Thomas Piketty explique pourquoi le candidat UMP ne pourra absolument pas tenir sa promesse de baisser de 4 points de PIB les prélèvements alors qu'il les a en fait augmenté à nouveau d'1,5 points - en particulier par des taxes et cotisations - quand sa majorité était au pouvoir et qu'il passa par Bercy. Sa conclusion fait une nouvelle analogie avec Bush qui nous change un peu de l'Irak ou de la seule question diplomatique de l'alignement avec l'unilatéralisme américain :

En se lançant dans de telles promesses, sans même prendre la peine d'expliquer le début du commencement de la méthode envisagée (et pour cause), Nicolas Sarkozy révèle une fois encore sa vraie nature. Loin du parler vrai et de la transition douce du gaullisme vers le libéralisme social et moderne, le candidat UMP incarne une sorte de gaullo-bushisme autoritaire et populiste. Comme Bush, qui stigmatisait ceux qui osaient dénoncer les conséquences ultra-inégalitaires de ses baisses d'impôts («fuzzy Washington math»), il affiche son mépris pour les statistiques et les analyses qui le contredisent. Comme son modèle, sa foi messianique dans son intuition intime de ce que veut le «peuple» (en vérité quelques groupes de pression croisés ici et là) le rend capable de tous les excès.

Comme dit Versac, ce serait peut-être plutôt du chiraco-bushisme.

Cette lettre collective préfère comparer Sarkozy à Berlusconi et rappelle quelques annonces qui ont peut-être plus de chances d'être les vraies promesses du candidat de Neuilly :

ˇ bouclier fiscal à 50 %, vidant de toute substance l'impôt sur la fortune ;
ˇ abolition de l'impôt sur les successions ;
ˇ démantèlement du Code du travail, par l'institution d'un «contrat unique», inspiré de l'actuel CNE, et aboutissant à priver le salarié de toute sécurité effective pendant les premières années de son embauche ;
ˇ franchise uniforme sur les dépenses de santé, à la charge des assurés ;
ˇ limitation du droit de grève, par l'institution d'un référendum obligatoire au bout de huit jours de conflit ;
ˇ non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux, et notamment d'un enseignant sur deux, avec tous les effets qu'une telle mesure peut produire sur les services concernés.

Add. Certains des auteurs de la lettre ont participé à ce projet "alter" qui semble en gros proche d'Atac (même si certains appellent à la mobilisation dès le premier tour), l'Autre Campagne. C'est aussi un livre à la Découverte.
Il y a par exemple sur le site un court article orwellien de Bouveresse sur les effets délétères de la politique sur le langage. Par ailleurs, des extraits de son dernier livre sur la possibilité de ne pas être religieux, Peut-on ne pas croire ? sont repris dans le Monde diplomatique (mais je n'irais quand même pas jusqu'à acheter le mensuel du castrophile Ramonet pour cela).