Colbert est un signe de la fin du monde (en réponse au fameux premiers mots de Colbert pendant la remise des Emmys).
Si les Mockers & Scoffers du Daily Show répondaient, ce serait trop facile.
Qui voudrait faire de la publicité pour un cas anecdotique comme ce pasteur baptiste Fred W. Phelps ? Sa secte est minuscule et ses manifestations ne rassemblent qu'une poignée de fidèles dérangés (dont 80% sont de sa famille, il a 45 petits-enfants). Ce serait satisfaire un provocateur qui tient encore plus de Phineas Taylor Barnum que du Jesus Freak télévangéliste habituel. Il n'y a aucune chance que les Américains, dont l'optimisme exubérant vient tempérer le puritanisme apocalyptique, soient attirés par un modèle de persuasion qui affiche "Thank God for 9/11" et dépose des noms de site comme GodHatesAmerica.com ou AmericaIsDoomed.
Mais surtout Phelps joue un rôle plus dangereux même dans sa marginalité. Loin de discréditer les fondamentalistes radicaux par ses caricatures dénoncées même par l'extrême droite, il finit par les faire passer pour des modérés. Phelps est étrangement toujours membre du Parti démocrate du Kansas (bien qu'il ne semble pas avoir été un sudiste raciste habituel et aurait même été en faveur des droits civiques noirs) et il passe son temps à condamner à l'enfer la "modération" de Jerry Falwell (sans doute une différence entre un fondamentaliste flou, croyant encore à une rédemption par la prière, pour qui le 11/9 a été causé par les moeurs laxistes qui ont retiré la protection providentielle et un hyper-calviniste pour qui le 11/9 est une juste punition voulue directement par Dieu). La droite l'accuse d'être un agent provocateur qui chercherait à les discréditer. Ils devraient plutôt le remercier de rendre acceptable le mythe qu'ils sont le "centre" raisonnable.
Mais un trait de Phelps moins connu que son homophobie (et sa catholicophobie, assez courante chez les Calvinistes américains) est la violence insatiable de sa haine misogyne contre les "Jezabel" qu'il veut détruire.
En 1977, à l'époque où il est encore avocat au Kansas, il attaque une témoin qui lui avait déplu. Pendant un semaine, il va l'humilier à la barre en racontant les détails de sa vie sentimentale qu'il avait pu obtenir, bien qu'ils n'aient rien eu de pertinent avec le dossier. Il est interdit du barreau. Son cabinet existe toujours avec sa nombreuse progéniture : onze de ses enfants ont fait des études de droit, mais certains se sont rebellés contre leur père abusif (ils étaient battus avec un manche de pioche et une ceinture de cuir).
Ce portrait raconte comment le pasteur Phelps a détruit la carrière d'une conseillère municipale du Kansas qui l'avait critiqué :
He somehow obtained and disseminated Mechler's confidential blood bank records, revealing that she had hepatitis antibodies; he suggested that they were evidence of a sexually transmitted disease. She denied it, and tried to point out the numerous ways one can contract hepatitis. Still, Mechler lost her next re-election race. Embittered and dispirited, she then left politics for good.
Un révérend qui répand les tests sanguins d'une adversaire comme une Lettre Ecarlate sur un pilori est quelque chose qui ferait passer Karl Rove pour quelqu'un de charitable.