Phersu

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samedi 11 novembre 2006

L'autre Gates

Ah, vous avez compris, l'autre, celui qui ne vend pas des logiciels tout-pourris, celui qui aurait fait croire des tuyaux tout pourris. Rien à voir, donc. Mais Phersu est très fier de pouvoir l'interviewer en exclu mondiale et intergalactique.

Phersu (mâtin, quel blôoog) : "Alors, Robert, je peux vous appeler Robert ?
Robert Michael Gates : Oui.
Ph. : Bob ? Bobbie ?
Gates : OUI. Vous savez, si vous continuez, je révèle en tant qu'ancien chef de la CIA que vous êtes en fait Daniel Craig.
Ph. : Non, il me joue seulement au cinéma. Tsss... Vous avez le permis de tuer ? On dit que Bernadette Chirac connaît 128 façons de tuer à mains nues.
Gates : Vous savez, j'ai une guerre contre la TERREUR à mener et à repasser aux Démocrates, moi.
Ph : Ok, alors on va allez vite sur votre vie. Tiens, vous avez été en 66 dans la même université que Jon Stewart et vous avez fait votre Thèse en histoire soviétique comme Condi, ce qui vous donne cette expertise particulière sur le Moyen-Orient à tous les deux.
Gates : Hey, qui aurait pu le prévoir que l'autre scandale géologique avec les jockeys à chameau deviendrait important ?
Ph. : La CIA ? Contrairement à tous les Faucons-Poules Mouillées, vous avez fait votre service militaire pendant ces années de Vietnam et avez été recruté très tôt par la CIA. Vous remplacez Rummy, mon cher Monsieur Aspartame. Vous n'avez pas trop l'air d'aimer Rummy et Dick ou c'est juste un mème pour vous rendre sympatoche ?
Gates : Non.
Ph. : Ce sont des histoires d'inimités du temps de l'Administration Ford, c'est ça ? Vous les haïssiez de combien de manières différentes ? Oh, et quel groupe vous aimiez à l'époque ? C'est pour la musique du Flashback genre Cold Case, vous allez voir, vous allez avoir pleins de cheveux pour faire plus jeune dans la scène.
Gates : Bush père était directeur de la CIA très brièvement en 1976-1977, la dernière année de la Présidence Ford. Dick (né en 41) était Chef du personnel de la Maison blanche, le Leo McGarry en successeur de Donald (né en 32). Ce bâtard de Donald, sans vouloir insulter les enfants illégitimes, était Secrétaire à la Défense... A l'époque, j'étais un jeune fou de 43 ans au NSC. Et Rummy m'a emprunté mon stapler et ne me l'a jamais rendu, le SOB.
Ph. : Oui, il y a des choses qui ne se pardonnent pas. Vous ne m'avez pas répondu pour le groupe, on mettra Don't Fear The Reaper de Blue Oyster Cult en post-synchro. Ou alors du Abba ?
Gates : J'ai deux ans de moins que Dick mais je n'ai pas fait une carrière aussi météorique que Môssieur du Wyoming. Dick fut nommé Chef du personnel en 1974, il n'avait que 43 ans et Secrétaire à la Défense de Bush Père en 1989. Moi, j'ai été Directeur adjoint de la CIA sous Reagan (ce qui explique mes petits tracas avec l'affaire Iran-Contra où déjà notre politique était de soutenir les Mollahs iraniens pour affaiblir les Sandinistes).
Ph. Oui, mais à l'époque on ne savait pas encore que Daniel Ortega était un fanatique anti-avortement.
Gates : C'est vrai, il l'est ?
Ph. : Il faut lire le memo, c'est un aspect qui devrait réconcilier les Républicains et les macho-chavistes.
Gates : Bon, en tout cas à l'époque, ça a ralenti ma carrière, ce fric iranien pour certains des Contras, nos Contras, pas ceux du Commandant Zero, qu'on a tenté d'assassiner en 84. Je ne suis devenu Directeur de la CIA que sous Bush Père en 1991-1993.
Ph. : En 91-93 ? Wow, ça fait de vous le Chef des Services secrets à la fin de la Guerre froide.
Gates : OUI, c'est MOI !
Ph. : Les Services qui n'avaient pas prévu l'effondrement de l'Union soviétique ni la formation d'Al Qaeda.
Gates : Oui ! Et vous oubliez que ce n'est qu'après mon départ qu'on a trouvé la Taupe du KGB qui était active depuis des années. Je vais rendre crédibilité et compétence au Secrétariat à la Défense !
Ph : Ensuite, vous devenez Doyen de la George Bush School of Government.
Gates : Oui... et... ?
Ph. : Non, il n'y a même pas besoin d'ajouter de commentaires narquois. L'an dernier, Bush vous a proposé de devenir Czar de l'Intelligence. C'était à cause de la Thèse sur l'histoire russe ?
Gates : J'étais devenu Président d'Université, A & M, plus vieille université publique au Texas.
Ph. : D'où son acronyme qui agace les étudiants aujourd'hui, Collège Agricole et Mécanique. Vous avez alors refusé le poste de Tzar de tous les Services Secrets et c'est donc John "Death Squad" Negroponte qui a pris la place après son fiasco magistral en Irak.
Gates : Vous n'avez rien de positif à dire ?
Ph. : Mais au contraire. D'abord des témoins texans disent vous avoir entendu dire que Bush était le Pire Président. Ca prouve un bon sens rare chez un Républicain, même si on exagère en vous présentant tout le temps comme un modéré juste parce que vous n'êtes pas un Néo-Con et que vous êtes dans l'Iraq Study Group de Baker.
Gates : Rien d'autre ?
Ph. : Si, ma question la plus importante dans la Guerre contre la Terreur. Qu'allez-vous faire contre l'Ecran Bleu de la Mort , Monsieur Gates ?

La perpétuité réelle

Je ne comprends pas bien l'émoi sur la fameuse nouvelle vidéo sur Ségolène Royal (via Alain Lambert et Versac, voir aussi Libé, Le Monde). Au moins, elle est plus intéressante et récente que les propos de comptoir de Bourdieu sur le même DailyMotion il y a 7 ans.

La retranscription a certes des passages durs :

Moi j'ai fait une proposition - par ailleurs je ne vais pas encore la crier sur les toits parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes. Je pense qu'il faut un pacte, pendant la préparation du programme du PS, avec les organisations syndicales, pour que si on arrive aux responsabilités on soit immédiatement opérationnels.

"Je pense qu'un des nœuds de l'échec scolaire se joue au collège. C'est-à-dire que les enfants arrivent en 6e, 5e, et là s'ils décrochent, on sait déjà ceux qui n'iront pas jusqu'au baccalauréat ou ceux qui seront en situation de décrochage scolaire.

"Je pense qu'une des révolutions c'est de faire les 35 heures au collège. C'est à dire que les enseignants restent 35 heures au collège.

Et dans ce paquet global, il y a des cours, mais ils ne quittent pas le collège quand ils ont fini leurs cours, parce qu'on est dans un système où finalement les parents qui ont les moyens ou même ceux qui se saignent aux quatre veines, lorsque leurs enfants sont en difficulté, qu'est-ce qu'ils font? Ils donnent des cours de soutien scolaire individualisé. On est quand même dans un système absurde où aujourd'hui en France, on a maintenant des entreprises cotées en bourse, Acadomia etc., qui donnent droit à des déductions fiscales, et ceux qui donnent ces cours, ce sont les profs du secteur public!

Comment se fait il que des enseignants du secteur public aient le temps d'aller faire du soutien individualisé payant, et ils n'ont pas le temps de faire du soutien individualisé gratuit dans les établissements scolaires?

Il y aurait à la rigueur un problème sur la forme (les images volées et un ton donc particulièrement peu diplomate) ou la proximité du vote des militants le 16 novembre prochain (on présume que ce "Jules Ferry" soutient un des deux autres candidats, je m'attendais plutôt à un fabiusien mais une rumeur parle d'un strauss-kahnien, peut-être parce que DSK a des problèmes pour visionner les cassettes). Et Royal aurait certes le droit d'agiter des idées encore hypothétiques en petit comité pour les tester, comme elle semble le prétendre maintenant.

Mais cette idée des "35 heures réelles pour les enseignants" revient assez souvent pour qu'on puisse penser qu'elle y songe plus sérieusement que d'autres idées qu'elle avait proposées, comme la Légion étrangère pour mineurs délinquants (devenue ensuite camp plus proche d'un Peace Corps kennedyen).

D'abord sur le fond, elle s'était déjà exprimée sur le sujet assez souvent - j'en parlais déjà en février dernier, juste après l'époque où la vidéo a été tournée à Angers, ce qui doit bien montrer que tout le monde était déjà au courant. Les salles des profs et les réunions du SNES ne bruissent que de cela depuis un an (ok, on parle plus de la perte de "l'heure de première chaire", mais peu importe)...

Ségolène Royal ne peut pas perdre le vote enseignant puisqu'il y a déjà assez peu de chance qu'il représente son "coeur de cible" comme certains disent. Je ne sais s'il y a une part de vrai dans ce que prétend Alain Etchegoyen (personnage en qui je n'aurais pas une confiance excessive tant il doit vouloir se faire mousser), selon qui Royal, alors Ministre de l'enseignement scolaire du tyrannique Claude Allègre, voulait faire passer des inspections médicales à tous les enseignants pour repérer les pédophiles. On ignore par quel scientisme elle pouvait penser que l'inspection médicale pourrait repérer cela.

Montebourg, porte-parole de Royal et ennemi de "Flanby", vient de dire (dans un des pires exemples de damage control ou spin doctoring) que les propos de Royal envers les enseignants montraient qu'elle les respectait et ne cherchait pas à "les brosser dans le sens du poil" par "clientélisme".

Il n'y a donc pas à s'émouvoir ni qu'elle ait tenu ces propos ni qu'ils aient été ainsi transmis, puisqu'ils ne sont pas déformés et que le fameux "vaste complot" pourrait même paraître assez pathétique pour les deux autres candidats.

De toute façon, l'idée ne peut pas se faire et elle restera aussi théorique que le dividende universel de Mme Boutin (non que je veuille perfidement comparer les deux candidates potentielles qui ont nettement moins à voir que ne le prétendent quelques critiques de la gauche radicale). Il n'y aurait jamais assez de place dans les établissements et pas assez de chaises en salle des profs (sans parler d'ordinateurs tant qu'il n'y aura pas le WiFi dans tous les établissements). Les cours de soutien le soir, dans les salles, paraissent peut-être plus réalistes (je ne sais comment fonctionnerait la logistique de l'entretien) mais il faudrait encore que les élèves viennent à ces cours, ce qui alourdirait encore leur moyenne hebdomadaire.

Cela paraît un ballon d'essai assez confus et François Hollande l'a dit lui-même (via agoravox) :

Il y a des inégalités majeures" entre "ceux qui peuvent disposer d'un appui en dehors de l'école et ceux qui ne le peuvent pas. C'est pourquoi le PS, et c'est l'engagement que nous prendrons tous quel que soit le candidat désigné", veut "introduire un soutien scolaire gratuit, par forcément par les enseignants d'ailleurs". Il a cité la possibilité qu'il soit dispensé par "des étudiants, des personnels contractuels" et parlé d'"heures supplémentaires avec rémunérations spécifiques.

"Les enseignants effectuent souvent plus de 35 heures : entre le temps d’enseignement, de préparation des cours, de correction des copies, de rencontres avec les parents... Est-ce qu’il faudrait qu’ils soient au collège ? Aujourd’hui, il n’y a pas de possibilité pour les accueillir.

La seule chose dont on puisse s'étonner est que l'ancienne ministre ait été aussi mal conseillée sur ce sujet.

Surtout que si on voulait réaliser les 35 heures "réelles" en moyenne annuelle en tenant compte des vacances scolaires, j'imagine qu'il faudrait 50 heures de présence réelle hebdomadaire, ce qui commence à dépasser la limite européenne [je faisais de la provocation de bas étage, 39 suffiraient peut-être ?].
Versac propose plutôt des paiements en soutien scolaire encadré. Je continue à penser - comme le très justement haï Alllègre, je crois - , qu'on pourrait plutôt, dans l'intérêt des élèves plus jeunes, raccourcir les vacances d'été au lieu de parler sans cesse uniquement de la moyenne hebdomadaire.

Add. Je viens de recevoir cet email d'une liste de diffusion ségoléniste :

Désinformation et manipulation de dernière minute

Une vidéo circule. Coup bas de dernière minute, visiblement inspiré de la méthode largement employée en 2004 par Bush pour destabiliser Kerry. Le Web est une caisse de résonnance et celui qui lit le résumé du résumé du résumé n'ira peut être pas voir la réalité, ou la précision, ou le démenti....
Ce démenti, ces précisions d'abord les voici, par Ségolène elle-même vendredi au journal de France 3

Diable, DSK/Fabius en Karl Rove... Heu, d'accord, mais la différence entre une vidéo cachée authentique et le swiftboating de Kerry est que ce dernier était mensonger. A moins que Royal ne montre dans le démenti qu'elle était en train de répéter une pièce de théâtre ou bien qu'une imitatrice la remplaçait... La mauvaise foi après coup me semble plus dangereuse que le contenu original qu'elle nie de manière un peu confuse. Elle semble dire à la fois qu'elle a eu raison de lancer l'idée et qu'elle ne l'a jamais dit, puisque c'était avant l'achèvement du programme du PS.

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