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jeudi 12 octobre 2006

Son Nom Est Incolore

Ouais, un million d'euros quand même.

Nos fidèles lecteurs se souviendront que les Manchots ont déjà rencontré Mahomet et l'Ange de la mort plusieurs fois.

Ἀνάγκη

N. Sarkozy à Périgueux il y a quelques minutes (de mémoire) :

Mon but est de rendre possible ce qui est nécessaire.

Cela ne devrait pas être trop tuant.

Et c'était encore la moindre de ses tautologies (les autres sont plutôt du genre "je veux des juges qui jugent et non des amis des criminels") mais celle qui m'amuse le plus (il ne me faut pas beaucoup).

C'est nécessairement vrai dans un système aléthique standard comme S5 et même dans l'axiome de l'interprétation déontique plus faible D de Prior ("Carré P implique Diamant P"). Sarkozy doit avoir une interprétation non-standard des modalités (peut-être inspirée de l'étrange ontologie cartésienne où tout ce qui semble sempiternel surgit dans la contingence ?). Qui sait, quand il parle, il s'agit peut-être de diluer l'âpre Fatalité en simple possibilité ??

L'auteur du discours aime décidément bien Sophocle en mettant le vers 523 d'Antigone, "οὔτοι συνέχθειν, ἀλλὰ συμφιλεῖν ἔφυν", "je suis née pour partager l'amour et non la haine". Il a aussi ajouté plus tard "rendre possible ce qui est juste", ce qui est moins trivial que de rendre actuel ce qui doit nécessairement avoir lieu.

Mais si seulement il arrêtait de répéter tout le temps son cliché "voilà ma vérité" en leitmotiv. La différence entre sa prose et la rhétorique gaullienne se lit dès la première phrase de son ouvrage de plage Témoignage "D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu agir." C'est bien entendu une parodie narcissique de la phrase liminaire des Mémoires de guerre "Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France". Sarkozy est plus circonscrit et s'est toujours fait une certaine idée de lui-même.

Massacres de chiffres

  • Le Canard enchaîné se moque hier d'un sondage d'un des périodiques sarkozystes (pardon pour la lapalissade) qui accorderait 68% à Ségolène Royal dès le premier tour comme candidate du PS (23% à DSK et 9% à Fabius). La méthode n'est en effet pas rigoureuse (interroger les sympathisants alors que ce sont les militants encartés qui vont voter), mais même avec la marge d'erreur énorme de ce sondage (+/-13) la victoire de Royal dès le premier tour reste pour l'instant très probable. On ignore ce que sont vraiment ces nouveaux militants. Certains sont peut-être vraiment venus au moment où la vague ségoléniste commençait et on ignore combien sont venus au contraire pour faire barrage à cette candidature. Et même si elle n'atteint pas ce chiffre et même si Fabius se mettait soudain à soutenir DSK dans le Tout Sauf Ségolène, la réserve de voix ne semble pas encore suffisante. A moins que Royal ne s'écroule rapidement avant le 16 novembre, elle sera donc la candidate et il faut espérer qu'elle ne chutera pas ensuite entre novembre et les élections, sans quoi on aurait un scénario pitoyable comme le remplacement en catastrophe de Lipietz par Mamère en 2002 (Glavany, le plus guignol du PS, croit encore à un énième retour de Jospin en dernier recours en janvier prochain - pourquoi pas Jacques Delors pendant qu'on y est ?).

  • Les conservateurs vont encore une fois tenter de critiquer la nouvelle étude du Lancet (voir aussi l'entrée Wikipedia) qui donne une surmortalité de 655 000 Irakiens depuis 2003.

    Le mieux placé est bien sûr Bush :

    President Bush dismissed the figure yesterday as not credible.

    “The methodology is pretty well discredited,” he said.

    Irony still not dead. Heureusement qu'une figure aussi respectée et crédible vient donner des conseils de méthodologie à des épidémiologistes.

    [en passant, contrairement au français, "to discredit" n'est pas un verbe "anti-factif" en anglais.
    Il est donc plus comme "to disbelieve" que comme doit l'être "to refute".
    Bien que Bush ait un problème étrange avec la factivité des attitudes épistémiques, certains journaux ont pu titrer "Bush discredits the study" sans entériner la thèse alléguée.].

    Les réponses impromptues de Bush furent encore plus convaincantes :

    No, I don’t control it a credible report, neither does General Casey and neither do Iraqi officials. I do know that a lot of innocent people have died and it troubles me and grieves me. And I applaud the Iraqis for their courage in the face of violence. I am, you know, amazed that this is a society which so wants to be free that they’re willing to — you know, that there’s a level of violence that they tolerate.

    Les massacres quotidiens, ils l'acceptent plutôt bien et qui sommes-nous pour les juger s'ils en redemandent ?

    Est-il même encore utile de se demander s'il a cessé de boire ?

    Certains conservateurs et partisans de la guerre font remarquer que c'est en fait une fourchette assez large et que cela pourrait aussi être environ 400 000 (392 976) comme minimum. Mais en ce cas, il y a aussi la probabilité que ce chiffre de surmortalité monte à près d'un million (maximum indiqué : 942,636), avec toujours une plus forte probabilité autour de 600-700 000. Et de toute façon, on ne voit pas très bien la différence dans des chiffres aussi élevés (quinze fois supérieurs aux 45 000 tués officiellement de l'Iraqi Bodycount, mais le chiffre prend en compte l'ensemble de la surmortalité, y compris la dégradation sanitaire).

    Mais le chiffre le plus parlant est les 2600 morts violentes dans la Guerre civile le mois dernier. C'est un Onze septembre tous les mois.

    Add. : via Crooked Timber (l'équipe est souvent revenue sur les erreurs d'interprétation sur l'étude), cette réponse de l'informaticien Tim Lambert aux arguments contre ces statistiques.

    Billmon a des statistiques encore plus dures pour l'administration :

    • Saddam: 31,250 deaths a year
    • Cheney Administration: 87,500 deaths a year
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