sans concession, qui laissent peut-être plus de traces que la plupart des autres litanies bushophobes.
Mais mon hypothèse est qu'ils lui en veulent particulièrement parce qu'il laissait entendre au début venir de rangs conservateurs, peut-être la frange la plus "constitutionnelle", quasi-libertaire, attachée à tous les drois civiques, à la fois au Premier amendement sur la liberté d'expression - il est connu pour avoir défendu les droits d'un néo-nazi - mais aussi au Second amendement (je ne crois pas être d'accord avec cette note d'ailleurs). Il exagérait peut-être un peu le scénario de l'ex-conservateur qui se rebelle - à la David Brock - et il est bien plus enclin qu'un "critique conservateur" comme Sullivan à faire cause commune avec les plus "Progressive" (Sullivan ne critique guère que la torture, les déficits et les lois sur le mariage).
Leur stratégie récente consistait à l'outer (cf. Tristram Shandy [en]). Greenwald a depuis répondu qu'il était déjà "hors du placard".
Mais le plus simple aurait été de rappeler à quel point l'outer était particulièrement hors de propos. On peut toujours débattre s'il y a des cas d'hypocrisie où cela deviendrait justifiable. En l'occurrence, Greenwald fait un Blog avant tout sur le droit à la vie privée. Il accuse surtout les Bushistes d'avoir dévoilé l'identité de Plame par esprit vindicatif. Croire discréditer ses préoccupations en révélant sa vie privée par pur ressentiment (même si en fait il n'y voit aucun inconvénient) est quand même le comble de l'idiotie. Le faire en l'accusant de McCarthyisme parce qu'il énumère les appels à la violence dans la blogosphère bushiste est une novlangue de bois digne de Minitrue.
A moins que les blogs pro-Bush ne veuillent créer un nouveau "grand récit imaginaire" où tous leurs adversaires sont soit des crypto-terroristes ennemis de la liberté soit un lobby de la Cabane de rondins (il est vrai que l'opposition partielle de Sullivan et le Chemin de Damas de Brock vont forger ce mythe.
Mais à présent, il ne leur reste plus comme accusation de substitution que de l'attaquer pour le péché mortel de "
Faux Nez" (ici, avoir prétendu être une autre personne pour faire un plaidoyer
pro domo).
Greenwald semble reconnaître que quelqu'un de proche de lui a en effet dû le défendre avec la même adresse IP. Mais encore une fois, tous leurs messages à ce sujet prouvent leur obsession à fouiller dans sa vie privée. John Lott était ridicule en écrivant des critiques favorables de ses livres sur Amazon, ce qui était trompeur et contraires aux règles du site (Lott dit désormais que c'était la faute de sa femme). Le cas d'un commentateur qui a changé deux fois de nom pour défendre quelqu'un dans de simples commentaires de Blog n'a pas le même degré de mensonge, mais rappelle encore une fois à quel point il n'y a plus de vie privée, encore moins pour ceux qui voudraient la préserver.