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mercredi 19 juillet 2006

Le moment de créer un compte PayPal

Image par le Cardinal de Richelieu La brillante Petite Anglaise (cache Google), qui bloguait de manière complètement anonyme et sans jamais citer son employeur, vient d'être renvoyée (ou plus précisément "doocée") par son entreprise de comptabilité (Dixon Wilson, le nom est déjà cité dans la presse) parce que certains supérieurs se sentaient heurtés par l'ironie d'une de leurs salariées.

Maître Eolas explique bien (notamment en réponse à ce commentaire) qu'il faudrait d'abord démontrer qu'il y avait un réel préjudice pour le travail.

Des solidarités pétitionnaires ne serviraient à rien, en revanche, il faut rappeler qu'elle a un petit Logo PayPal sur son Blog ("les avocats coûtent des sous").
Vous n'êtes d'ailleurs pas obligés d'avoir un compte PayPal si vous voulez bien verser obole directement par Carte de crédit. Un moment comme un autre de montrer de la gratitude pour deux années de bons services et lui rappeler que faute de vivre de son clavier il ne faudrait pas que ce plaisir d'écriture lui nuise. Elle atteignait au moins 3000 hits par jour avant cette action, cela devrait aider.

Cf. aussi Poignée d'euros (qui lui avait décerné la prix du meilleur blog d'expatriée et de meilleur blog personnel), le Télégramme quotidien, les Temps (de Londres), le Gardien (+ remarques de jurisprudence), L'Indépendant.

Phénicie, Aussi

  • J'ai l'impression qu'on mentionne moins les événements de Gaza que ceux au Liban. Peut-être que les responsabilités à Gaza avec l'autorité palestinienne sont trop ambiguës des deux côtés alors que la situation est comparativement plus claire au Liban parce que la résolution 1559 de l'ONU (qui prévoyait le désarmement du Hezbollah) n'a jamais pu être appliquée par le gouvernement libanais. Ou peut-être est-ce ainsi une façon pour les deux camps de se concentrer sur des rapports entre Etats souverains (Israël, Liban mais aussi Syrie) et non avec la position de l'Autorité palestinienne et du Hamas qui ne voulait pas reconnaître même implicitement l'existence de son adversaire.

  • La démographie est le destin refoulé de la politique au Liban. Il n'y a plus de recensement officiel depuis 70 ans pour éviter de montrer l'évolution du pays. Le pays a été séparé de la Syrie par les Français en partie en raison des Chrétiens (il y a aussi des justifications historiques), mais les Musulmans y sont devenus majoritaires au XXe siècle. Le pays aurait seulement 3,5 millions d'habitants (la diaspora libanaise à l'étranger est bien plus vaste), et peut-être 400 000 réfugiés palestiniens (soit plus de 10% de la population) mais aussi une large minorité d'immigrants syriens (peut-être 500 000 à un million). La grande inconnue est le nombre de Chiites. Ils seraient peut-être majoritaires, en tout cas la plus grande minorité.

    Dans le système de répartition des sièges au Parlement (qui est devenu légèrement plus représentatif depuis les accords de Taëf), les Musulmans ont 64 sièges sur 128 (les 64 autres sont répartis entre députés des diverses églises chrétiennes avec 34 pour les Maronites) : 27 pour les Sunnites, 27 pour les Chiites, 8 pour les Druzes, 2 pour les Alaouites. Les Chiites seraient donc 50% de la population mais n'auraient que 21% des sièges (plus le poste de Président du Parlement, depuis 1992 le pro-Syrien Nabih Berri).

    J'ai du mal à compter parmi ces 27 lesquels sont revenus au Hezbollah. Les élections de juin 2005 ont donné 23 sièges du Liban-Sud au Hezbollah et ses alliés chiites, mais au total, le bloc pro-Syrien monte à 35 sièges sur 128. Le Hezbollah proprement dit aurait 14 sièges sur 27 (et non 23 sur 27). Dans le gouvernement du Premier ministre Fouad Siniora (Sunnite), la répartition des portefeuilles a donné au Hezbollah les Affaires étrangères (!), l'Energie et le Travail.

  • Beaucoup d'encre sur la notion de proportionnalité de la disproportion. Tout le monde est d'accord - même des Etats arabes certes sunnites - pour reconnaître que la responsabilité première est l'agression par le Hezbollah (même s'ils vont commencer à jouer l'équivalence face à leurs opinions publiques), et de nombreux pays - même les USA - reconnaissent qu'il y a réaction "disproportion" (mais pas "disproportion disproportionnée", si j'ai bien compris).

    Je ne connais rien au droit, mais la notion de proportionnalité qui est tant évoquée commence à créer un autre débat sur le Vague de la notion. Elle ferait référence à des principes de la Guerre Juste et plus précisément, d'après le Council of Foreign Relations, d'après cette page à des documents internationaux comme l'article 49 des articles sur la responsabilité des Etats. Il y avait déjà eu un débat semblable sur l'Opération "Justice rendue" en 1993 puis Raisins de la Colère en 1996 (de même sur la légalité de l'action préventive de 1980 contre la centrale Osirak).

    Même Beyrouth Est (quartier surtout chrétien) a été bombardé, ce qui n'avait pas été autant le cas en 1982.

    J'ai du mal à trouver un avis stratégique décisif sur la question. Pierre Atlas dit que la disproportion est un choix délibéré nécessaire contre la milice chiite. Ze'ev Shiv dit que c'est une erreur stratégique massive pour l'armée qui risque de la contraindre à un engagement terrestre puisque la supériorité aérienne ne peut pas suffire à une victoire - on a peut-être un cas de Supériorité stratégique de la retenue.

  • Je ne suis pas toujours sûr de voir la continuité des opinions de Fred Kaplan mais en gros il a l'air de vouloir rester descriptif tout en donnant des arguments pour que le conflit dure le moins longtemps. Il dit le 18 que la guerre pourrait durer mais qu'Israël n'a pas intérêt à envahir alors qu'elle pourrait encore avoir un avantage diplomatique et que le Hezbollah est très isolé. Le lendemain, il dit que le temps joue en la faveur du Hezbollah et qu'Israël commet l'erreur de croire que l'action va l'aider lors des négociations après le cessez-le-feu. Puis, il dit que seul un plan USA-ONU pourrait arrêter le conflit avant qu'il n'aille plus loin.

  • Blogorrhée explique pourquoi Israël y aurait gagné à traîner le Hezbollah devant le TPI au lieu de courir le risque de transgresser le jus in bello dans les bombardements.

  • On dit souvent qu'une des raisons du Hezbollah pour la prise d'otages et les tirs actuels est d'obtenir une libération de prisonniers plus large que le dernier échange de 2004. Ainsi, un correspondant libanais du Guardian disait que c'était une "cause célèbre" comme on dit en anglais, et l'envoyé spécial de L'Humanité écrit : "Trois Libanais sont toujours détenus dans les geôles israéliennes dont l’un depuis plus de vingt ans."

    Dans un souci d'exhaustivité, le correspondant pourrait rappeler pourquoi.

    Samir Kuntar (on retranscrit parfois Al-Kuntar, Qantar, Kantar) est en effet en prison depuis 26 ans (son site de soutien fait étrangement l'économie des raisons pour lesquelles il est détenu).

    Le 22 avril 1979, Samir Kuntar (alors âgé de 17 ans), traversa la frontière du Liban avec trois complices, tua un policier israélien et prit deux otages dans une maison à Nahariya, près de la frontière. Kuntar semble certes être citoyen libanais mais son geste fut guidé par le Front de Libération de la Palestine d'Abou Abbas (qui est depuis mort en Irak en 2004). Kuntar n'était évidemment pas membre du Hezbollah puisque le parti chiite ne fut créé que dans les années 80 et qu'il n'est d'ailleurs même pas chiite mais druze.

    Il faut rappeler que c'était trois ans avant l'invasion israélienne du Liban et qu'il voulait protester contre les accords de Camp David entre Israel et l'Egypte.

    Ensuite, il assassina de sang froid un civil israélien (Danny Haran, 28 ans) et sa fille (Einat, 4 ans, tuée à coups de crosse - sa soeur de 2 ans mourut quand sa mère tenta de la sauver, cf. son témoignage).

    Kuntar fut arrêté et condamné en 1979 à la prison à perpétuité (Israël a aboli en 1954 la peine de mort pour les crimes de droit commun, le seul condamné à mort de toute son histoire fut Adolf Eichmann en 1962 pour participation au génocide juif en Europe). Lors du dernier échange où Israel renvoya 435 prisonniers de guerre, la nature de son crime fit qu'il fut le seul à ne pas être pris en compte.

    Bien entendu (mais ça va mieux en le disant), rappeler cela n'implique pas que l'échange ne puisse être utile ou nécessaire, mais simplement que M. Kuntar peut être 26 ans dans les "geoles" comme dit le correspondant sans être Nelson Mandela (contrairement à ce que dit ce texte ridicule de son frère). Le choix de l'ellipse peut se justifier mais il trahit parfois une sorte de dissonnance cognitive : ne mentionnons pas les causes afin de pouvoir les nier. Quels que soient les crimes de guerre, on n'obtient jamais de paix sans des amnisties, mais il n'y a pas d'équivalence "naturelle" entre les prises d'otage actuelle de soldats et ce prisonnier libanais arrêté et jugé sur le sol israélien.

    Les Libanais réclament aussi la libération de Yéhia Skaff et Nassim Nisr.

    Skaff est considéré comme disparu depuis 78 et non prisonnier, on ne sait pas ce qui serait arrivé au corps. Le cas de Nisr est le plus intéressant parce qu'il avait acquis la nationalité israélienne mais est le seul des trois Libanais à avoir eu des contacts avec le Hezbollah. RFI en parle :

    Toutefois, Israël ne reconnaît pas la présence dans ses prisons de Skaff, membre d’un commando du Fatah de Yasser Arafat qui avait attaqué un bus en Israël, en 1978.

    Quant à Nassim Nisr, il refuse d’en parler avec le Hezbollah parce qu’il est détenteur de la nationalité israélienne. En réalité, Nisr est originaire du même village que Nasrallah au Liban-Sud. De mère juive, il avait été envoyé pour infiltrer la société israélienne avant d’être démasquer et arrêté.

    Les 3 prisonniers semblent donc être des prétextes symboliques plus qu'autre chose pour le Hezbollah. Les vraies raisons sont plutôt de montrer qu'ils peuvent continuer à attaquer le nord pendant longtemps et peut-être se renforcer au Liban.

  • Psittacisme

    Au moins, il n'y a pas encore pénurie de synonymes (via) :

    Prof Kotlikoff said that, by some measures, the US is already bankrupt.

    "To paraphrase the Oxford English Dictionary, is the United States at the end of its resources, exhausted, stripped bare, destitute, bereft, wanting in property, or wrecked in consequence of failure to pay its creditors," he asked.

    (...)

    "Does the United States fit this bill? No one knows for sure, but there are strong reasons to believe the United States may be going broke."

    "It's not pinin', it's passed on! This parrot is no more! It has ceased to be! It's expired and gone to meet its maker! This is a late parrot. It's a stiff. Bereft of life, it rests in peace, if you hadn't nailed it to the perch it would be pushing up the daisies! It's rung down the curtain and joined the choir invisible! This is an ex-parrot!"

    (EDIT : Au fait, je ne sais plus si je l'ai déjà mis dans l'ancien blog, mais il faut voir l'éloge funèbre - YouTube ne semble pas marcher - de Graham Chapman.)

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