Phersu

Calendrier

« février 2007 »
lunmarmerjeuvensamdim
1234
567891011
12131415161718
19202122232425
262728

Syndication

vendredi 9 février 2007

Aptonyme

Oui, se moquer des noms propres est le plus bas genre de sarcasme, mais pourquoi les plaignants contre Charlie Hebdo ont-ils pris un avocat qui s'appelle Maître Bigot ?

Discours

Ce qui me fatigue un peu avec les propos sociaux ou des références socialistes d'Iznogoud n'est pas du tout qu'il les tienne - qui pourrait l'en empêcher ? Ce que je ne comprends pas bien est pourquoi certains médias font comme s'il y avait la moindre once de sérieux ou probabilité qu'il veuille tenir ce genre de promesse. Cela ne devrait susciter au mieux qu'un hôchement d'épaules agacé ou une perplexité incrédule : comment pourrait-il croire qu'on va y croire ?

Or, c'est la principale critique qu'on peut avoir contre Iznogoud : non pas une rigidité idéologique comme le prétendent certains qui voient en lui Thatcher mais plutôt cette capacité encore plus dangereuse à dire absolument n'importe quoi si cela peut fonctionner. Il serait donc naïf de reprocher à l'un de ses auteurs Henri Guaino de recycler les mêmes mensonges grossiers qu'en 1995. De toute évidence, nous ne sommes pas encore dans un Etat post-moderne trop cynique et incrédule. Selon une formule proche de celle que n'arrivait pas à retrouver Bush, on peut toujours tromper tout le temps la plupart des gens.

Selon le Canard enchaîné, Royal aurait fait venir l'étrusconyme Erik Orsenna, l'un des auteurs de discours de Mitterrand, pour remplacer sa secrétaire habituelle Sophie Bouchet-Pétersen. Selon cette autre version, Royal n'aurait pas un auteur unique et Orsenna ne jouerait qu'un rôle de conseiller. L'enjeu est le discours d'après-demain 11 février et Orsenna a dit être étonné de découvrir qu'il n'y avait encore rien de prêt sur lequel il pourrait travailler.

Même si Guaino, Orsenna et Quintilien se liguaient ensemble pour ce discours, on croit déjà deviner que la majorité des éditorialistes ont déjà préparé leur analyse par avance.

Comme le veut ce récit déjà attendu, ils diront (à part à Libé ou au Nouvel Obs) que c'est décevant, que cela manque de souffle, que c'est incohérent, que c'est un bric-à-brac, etc. Je crains qu'il ne faille pas accorder trop d'importance à ce discours. Le livre-programme de Chirac en 1995 avait été ridiculement vide - sans parler de la Lettre à tous les Français de Mitterrand en 1988. Les 101 propositions de 1981 furent l'un des derniers programmes à laisser des traces dans nos attentes (ah, la 90e proposition a lancé la "guerre scolaire de 84") mais il se peut que l'opinion n'y ait pas prêté autant d'attention qu'on le croit. Les journalistes répètent souvent qu'il y a plus à gauche de rejet du candidat UMP que d'adhésion positive pour la candidate socialiste. Mais les analystes disaient souvent la même chose en 1981 : il y avait plus de rejet de Giscard d'Estaing (ou de la crise) que d'espoir envers Mitterrand.

Ségolène Royal avait déjà quelques symétries et balancements un peu meilleurs dans son discours du 6 février (même si on peut douter que son "Paris est dans la place" fût bien inspiré, de même pour la référence à ce corrompu de Mirabeau ou à Frantz Fanon). Voir en revanche les hésitations entre plusieurs tons relevées aussi dans le compte-rendu de ce meeting par Frednetick.

Un autre conseil rhétorique serait de bien utiliser en faire-valoir Patrick Bloche, qui hâchait tant son texte le 6 qu'il faisait passer Royal pour Démosthène. En revanche, le choix de faire parler l'acteur Philippe Torreton était plus étrange puisque cela insistait sur le fait que la candidate a renoncé à tout un type de harangue classique - et on peut redouter que ce souci de ne pas déclamer sonne pour certains non comme de l'humilité mais comme une sorte de condescendance ou d'infantilisation.

Theme original par Stephane Sulikowski modifie par Shinoli