Le Canard - qui révèle aujourd'hui une nouvelle affaire des RG peut-être plus sérieuse que l'affaire Bruno Rebelle ou que la recherche d'un scooter - m'avait étonné la semaine dernière en mentionnant qu'Emmanuelle Mignon, du Conseil d'Etat, une des conseillères du candidat de Neuilly-sur-Seine, était pour la privatisation totale de l'éducation nationale. Elle s'en était expliquée selon Marianne :
Le 7 septembre 2004, elle déclare au Monde : « J'ai toujours été conservatrice, j'aime l'ordre. Je crois à l'initiative individuelle, à l'effort personnel et, en matière économique, à la main invisible du marché. Par exemple, je suis pour une privatisation totale de l'Education nationale. » Des propos extrêmes qu'elle récuse aujourd'hui, en partie : « Sur l'éducation nationale, j'ai bêtement provoqué le journaliste et ça m'est retombé en boomerang. Je voulais dire que j'étais pour la libéralisation de la carte scolaire », veut-elle convaincre.
Soit, c'était il y a une éternité, 3 ans, juste une provocation en "off", juste de l'humour, et chacun sait que toute personne conservatrice dit toujours cela en petit comité ("J'te privatiserai tous ces parasites, moi, et y s'mettraient à bosser"). En l'occurrence, dans quelle dystopie hayekienne - du moins dans le monde industrialisé - aurait-on une telle privatisation totale depuis au moins un siècle ? Doit on rappeler que les Etats américains et le gouvernement fédéral financent des universités publiques et des organismes de recherche qui ont créé (certes, avec l'armée) cet Internet ? Même les républicains américains les plus réactionnaires ne demandent que de faire payer les écoles privées par des "chèques éducation" des contribuables du district pour appauvrir encore plus l'école publique sous le prétexte d'une saine concurrence.
Mais cette major de l'ENA (promotion René Char, 1995) assure qu'elle va se privatiser elle-même après 2007 en pantouflant, et son candidat fait aussi semblant de mélanger avec des mots de gaullisme social de Henri Guaino pour continuer sa double personnalité. Un exemple récent en est les méandres et dents de scie sur le Contrat unique.